Vers 1817, un mouvement dont le but était d’étendre le système d’écoles financées par les contribuables aux écoles primaires est apparut à Boston. Pour déterminer si un tel réseau se justifiait, le Comité scolaire de Boston commanda une enquête…
L’enquête eut lieu en novembre 1817. Elle révéla que Boston, alors peuplée d’environ 40 000 habitants, avait 8 écoles publiques [qui n’accueillaient que les enfants sachant déjà lire, leur fréquentation était libre, en partie payante et était en partie contrôlée par les parents], y compris l’École latine, une école « africaine » pour les enfants des Afro-Américains et une école dans l’Hospice pour les enfants des pauvres. L’effectif total de ces 8 écoles publiques était de 2365 élèves. Il s’agissait là d’approximativement 33 pour cent de la population d’âge scolaire. L’enquête révéla également que 154 écoles privées pour garçons et filles avec un effectif total de 3 757 étaient réparties à travers toute la ville. Il existait également 8 écoles gratuites de charité avec un effectif de 365 élèves. Tout compris, plus de 4 000 étudiants âgés de 4 à 14 ans fréquentaient des écoles privées d’un type quelconque au prix total de près de 50 000 $ payés par les parents. L’enquête signalait que seuls 283 enfants âgés de 7 ans et plus ne fréquentaient aucune école. Ainsi, un pourcentage étonnant des enfants de la ville fréquentait bien l’école et les quatre pour cent qui n’en fréquentaient pas pouvaient aller aux écoles de charité si leurs parents le voulaient.
Source : Samuel BLUMENFELD, Is Public Education Necessary?, Boise (Idaho), The Paradigm Company, 1985, page 43 sur 285.
Le surintendant de la police bostonnaise, Charles Bulfinch, déclara en conclusion de ce rapport que l’imposition d’un système d’écoles primaires publiques complet était inutile. En effet, non seulement 96% des enfants fréquentaient déjà une école à l’époque, mais, au besoin, il vaudrait mieux aider financièrement les parents des 4% restants, la plupart pauvres, à fréquenter une école de leur choix grâce à des bourses plutôt que de mettre en place un nouveau système d’écoles publiques financé par les contribuables, système dispendieux qui dédoublerait le réseau des écoles déjà en place. Bulfinch expliquait que « la plupart des parents qui envoient leurs enfants à l’école privée payante ne considèrent pas cette dépense comme une charge : ils payent volontiers les frais, mus par l’amour de leur progéniture et par un sens du devoir. Ceci en fait de meilleurs parents. Ils sont, en effet, plus enclins à se préoccuper des affaires liées à l’éducation quand ils doivent verser une petite contribution que lorsque cette dépense est complètement prise en charge par le trésor public. » Bulfinch laissait en outre entendre que l’utilisation d’argent public pour usurper une compétence relevant manifestement du domaine privé ne pouvait mener qu’à la dégénérescence morale. La solidarité familiale serait affaiblie par l’action d’un gouvernement qui prendrait en charge ce qui revenait de droit aux familles. Il ne faut pas oublier – devait-il ajouter – que la charge d’éducateur revient aux parents et que ceux-ci ne délèguent au maître d’école qu’une partie du rôle de parent et des droits afférents.
Malgré ce rapport analytique de Bulfinch, la ville de Boston, principalement à l’instigation des unitariens (hérétiques anti-trinitaires niant la divinité du Christ), se décida à étendre le réseau des écoles publiques subventionnées par les contribuables pour y inclure désormais des écoles élémentaires. L’instauration du premier système d’école publique aux États-Unis, celui de Boston, n’a donc pas été justifié par un hypothétique échec des nombreuses écoles qui couvraient le territoire bostonnais, ni dans une imaginaire défaillance du libre marché. Il s’agit plutôt du résultat de l’action des unitariens qui cherchaient à utiliser l’éducation publique pour accroître leur influence politique et pour renforcer la puissance de l’État qu’ils espéraient maîtriser. Ces unitariens considéraient que l’éducation publique était une prise idéale dont il fallait à tout prix se rendre maître.
Mais c’est seulement trois décennies plus tard, lorsque l’afflux d’immigrants irlandais apporta quelques centaines de jeunes insuffisament encadrés, que les unitariens de Boston eurent un prétexte assez « convaincant » pour imposer l’école gouvernementale à leurs concitoyens. Malgré cette immigration pauvre, la quasi-totalité des jeunes bostonnais était quand même scolarisée…
In 1848, the city marshall of Boston was ordered to find out how many truants and vagrants there were in Boston. He found 1066 children between the ages of 6 and 16 who were either vagrant or truant. Considering the fact that in 1849 the total enrollment in Boston’s public schools was 20 589, the truants amounted to about 5%. In other words, without compulsory attendance laws, 95% of the city’s children were attending school. Nevertheless, both the politicians and educators were determined to force that 5% into the schools. […] In 1852, the Massachusetts legislature passed the first statewide compulsory school attendance law in the U.S. […] The rest is history. State after state passed a compulsory school attendance law in the belief that the Prussian-Massachusetts model was the way to go.
