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Dernière mise-à-jour : 22 août 2017.

Condensé des recherches de l’historien latiniste Francis Gumerlock sur le positionnement futuriste ou prétériste (partiel- et non hyper-) de différents personnages de l’histoire de l’Église.

Voyez aussi sur Le Monarchomaque :

Il n’existait, de surcroît, aucun consensus chez les Pères de l’Église quant au millénarisme :

Périclès

Je tiens à remettre quelques pendules à l’heure quant aux racines réelles de la civilisation occidentale. Je ne souscris pas de l’école de pensée voulant que la Grèce antique, esclavagiste, païenne & pédéraste, soit la matrice principale de l’Occident. On crois naïvement que les Grecs de l’époque classique ont inventés la raison, la philosophie et la démocratie. Les ingrédients-clés de la construction de la civilisation occidentale sont plutôt, selon mon bagage d’historien :

  1. La transition d’une cosmologie immanente à une cosmologie transcendante ;
  2. L’encellulement médiéval (et la Révolution agricole qu’il a engendré) ;
  3. L’éthique protestante du travail ;
  4. Le contractualisme calvinien.

1. La transition d’une cosmologie immanente à une cosmologie transcendante

Cette transition s’opère officiellement avec la conversion de l’Europe au christianisme après l’an 300, mais déploie ses effets seulement au Moyen Âge catholique, qui est cependant resté semi-immanent. À propos de cette transition, l’historien Jérôme Baschet a écrit :

Le christianisme amplifie la possibilité d’une objectivation du réel et d’une connaissance rationnelle de celui-ci. À terme, la dynamique de la transcendance produit une rupture entre l’être et le devoir-être, qui rend capable de s’opposer au monde, pour l’affronter et le transformer. […] La double mise à distance de la nature et de la surnature, aussi bien de l’homme que de la surnature, est généralement tenue pour l’une des conditions de l’essor occidental, sous les espèces de la connaissance rationnelle du monde et de son appropriation à des fins de transformation. Une telle attitude est certes étrangères aux sociétés polythéistes ou animistes qui, si elles se livrent pratiquement à une transformation de la nature, voir une amélioration des techniques de maîtrise de celle-ci, s’abstiennent généralement de les penser comme telles. […] La perception d’une nature en voie de désacralisation et mise par Dieu à la disposition de l’homme peut favoriser la recherche d’une amélioration des capacités productives et prédisposer à un rapport à la nature revendiquant sa maîtrise et sa transformation.

Source : Jérôme Baschet, La civilisation féodale − De l’an mil à la colonisation de l’Amérique, 3e édition, Paris, Flammarion, 2006, p. 767 et 785-786 sur 865.

Mais il faut tempérer ces propos en disant que le christianisme reconnaît que Dieu est à la fois transcendant et immanent, comme le souligne ce vidéo :

« La transcendance de Dieu sur le monde est son contrôle et son autorité ; son immanence dans le monde est sa présence alliancielle. » (John Frame, Systematic Theology, p. 701.)

2. L’encellulement médiéval

Ce phénomène communautaire à échelle continentale marque le Moyen Âge central (vers 900-1200). Il déclenche la  Révolution agricole, la réapparition des villes prospères, l’invention de l’université, puis la mise en place de l’économie de marché. L’encellulement est un concept historiographique formulé par Robert Fossier dans l’ouvrage Enfance de l’Europe (PUF, 1982). Résumé-synthèse via l’excellent magazine L’Histoire :

Comment expliquer l’essor démographique et économique qui, de 950 à 1200, transforme les structures de l’Europe ? Et comment rendre compte de sa logique spatiale ? Le vieux centre carolingien, situé entre Loire et Rhin, ne connaît l’expansion agricole que bien après les périphéries méditerranéennes. Pourtant, dès la seconde moitié du XIIe siècle, il est en tête du dynamisme européen, caractérisé par la crue des hommes et la conquête des sols. Pour rendre compte de ce paradoxe, Fossier a synthétisé un impressionnant matériau : l’ensemble de l’historiographie médiévale produite entre les années 1950 et 1970. […]

« [L]’encellulement ». L’historien forge ce néologisme en généralisant l’incastellamento étudié par Pierre Toubert dans les campagnes du Latium : il ne s’agit pas seulement du regroupement des hommes et de la recomposition des propriétés foncières autour des châteaux, mais de l’encadrement des populations par la seigneurie dans le cadre paroissial […]. De là, la naissance du village, que Fossier, s’appuyant sur l’archéologie médiévale, décrit comme le résultat d’une révolution : « durant plus d’un demi-siècle, de 990 à 1060, il s’agit d’une révolution sociale. J’emploie ce mot à dessein. »

Complément sur l’encellulement rural en Europe de l’Ouest : An Mil – Naissance et grandeur du village médiéval [Hérodote.net].

