Consultez aussi sur Le Monarchomaque :
- Théonomie appliquée : le droit moral du Code Théodosien et sa postérité
- Théonomie appliquée : les canons du Concile in Trullo sous Justinien II
Le rejet des superstitions idolâtriques (telles que l’adoration des icônes, le culte des saints et le célibat du clergé) lors des iconoclasmes byzantins témoigne de la volonté de l’Église biblique d’Orient de résister aux dérives païennes menaçant le temple vivant de Jésus-Christ au Haut Moyen Âge.
D’ailleurs les iconoclastes byzantins étaient parfaitement fidèles à l’héritage juridique & spirituel de leur civilisation, comme en témoigne l’article I:VIII:I du Code Justinien :
« Les empereurs Théodose et Valentinien à Eudoxe, préfet du prétoire. | Comme il appartient à nous de veiller à tous égards à la défense de la religion, nous commandons spécialement qu’il ne soit permis à personne de peindre ou de graver l’image du Sauveur Jésus-Christ sur la terre, ou sur de la pierre, ou du marbre posé à terre ; qu’il soit effacé si on l’y trouve, et que celui qui aura tenté de faire quelque chose de contraire à la présente loi soit puni sévèrement. | Fait le 12 des calendes de juin, sous le consulat d’Hiérius et d’Ardaburius [en l’an de grâce] 427. »
Traduit dans P.-A. Tissot, Les douze livres du Code de l’empereur Justinien, Metz, Behmer, 1807, p. 114 sur 535.
« Dans l’empire assiégé, soumis à la plus intense offensive de l’islam, on se demande avec inquiétude comment trouver, dans une société condamnée à un état de mobilisation perpétuelle, des signes de ralliement bien visibles pour un peuple baptisé. […] Les empereurs qui résistent le plus efficacement à la pression munulmane affirment au contraire que les images sont la cause du courroux de Dieu contre son peuple — comme dans l’Ancien Testament — et recommandent de n’admettre que des symboles aussi incontestés que la croix. »
Jérôme Baschet, La civilisation féodale : De l’an mil à la colonisation de l’Amérique, 3e éd., Paris, Flammarion, 2006, p. 692 sur 865.
Bien entendu, le protestantisme ne prône pas une interdiction totale des images — elles sont légitimes à des fins pédagogiques — mais nous comprenons que cette interdiction complète se justifiait dans le contexte particulier de Byzance où le paganisme s’était déguisé en culte des saints et où les âmes non-affermies pouvaient facilement se méprendre sur la nature des images.
« L’échange de lettres entre Abgar et Jésus et l’évangélisation d’Édesse par Addaï constituent le noyau de ce récit apocryphe. Mais sur celui-ci se greffent d’autres éléments, comme la relation de la première invention de la croix par Protonice, la femme de l’empereur Claude (§ 16-30), qui pastiche et anticipe celle de sainte Hélène, ou encore celle du portrait de Jésus que l’envoyé d’Abgar a eu le loisir de peindre au cours de sa mission, pendant que Jésus rédigeait sa réponse au roi (ce thème subira diverses variations ; il servira de fondement et de justification à l’iconographie du Christ et jouera un grand rôle dans les querelles iconoclastes). »
Source : Persée
Selon l’historien byzantiniste Michel Kaplan, l’initiateur du premier iconoclasme, l’Empereur Léon III l’Isaurien (r. 717-741) combattit aussi le culte des reliques (donc indirectement le culte des saints) ; puis l’initiateur du second iconoclasme, l’Empereur Léon V l’Arménien (r. 813-820), essaya d’instaurer une voie médiane entre l’iconoclasme mur-à-mur et l’iconodoulie idolâtre en autorisant les icônes comme outils pédagogiques & mémoriels (plutôt que cultuels & mystiques) en 814, mais il se buta à l’intransigeance doctrinaire du parti iconodoule :
Dans ces deux cas, la politique mise de l’avant par ces empereurs iconoclastes – vrais lieutenants de Dieu – est conforme à l’actuelle position protestante.