Source : Are Compulsory School Attendance Laws Necessary? [Future for Freedom Foundation]
Dans ce processus totalitaire, les unitariens s’emparèrent de l’Université Harvard et instrumentalisèrent l’institution pour faire accepter l’idée de l’école publique au milieu académique…
The public school system was fastened upon us by a band of fanatics who were primarily concerned with imposing their elitist power on a public that had already achieved almost universal literacy by patronizing the private academies of the time.
Almost from the beginning America had some tax-supported public schools. The Boston Calvinists believed in an arrangement that would give indigent students a chance at making their public Boston Latin School, which offered the classical training necessary to entering Harvard. But private academies were the general rule in most of the states in the early nineteenth-century years.
Literacy levels were higher then than they are now. The general system was peculiarly American. In Pennsylvania, for example, the law provided for tuition grants to help poor children enter the private academies. But most people paid for their own education. […] Harvard University became the forcing house of the new anti-original-sin doctrine when it was taken over by the Unitarians in 1805. The Unitarians were not averse to using the State to combat Calvinist influence.
Source : A Reviewers Notebook : Is Public Education Necessary? [The Freeman]
On peut ajouter que les partisans de l’école gouvernementale, qui dépassèrent éventuellement le cercle des unitariens, militèrent pour cette ingérence étatique afin de satisfaire leur propre intérêt financier :
It is important to note that our system of compulsory state-controlled education was not brought about by any spontaneous popular demand, for education was already virtually universal in America before it became compulsory. And most people did not relish the idea of paying taxes to support schools that were not really necessary. But the politicians and professional educators wanted government financed education because running successful private schools was not easy.
The supplier of educational services to the government, the teachers and administrators, had produced their own organized platforms by the late 1840’s ; it was they indeed who were the leading instigators of the ‘free’ [state-run] school campaign. Whilst conventional history portrays them as distinguished champions in the cause of children’s welfare and benevolent participants in a political struggle, it is suggested here that the facts are equally consistent with the hypothesis of self-interest behavior as described above.
Source : Is Public Education Necessary? [New American]
John Taylor Gatto, professeur de l’année de l’État de New York en 1991, ajoute dans son livre Dumbing us Down :
Notre système d’éducation obligatoire, invention de l’État de Massachusetts, date des années 1850. Il fut combattu – parfois les armes à la main – par près de 80 % de la population du Massachusetts, le dernier réduit de Barnstable au Cap Cod ne rendit ses enfants que dans les années 1880 quand la milice occupa la région et les enfants furent conduits sous garde armée à l’école.
Considérons maintenant ce fait curieux : le bureau du Sénateur Ted Kennedy a récemment [dans les années 1980] publié un communiqué indiquant que le taux d’alphabétisme au Massachusetts avant l’imposition de l’éducation obligatoire était proche de 98% et que, par la suite, ce chiffre n’a jamais excédé 91%, niveau où il se stagne en 1990.
Source : Dumbing Us Down — The Hidden Curriculum of Compulsory Schooling, Gabriola Island (Colombie-Britannique), New Society Publishers, 2005, page 22 sur 128.
Gatto souligne également l’existence aux États-Unis de l’époque révolutionnaire d’un lectorat important avide de lire en l’absence de toute scolarisation publique obligatoire :
Le livre de Thomas Paine Le Sens commun (1776) se vendit à 600 000 exemplaires sur une population [totale des Treize colonies] de 3 000 000 dont 20% étaient des esclaves et 50% des serviteurs sous contrat. Les colons américains étaient-ils des génies ? Non, la vérité est qu’apprendre à lire, écrire et compter peut se faire en aussi peu qu’une centaine d’heures pour autant que l’élève soit enthousiaste et avide d’apprendre.
Source : Dumbing Us Down, page 12.
Ces chiffres sont corroborés par plusieurs témoignages cités dans Public Schools : Public Menace de Joe Turtel :
En 1765, John Adams écrivait qu’« un Américain de naissance, plus particulièrement en Nouvelle-Angleterre, qui ne sait ni lire ni écrire est un phénomène aussi rare qu’une comète. » Jacob Duché, aumônier du Congrès en 1772, disait de ses compatriotes : « Presque tous savent lire. » Daniel Webster confirma que l’instruction en famille avait eu comme résultat l’alphabétisation quasi complète de la population quand il déclara « un adolescent de quinze ans, quel que soit son sexe, qui ne sait ni lire ni écrire, est très difficile à trouver. » Au début des années 1800, l’entrepreneur et économiste français Pierre Samuel du Pont de Nemours […] vint en Amérique et se pencha sur l’éducation ici. Il découvrit que la plupart des jeunes Américains savaient lire, écrire et compter et que les Américains de tout âge pouvaient lire la Bible et le faisaient. Il évaluait que moins de 4 Américains sur 1000 ne savaient pas écrire de manière claire et lisible.
Source : Public Schools : Public Menace — How Public Schools Lie to Parents and Betray our Children, Staten Island (New York), Liberty Books, 2005, 387 pages.
