Feeds:
Articles
Commentaires

Archive for the ‘Prétérisme orthodoxe’ Category

Dernière mise-à-jour : 5 septembre 2020.

↓ Ce document est téléchargeable et imprimable. ↓

Compléments :

Read Full Post »

Dernière mise-à-jour : 22 août 2017.

Condensé des recherches de l’historien latiniste Francis Gumerlock sur le positionnement futuriste ou prétériste (partiel- et non hyper-) de différents personnages de l’histoire de l’Église.

Voyez aussi sur Le Monarchomaque :

Il n’existait, de surcroît, aucun consensus chez les Pères de l’Église quant au millénarisme : Les Pères de l’Église et l’eschatologie [Le Bon Combat]

Read Full Post »

Via Philochristos (reproduit avec permission).

legionari-romani

Le premier élément à prendre en considération lorsqu’on s’intéresse à la « fin des temps », est justement… le temps. Les Saintes Écritures donnent en effet des repères très précis concernant les bornes temporelles. Dans le monde évangélique, certains n’ont aucune difficulté à lire la Bible de manière très littérale, considérant même que le monde a été créé en 6 jours de 24 heures, il y a environ 6000 ans. Pourtant, dès qu’il s’agit des prophéties sur la « fin du temps », cette notion de temps devient [soudainement et curieusement] beaucoup plus souple.

Un évènement imminent

Tout au long de son ministère, Jésus ne cesse d’annoncer que le règne de Dieu (souvent traduit par « royaume » dans nos Bibles) est proche :

« Il disait: Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle. » Marc 1:15

De plus, Jésus fixe lui-même des bornes chronologiques assez précises. Après avoir parlé des évènements de la fin des temps, il déclare :

« De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, à la porte. Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n’arrive. » Matthieu 24:33-34

Une génération dans la Bible représente une durée de 40 ans. Jésus s’exprimant dans les années 30, toutes les prophéties concernant la fin des temps ont donc du se réaliser avant les années 70.

Certains veulent donner à « cette génération » un sens plus large. Cependant, un autre verset exclut formellement cette interprétation et montre que le retour du Fils de l’homme dont parle Jésus concerne bien les personnes de son époque :

« Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Je vous le dis en vérité, vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël que le Fils de l’homme sera venu. » Matthieu 10:23

Pour ce verset, il n’y a guère de doute possible. Jésus s’adresse bien à ses douze disciples (1) qu’il envoie en mission en leur promettant que le « Fils de l’homme » sera revenu avant qu’ils n’aient eu le temps de faire le tour des villes d’Israël. il y’a donc trois possibilités :

a) Les disciples ont fini de faire le tour des villes d’Israël depuis plus de 1900 ans, le Fils de l’homme n’est pas revenu, les théologiens futuristes ont raison et Jésus s’est trompé.

b) Pierre, Jean et les autres sont toujours en train de faire le tour des villes d’Israël.

c) Le Fils de l’homme est bien revenu avant que les disciples n’aient eu le temps temps de faire le tour des villes d’Israël, les théologiens futuristes sont dans l’erreur et Jésus avait raison.

La fin est proche

En plus des déclarations de Jésus, l’affirmation de la proximité de la fin des temps est constamment répétée par les apôtres et les auteurs du Nouveau Testament.

Paul :

« Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. » Philippiens 4:5

Jacques :

« Vous aussi, soyez patients, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche. » Jacques 5:8

Pierre :

« La fin de toutes choses est proche. Soyez donc sages et sobres, pour vaquer à la prière. » 1 Pierre 4:7

L’auteur de l’Épître aux Hébreux :

« Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par un Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les éons. » Hébreux 1:1-2

 Quant à Jean, il parle même de la dernière heure :

« Petits enfants, c’est la dernière heure, et comme vous avez appris qu’un antichrist vient, il y a maintenant plusieurs antichrists : par là nous connaissons que c’est la dernière heure. » 1 Jean 2:18

 Or on aura beau dire ce qu’on veut, mais un évènement qui s’accomplirait 2000 ans après (ou plus) n’est pas proche.