3. L’éthique protestante du travail

Elle légitimise, systématise, et généralise l’économie de marché rationalisée et prévoyante apparue au Moyen Âge en Occident. Voyez mon exposé ici : La pensée économique et sociale de Jean Calvin.

4. Le contractualisme calvinien

Dérivé de la théologie biblique de l’Alliance, le contractualisme a connu une préfiguration imparfaite dans les serments féodaux. Le contractualisme calvinien fut appliqué à presque toutes les sphères de l’existence humaine et a profondément façonné nos institutions et nos systèmes de pensée. Son influence perdure aujourd’hui, quoique de façon déformée. J’ai déjà présenté les répercussions de ce contractualisme sur la théologie du mariage et la théorie du contrat social. Pour un exposé plus exhaustif et magistral de cette réalité historique, consultez ce résumé de l’œuvre d’un professeur de droit à l’Université Harvard, Harold Berman : Droit et Révolution − L’impact des Réformes protestantes sur la tradition juridique occidentale [Jus Politicum].

Clip promotionnel de la communauté afrikaner Orania qui fait fleurir un pan de désert en Afrique du Sud :

L’éducation calviniste des jeunes à Orania :

Documentaire de 51 minutes en français : sur RuTube.

Bande-annonce du documentaire Orania de Tobias Lindner :

Quelques photos glanées sur leur album :

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Documentaire produit par l’organisme Family Watch International.

L’organisme Morality in Media a pour sa part compilé la recherche scientifique sur les effets néfastes de la pornographie : Porn Harms Research.

Pour du matériel en français sur cette pandémie, il y a cette émission et le site web StopPorn.fr.

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Extrait de l’ouvrage Theses Sabbaticæ de Thomas Shepard, 1649, p. 25

La théologie radicale des deux royaumes (Radical Two Kingdoms = R2K), telle que popularisée par les théologiens presbytériens Meredith Kline, Michael Horton, David VanDrunen, Darryl Hart, Scott Clark et Matthew Tuininga dans la seconde moitié du XXe siècle et en ce début de XXIe siècle, insiste énormément sur la notion de droit naturel (d’où son autre abréviation → Natural Law Two Kingdoms = NL2K). Pour ces intellectuels, le droit biblique serait applicable par l’Église mais pas par l’État. Inversement, seul le droit naturel – différent et séparé du droit biblique – serait applicable par l’État.

Cette position est strictement hétérodoxe. Le tableau ci-après démontre que les théologiens et jurisconsultes éminents de la Réformation du XVIe siècle n’adhéraient pas au concept de loi naturelle telle qu’aujourd’hui promue par la mouvance R2K/NL2K (ni même à une forme embryonnaire de R2K/NL2K). La synthèse de l’évidence historique conduit à ces deux observations :

  1. La majorité des dirigeants de la Réformation soutenait que la loi naturelle et la loi biblique sont distinctes, mais que ces deux lois sont identiques dans leurs principes généraux et qu’il s’agit – en substance – du même droit. Aux érudits du tableau ci-dessous, il faut ajouter ces autres penseurs : {1} Niels Hemmingsen (1513-1600), le réformateur luthérien du Danemark ; {2} Girolamo Zanchi (1516-1590), réformateur italien (cf. De religione Christiana fides, § 13:8, p. 261-263 ; On the Law in General, p. 24-25) {3} François du Jon (1545-1602), un huguenot professeur de théologie aux Universités de Heidelberg au Bas-Palatinat et de Leyde aux Pays-Bas (cf. Franciscus Junius, The Mosaic Polity, p. 60-64) ; {4} Thomas Shepard (1605-1649), un cofondateur congrégationaliste de l’Université Harvard au Massachusetts ; {5} Francis Roberts (1609-1675), un pasteur presbytérien anglais qui fonda la Bibliothèque de Birmingham (Midlands de l’Ouest) et fut aumônier du Vice-Roi d’Irlande ; {6} Hermann Witsius (1636-1708), le recteur réformé de l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas (cf. Joe Boot, The Mission of God, p. 57) ; {7} Jean Barbeyrac (1674-1744), le recteur réformé de l’Académie de Lausanne en Suisse romande, enseignant au Collège français de Berlin au Brandebourg et professeur à l’Université de Groningue aux Pays-Bas.
  2. La minorité des dirigeants de la Réformation soutenait que la loi naturelle et la loi biblique sont distinctes, mais que la Chute rend la loi naturelle insuffisante pour réguler les collectivités humaines et que c’est pour cela que l’Éternel a révélé à l’humanité un dispositif législatif complet & suffisant dans la Bible.