Huguenot parisien, Nemours fut l’un des rédacteurs du Traité de Versailles de 1783. Il fut élu député aux États généraux de 1789, servit comme Président de l’Assemblée nationale constituante en 1790, puis siéga comme membre du Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire de 1795 à 1797. Il se réfugia à Rhode Island avec sa famille en 1800, et douz ans plus tard, il rédigeau un livret intitulé L’Éducation nationale aux États-Unis d’Amérique cité plus haut. En voici d’autres extraits :
The United States are mote advanced in their educational facilities than most countries.
[…]
They have a large number of primary schools ; and as their paternal affection protects children from working in the fields, it is possible to send them to the schoolmasters — a condition which does not prevail in Europe.
[…]
England, Holland, and the Protestant Cantons of Switzerland more nearly approach the standard of the United States, because in those countries the Bible is read ; it is considered a duty to read it to children ; and in that form of religion the sermons and liturgy in the language of the people tend to increase and formulate ideas of responsibility. Controversy, also, has developed argumentation and has thus given room for the exercise of logic.
[…]
In America, a great number of people read the Bible, and all the people read a newspaper. The fathers read aloud to their children, while breakfast is being prepared — a task which occupies the mothers for three quarters of an hour every morning. And as the newspapers of the United States are filled with all sorts of narratives […] they disseminate an enormous amount of information.
Source : Are Compulsory School Attendance Laws Necessary? [Future for Freedom Foundation]
Bref, dans les jeunes jours de la république américaine, le puritanisme communautaire assurait un taux d’alphabétisme plus élevé qu’aujourd’hui. Malgré cela, les unitariens ont instaurés — contre la volonté du peuple — un régime d’éducation étatique au Massachusetts afin de combattre l’orthodoxie chrétienne. Ensuite les autres États Américains ont copiés le Massachussetts, puis le Canada a copié les États-Unis. Voilà la glorieuse histoire de l’éducation publique en Amérique septentrionale. Qu’en est-il de la France ? Aujourd’hui, les partisans de l’école étatique prétendent que l’école gouvernementale fut créée par les progressistes de la IIIe République car les jeunes feu fortunés n’avaient pas accès à l’éducation.
En vérité, l’instruction gouvernementale fut imposée aux familles par les jacobins de la IIIe République dans l’abjectif de déchristianiser la population :
L’école « laïque, gratuite et obligatoire » constitue un mythe fondateur de la IIIe République. Cependant ni le principe de la gratuité de l’enseignement ni celui de son obligation ne datent de cette époque : les petites écoles de l’Ancien Régime n’étaient pas payantes, les milliers de Frères des écoles chrétiennes donnaient un enseignement gratuit depuis 1681, pour instruire gratuitement les enfants du peuple ; et Louis XIV avait édicté l’obligation scolaire jusqu’à quatorze ans, en 1698.
En 1880 à la chambre des députés, Paul Bert, personnalité marquante du parti républicain, reconnaissait que 85% des enfants étaient scolarisés dans le primaire mais « mal scolarisés » car ils l’étaient par l’Église. L’important dans les lois Ferry, c’est la laïcité [ou l’athéisme]. En 1998, Jean-Michel Gaillard fit remarquer lors d’un colloque organisé à la Sorbonne, que « la laïcité, loin d’être idéologiquement neutre, était un combat mené par les instituteurs contre la monarchie et le cléricalisme ». En décrétant la laïcité, Ferry veut en réalité que les enfants soient coupés des milliers de religieuses et de religieux qui se consacrent à l’enseignement primaire.
Source : Jean SÉVILLIA, Historiquement correct — Pour en finir avec le passé unique, Paris, Perrin, 2003, page 284 sur 455.
Même Jules Ferry avouait qu’il n’y a pas de neutralité politique dans l’enseignement étatique. S’adressant au duc de Broglie, il concéda avec condescendance que : « Nous avons promis la neutralité religieuse, nous n’avons pas promis la neutralité philosophique, non plus que la neutralité politique. »
Source : L’Ancien Régime vu par les manuels d’histoire de la IIIe République [Canal Académie]
À propos de la prétendue « gratuité » de l’école laïque républicaine, il faut ajouter ceci :
En réalité la mise en place de la gratuité fut tout sauf un acte gratuit. Autorisée par une augmentation massive des impôts, elle eut surtout pour but d’assécher financièrement les écoles catholiques en dissuadant les parents d’y inscrire leurs enfants.
Là où les congrégations offraient gratuitement un enseignement aux pauvres et compensaient ce don gracieux par un surcoût d’inscription acquitté par les familles riches, la gratuité officielle de l’enseignement aboutit paradoxalement à charger davantage les familles pauvres et modestes en les contraignant à payer par l’impôt une prestation dont elles bénéficiaient auparavant gratuitement et qui leur était offerte gracieusement par les membres des congrégations. Mgr Freppel fut le premier à dénoncer, dans ses célèbres discours à la Chambre des députés, le mensonge politique et institutionnel que constituait la prétendue gratuité de l’enseignement.
Source : Les instituteurs avant Jules Ferry [SOS Éducation]
Le mensonge d’État au service de l’antichristianisme. Dans ces circonstances, nous pouvons nous questionner sur la légitimité de l’école publique.
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