Les temps de Dieu et le langage humain

Le verset habituel pour répondre à cette remarque est 2 Pierre 3:8 (citant les Psaumes) :

« Mais il est une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c’est que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. »

Avec un tel raisonnement, nous ne serions donc que « deux jours après », ce qui est encore proche. Oui, mais c’est oublier que, lorsque Dieu se révèle, il s’adapte à son interlocuteur et utilise un langage humain.

Par ailleurs, une autre remarque de l’apôtre Paul permet d’appuyer cette idée.

Le mariage et la fin des temps

Dans sa Première Épître aux Corinthiens, au chapitre 7, Paul conseille plusieurs fois de ne pas se marier :

 « Pour ce qui concerne les choses dont vous m’avez écrit, je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de femme […]. À ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu’il leur est bon de rester comme moi [= célibataire]. »

Pourquoi de tels conseils ? Paul considère-t-il que le mariage est mauvais ? Non mais lui-même nous en donne l’explication :

 « Voici donc ce que j’estime bon, à cause des temps difficiles qui s’approchent: il est bon à un homme d’être ainsi. Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à rompre ce lien; n’es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas une femme.  Si tu t’es marié, tu n’as point péché; et si la vierge s’est mariée, elle n’a point péché; mais ces personnes auront des tribulations dans la chair, et je voudrais vous les épargner. Voici ce que je dis, frères, c’est que le temps est court; que désormais ceux qui ont des femmes soient comme n’en ayant pas,  ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, ceux qui achètent comme ne possédant pas,  et ceux qui usent du monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde passe. »

Paul justifie ses conseils par l’approche de la fin des temps (« le temps est court »). Si réellement cette « fin des temps » se référait à la « fin du monde », comme on le pense couramment, pourquoi alors l’apôtre conseillerait-il à des gens qui vivaient il y a 2000 ans de ne pas se marier ? Cela n’a aucun sens. Pour que le conseil de l’apôtre Paul soit pertinent, il faut que l’évènement auquel il pense s’accomplisse effectivement durant la génération à laquelle il s’adresse.

[1 Corinthiens 7 peut seulement être une dérogation particulière à une règle générale : Dieu a conçu l’homme et la femme pour qu’ils se marient. Paul réfère sans doute à l’Année des Quatre empereurs (de juin 68 à décembre 69) qui vit l’Empire romain se scinder en quatre et être secoué par une Guerre civile. Ces troubles ont vraisemblablement engendrés des difficultés économiques et des instabilités dans l’approvisionnement en denrées alimentaires, et qu’il valait donc mieux attendre un peu pour se marier et fonder une famille.]

Conclusion

Tous ces passages, montrent sans aucun doute que la « fin des temps » était considérée comme imminente par les auteurs du Nouveau Testament. Il y a donc maintenant deux possibilités :

a) Soit la « fin des temps » correspond à la fin du monde, comme beaucoup de nos contemporains le pensent, et dans ce cas là les auteurs du Nouveau Testament se sont trompés.

b) Soit la « fin des temps » ne correspond pas à la fin du monde, et cette fin des temps s’est bien accomplie comme ils l’avaient prédite.

C’est cette deuxième hypothèse que je développerai dans les prochains  articles, en montrant que la fin des temps correspond en réalité à la fin de l’Ancienne Alliance.

Note

(1) Voici le passage complet qui montre sans ambiguïté que Jésus s’adresse bien à ses douze disciples et non à une génération future ou à n’importe quel missionnaire :

« Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze apôtres. Le premier, Simon appelé Pierre, et André, son frère; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère; Philippe, et Barthélemy; Thomas, et Matthieu, le publicain; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée; Simon le Cananite, et Judas l’Iscariot, celui qui livra Jésus. Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir donné les instructions suivantes: N’allez pas vers les païens, et n’entrez pas dans les villes des Samaritains; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël.  Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux est proche  Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie, dans vos ceintures;  ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton; car l’ouvrier mérite sa nourriture. Dans quelque ville ou village que vous entriez, informez-vous s’il s’y trouve quelque homme digne de vous recevoir; et demeurez chez lui jusqu’à ce que vous partiez. En entrant dans la maison, saluez-la; et, si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne à vous. Lorsqu’on ne vous recevra pas et qu’on n’écoutera pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds.  Je vous le dis en vérité: au jour du jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins rigoureusement que cette ville-là.Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. Mettez-vous en garde contre les hommes; car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous battront de verges dans leurs synagogues; vous serez menés, à cause de moi, devant des gouverneurs et devant des rois, pour servir de témoignage à eux et aux païens. Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même; car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous.  Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir. Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.  Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Je vous le dis en vérité, vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël que le Fils de l’homme sera venu. » Matthieu 10:1-23

Read Full Post »

Les quatre royaumes hellénistiques issus des Guerres des diadoques, vers 275 av. J.-C.

La reconquête de la Terre sainte contre les Grecs Séleucides de Syrie par les Maccabées puis les Asmonéens, de 175 à 76 av. J.-C.

Je reproduis intégralement (et avec permission de l’auteur) deux articles parus sur le blogue Philochristos portant sur l’accomplissement historique des prophéties du Livre de Daniel, chapitres 8 et 11. Les versets bibliques sont cités d’après la traduction Louis Segond 1910 avec, juste en dessous, les évènements historiques auxquels ils se rapportent. (L’article existe aussi sous forme de tableau.) Pour son interprétation, l’auteur s’appuie fortement sur le 1er Livre des Maccabées et le 2e Livre des Maccabées qui, bien qu’étant extra-canoniques (non-inspirés du Saint-Esprit et donc non-inerrants), contiennent quantité de renseignements historiques incontournables utiles dans l’interprétation de certaines prophéties de l’Ancien Testament. En préalable, je vous conseille de lire cette mise en contexte chronologique & politique sur le blogue Didascale : Israël durant la période grecque.

L’accomplissement historique de Daniel 8

 « Je levai les yeux, je regardai, et voici, un bélier se tenait devant le fleuve, et il avait des cornes; ces cornes étaient hautes, mais l’une était plus haute que l’autre, et elle s’éleva la dernière. Je vis le bélier qui frappait de ses cornes à l’occident, au septentrion et au midi; aucun animal ne pouvait lui résister, et il n’y avait personne pour délivrer ses victimes; il faisait ce qu’il voulait, et il devint puissant. »

Le bélier représente le royaume des Mèdes et des Perses (deux cornes).

Comme je regardais attentivement, voici, un bouc venait de l’occident, et parcourait toute la terre à sa surface, sans la toucher; ce bouc avait une grande corne entre les yeux. Il arriva jusqu’au bélier qui avait des cornes, et que j’avais vu se tenant devant le fleuve, et il courut sur lui dans toute sa fureur. Je le vis qui s’approchait du bélier et s’irritait contre lui; il frappa le bélier et lui brisa les deux cornes, sans que le bélier eût la force de lui résister; il le jeta par terre et le foula, et il n’y eut personne pour délivrer le bélier.

L’Empire [médo-perse] est conquis par les Grecs (le bouc) menés par Alexandre le Grand (la corne).

Le bouc devint très puissant; mais lorsqu’il fut puissant, sa grande corne se brisa. Quatre grandes cornes s’élevèrent pour la remplacer, aux quatre vents des cieux.

Alexandre commence la conquête du monde à 20 ans et meurt en pleine force de l’âge à 33 ans. Son empire est divisé entre ses « généraux » [les diadoques qui fondent les quatre royaumes hellénistiques].

De l’une d’elles sortit une petite corne, qui s’agrandit beaucoup vers le midi, vers l’orient, et vers le plus beau des pays. Elle s’éleva jusqu’à l’armée des cieux, elle fit tomber à terre une partie de cette armée et des étoiles, et elle les foula.

Parmi ces généraux, il y a Séleucos, qui fonde la dynastie des Séleucides qui règne sur la plus grande partie de l’ancien Empire médo-perse.