Aucune de ces deux approches ne corrobore la théorie de la loi naturelle non-biblique telle qu’exaltée par ses théoriciens Meredith Kline, Michael Horton, David VanDrunen, Darryl Hart, Scott Clark et Matthew Tuininga, pour lesquels la loi naturelle n’est qu’un prétexte servant à contourner l’autorité de la loi biblique révélée.

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Aux nombreuses références du tableau ci-dessus, nous pouvons ajouter l’article Law, Liberalism, and Luther : Beyond the Myths de Korey Maas paru dans le journal académique Public Discourse du Witherspoon Institute le 21 février 2018 soulignant que le réformateur allemand Martin Luther arguait que « Moïse s’accorde étroitement avec la nature » et que « les lois naturelles ne furent jamais aussi bien écrites et ordonnées que par Moïse » (ce qui fait de Luther un tenant de la 1ère approche présentée précédemment).

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L’Église médiévale a introduit le principe du respect des non-combattants lors des conflits armés et instaura une dynamique de paix sociale qui évita à l’Occident de sombrer dans le chaos et qui anticipait la primauté du droit. La « Paix de Dieu » fut reprise par les souverains capétiens et devint la « Paix du Roi ».

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Lisez aussi sur Le Monarchomaque :

Le rejet de la superstition idolâtrique que constitue l’adoration des icônes lors des grands débats théologiques de l’époque carolingienne témoigne d’une certaine volonté biblique dans l’Église d’Occident de résister aux dérives païennes menaçant le temple vivant de Jésus-Christ.

Consultez aussi sur Le Monarchomaque :

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Le rejet des superstitions idolâtriques – telles que l’adoration des icônes, le culte des saints & des reliques, ainsi que le célibat obligatoire du clergé – lors des deux iconoclasmes byzantins survenus au Haut Moyen Âge témoigne de la volonté d’une partie de l’Église grecque d’Orient de résister aux dérives païennes menaçant le monothéisme chrétien :

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D’ailleurs, les iconoclastes byzantins étaient fidèles à l’héritage théologique et juridique de la civilisation romano-chrétienne, comme en atteste l’article I:VIII:I du Code Justinien :

« Les empereurs Théodose et Valentinien à Eudoxe, préfet du prétoire. | Comme il appartient à nous de veiller à tous égards à la défense de la religion, nous commandons spécialement qu’il ne soit permis à personne de peindre ou de graver l’image du Sauveur Jésus-Christ sur la terre, ou sur de la pierre, ou du marbre posé à terre ; qu’il soit effacé si on l’y trouve, et que celui qui aura tenté de faire quelque chose de contraire à la présente loi soit puni sévèrement. | Fait le 12 des calendes de juin, sous le consulat d’Hiérius et d’Ardaburius [en l’an de grâce] 427. »

Source : P.-A. Tissot, Les douze livres du Code de l’empereur Justinien, Behmer Éditeur, Metz (Moselle), 1807, p. 114 sur 535.

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« Dans l’empire assiégé, soumis à la plus intense offensive de l’islam, on se demande avec inquiétude comment trouver, dans une société condamnée à un état de mobilisation perpétuelle, des signes de ralliement bien visibles pour un peuple baptisé. […] Les empereurs qui résistent le plus efficacement à la pression munulmane affirment au contraire que les images sont la cause du courroux de Dieu contre son peuple – comme dans l’Ancien Testament – et recommandent de n’admettre que des symboles aussi incontestés que la croix. »

Source : Jérôme Baschet, La civilisation féodale : De l’an mil à la colonisation de l’Amérique, 3e éd., Éditions Flammarion, Paris, 2006, p. 692 sur 865.

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Bien entendu, le protestantisme ne prône pas une interdiction totale des images religieuses – elles sont légitimes à des fins mémorielles et pédagogiques – mais nous comprenons que cette prohibition complète était justifiable dans le contexte particulier de Byzance aux VIII-IXèmes siècles où le polythéisme s’était déguisé en culte des saints et où des millions d’âmes mal affermies se laissaient entraîner dans toutes sortes de viles superstitions impliquant les icônes.

Mis-à-jour le 9 novembre 2019.

Cette étude présente puis analyse les sources primaires païennes et juives des deux premiers siècles qui attestent l’existence historique de Jésus-Christ. Les auteurs antiques qui les rédigèrent étaient hostiles à Jésus, mais ils ne mirent aucunement en doute sa réalité historique. Les objections sceptiques quant à la valeur de ces sources existent. Les plus sérieuses sont ici abordées et systématiquement réfutées.

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Voyez aussi sur le blogue Foi et Érudition :