Elle s’éleva jusqu’au chef de l’armée, lui enleva le sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de son sanctuaire.  L’armée fut livrée avec le sacrifice perpétuel, à cause du péché; la corne jeta la vérité par terre, et réussit dans ses entreprises.

Un des séleucides, Antiochus IV, impose l’hellénisation de la Judée, ordonne l’arrêt du culte et dédie le Temple de Jérusalem à Zeus olympien.

Jusqu’à quand le sanctuaire et l’armée seront-ils foulés? Et il me dit: Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié.

Soit 1150 jours ; 3 ans et demi, qui correspondent à la période allant de l’automne 167 (abolition du culte) jusqu’à décembre 164 (purification du Temple).

L’accomplissement historique de Daniel 11

La prophétie débute ainsi :

Maintenant, je vais te faire connaître la vérité. Voici, il y aura encore trois rois en Perse. Le quatrième amassera plus de richesses que tous les autres; et quand il sera puissant par ses richesses, il soulèvera tout contre le royaume de Javan.

Référence aux guerres médiques menées au Ve siècle. Javan étant le nom de la Grèce.

Mais il s’élèvera un vaillant roi, qui dominera avec une grande puissance, et fera ce qu’il voudra.

Alexandre le Grand.

Et lorsqu’il se sera élevé, son royaume se brisera et sera divisé vers les quatre vents des cieux; il n’appartiendra pas à ses descendants, et il ne sera pas aussi puissant qu’il était, car il sera déchiré, et il passera à d’autres qu’à eux.

Tous les descendants d’Alexandre ont été éliminés, et ce sont ses « généraux », les « diadoques », qui se sont partagés le royaume. Leurs divisions et leurs guerres continuelles ont bien sur contribué à l’affaiblissement de ce royaume.

Le roi du midi deviendra fort. Mais un de ses chefs sera plus fort que lui, et dominera; sa domination sera puissante. Au bout de quelques années ils s’allieront, et la fille du roi du midi viendra vers le roi du septentrion pour rétablir la concorde. Mais elle ne conservera pas la force de son bras, et il ne résistera pas, ni lui, ni son bras; elle sera livrée avec ceux qui l’auront amenée, avec son père et avec celui qui aura été son soutien dans ce temps-là.

Il s’agit des dynasties des lagides (rois du midi) et des séleucides (rois du septentrion). Antiochus II se marie avec Bérénice, la fille de Ptolémée II. Ils sont empoisonnés, eux et leurs enfants, par la première femme d’Antiochus II (246).

Un rejeton de ses racines s’élèvera à sa place; il viendra à l’armée, il entrera dans les forteresses du roi du septentrion, il en disposera à son gré, et il se rendra puissant.  Il enlèvera même et transportera en Egypte leurs dieux et leurs images de fonte, et leurs objets précieux d’argent et d’or.

Ptolémée III (roi d’Egypte), le frère de Bérénice, pille la cité d’Antioche (capitale des Séleucides) en 246.

Puis il restera quelques années éloigné du roi du septentrion. Et celui-ci marchera contre le royaume du roi du midi, et reviendra dans son pays.  Ses fils se mettront en campagne et rassembleront une multitude nombreuse de troupes; l’un d’eux s’avancera, se répandra comme un torrent, débordera, puis reviendra; et ils pousseront les hostilités jusqu’à la forteresse du roi du midi.

Séleucos II reconquiert la Syrie (246-241). Campagne d’Antiochus III contre l’Egypte (220), il s’empare de la Palestine qui était auparavant aux Lagides (souverains égyptiens).

Le roi du midi s’irritera, il sortira et attaquera le roi du septentrion; il soulèvera une grande multitude, et les troupes du roi du septentrion seront livrées entre ses mains. Cette multitude sera fière, et le coeur du roi s’enflera; il fera tomber des milliers, mais il ne triomphera pas.

Victoire [en 217 av. J.-C.] de Ptolémée IV sur Antiochus III à la bataille de Raphia [aujourd’hui dans la Bande de Gaza]… qui ne servit pas à grand-chose [à cause des révoltes en Égypte].

Car le roi du septentrion reviendra et rassemblera une multitude plus nombreuse que la première; au bout de quelques temps, de quelques années, il se mettra en marche avec une grande armée et de grandes richesses.

Contre-offensive d’Antiochus III.

En ce temps-là, plusieurs s’élèveront contre le roi du midi, et des hommes violents parmi ton peuple se révolteront pour accomplir la vision, et ils succomberont.

Référence aux Judéens qui trahissent le roi lagide et soutiennent Antiochus.

Le roi du septentrion s’avancera, il élèvera des terrasses, et s’emparera des villes fortes. Les troupes du midi et l’élite du roi ne résisteront pas, elles manqueront de force pour résister.

Prise de Sidon.

Celui qui marchera contre lui fera ce qu’il voudra, et personne ne lui résistera; il s’arrêtera dans le plus beau des pays, exterminant ce qui tombera sous sa main.

Les Séleucides établissent leur domination en Judée-Samarie.

Il se proposera d’arriver avec toutes les forces de son royaume, et de conclure la paix avec le roi du midi; il lui donnera sa fille pour femme, dans l’intention d’amener sa ruine; mais cela n’aura pas lieu, et ne lui réussira pas.

Antiochus III donne sa fille Cléopâtre en mariage à Ptolémée V pour annexer l’Egypte. Mais Cléopâtre s’attache à l’Egypte, refuse qu’elle soit annexée et demande l’aide des Romains.

Il tournera ses vues du côté des îles, et il en prendra plusieurs; mais un chef mettra fin à l’opprobre qu’il voulait lui attirer, et le fera retomber sur lui.

Antiochus III s’attaque aux régions est côtières [il s’empare de l’Ionie et de la Thrace en 198-196 av. J.-C.] mais est finalement vaincu par Lucius Scipion en 190.

Il se dirigera ensuite vers les forteresses de son pays; et il chancellera, il tombera, et on ne le trouvera plus.

Antiochus III meurt en pillant un temple en Élam (juillet 187).

Celui qui le remplacera fera venir un exacteur dans la plus belle partie du royaume, mais en quelques jours il sera brisé, et ce ne sera ni par la colère ni par la guerre.

Son successeur, Séleucos IV envoie son ministre Héliodore (« l’exacteur ») prendre le trésor du Temple (« la plus belle partie du royaume »). Mais ce même ministre se retourne contre son maître et l’assassine (175).

Un homme méprisé prendra sa place, sans être revêtu de la dignité royale; il paraîtra au milieu de la paix, et s’emparera du royaume par l’intrigue.

Antiochus IV, frère de Séleucos IV, vole la royauté au fils de celui-ci (qui aurait du succéder à son père).

Les troupes qui se répandront comme un torrent seront submergées devant lui, et anéanties, de même qu’un chef de l’alliance.

Onias III, le grand-prêtre, est éliminé.

 Après qu’on se sera joint à lui, il usera de tromperie; il se mettra en marche, et il aura le dessus avec peu de monde.

Intrigues menées par Antiochus.

Il entrera, au sein de la paix, dans les lieux les plus fertiles de la province; il fera ce que n’avaient pas fait ses pères, ni les pères de ses pères; il distribuera le butin, les dépouilles et les richesses; il formera des projets contre les forteresses, et cela pendant un certain temps.  A la tête d’une grande armée il emploiera sa force et son ardeur contre le roi du midi. Et le roi du midi s’engagera dans la guerre avec une armée nombreuse et très puissante;

Antiochus IV attaque Ptolémée VI.

mais il ne résistera pas, car on méditera contre lui de mauvais desseins. Ceux qui mangeront des mets de sa table causeront sa perte; ses troupes se répandront comme un torrent, et les morts tomberont en grand nombre.

L’eunuque Eulaeus conseilla à Ptolémée VI de s’enfuir à Samothrace.

Les deux rois chercheront en leur coeur à faire le mal, et à la même table ils parleront avec fausseté. Mais cela ne réussira pas, car la fin n’arrivera qu’au temps marqué.

Ptolémée VI est fait prisonnier par Antiochus IV.

Il retournera dans son pays avec de grandes richesses; il sera dans son coeur hostile à l’alliance sainte, il agira contre elle, puis retournera dans son pays.

En retournant chez lui, Antiochus IV pille le Temple de Jérusalem (169).

À une époque fixée, il marchera de nouveau contre le midi; mais cette dernière fois les choses ne se passeront pas comme précédemment.

Nouvelle campagne d’Antiochus IV contre l’Egypte (168).

Des navires de Kittim s’avanceront contre lui; découragé, il rentrera dans son pays.

Intervention de la flotte romaine. Le Sénat romain, par l’intermédiaire du légat Popilius Laenas, ordonne à Antiochus IV d’évacuer l’Egypte et Chypre.

Puis, furieux contre l’alliance sainte, il ne restera pas inactif; à son retour, il portera ses regards sur ceux qui auront abandonné l’alliance sainte. Des troupes se présenteront sur son ordre; elles profaneront le sanctuaire, la forteresse, elles feront cesser le sacrifice perpétuel, et dresseront l’abomination du dévastateur.

Antiochus se venge sur les Judéens. Il envoie le mysarque Apollonius à Jérusalem pour construire la citadelle de l’Acra,  interrompre le culte (automne 167) et consacrer le Temple à Zeus olympien (décembre 167).

Il séduira par des flatteries les traîtres de l’alliance. Mais ceux du peuple qui connaîtront leur Dieu agiront avec fermeté,  et les plus sages parmi eux donneront instruction à la multitude. Il en est qui succomberont pour un temps à l’épée et à la flamme, à la captivité et au pillage.

Certains Judéens soutiennent Antiochus, d’autres résistent et sont persécutés.

Dans le temps où ils succomberont, ils seront un peu secourus, et plusieurs se joindront à eux par hypocrisie. Quelques-uns des hommes sages succomberont, afin qu’ils soient épurés, purifiés et blanchis, jusqu’au temps de la fin, car elle n’arrivera qu’au temps marqué.

Début de la Révolte des Maccabées.

Le roi fera ce qu’il voudra; il s’élèvera, il se glorifiera au-dessus de tous les dieux, et il dira des choses incroyables contre le Dieu des dieux; il prospérera jusqu’à ce que la colère soit consommée, car ce qui est arrêté s’accomplira.

Antiochus IV, prend le surnom « d’Epiphane », qui veut dire « Dieu manifesté ».

Il n’aura égard ni aux dieux de ses pères, ni à la divinité qui fait les délices des femmes; il n’aura égard à aucun dieu, car il se glorifiera au-dessus de tous.

Antiochus abandonne les cultes traditionnels syriens (« de ses pères ») et celui d’Adonis-Tammouz (« la divinité qui fait les délices des femmes »).

Toutefois il honorera le dieu des forteresses sur son piédestal; à ce dieu, que ne connaissaient pas ses pères, il rendra des hommages avec de l’or et de l’argent, avec des pierres précieuses et des objets de prix. C’est avec le dieu étranger qu’il agira contre les lieux fortifiés; et il comblera d’honneurs ceux qui le reconnaîtront, il les fera dominer sur plusieurs, il leur distribuera des terres pour récompense.

Le dieu des forteresses est Zeus olympien.

Ressources supplémentaires sur le thème de l’eschatologie du Livre de Daniel :

Read Full Post »

Dernière mise-à-jour : 13 février 2022.

 ↓ Ce document est téléchargeable et imprimable. ↓

+ + + + +

De gauche à droite (en omettant les militaires du haut) : Agrippa II roi de Judée « celui qui retient l'homme impie » (2 Th 2), sa soeur Bérénice, et l'apôtre Paul. Vitrail de la cathédrale Saint Paul, Melbourne, Australie

L’apôtre Paul plaidant sa cause et celle du christianisme devant Agrippa II roi de Judée (de facto) et sa sœur Bérénice à Césarée-Maritime en l’an 59 (Ac 25:23 à 26:32). Agrippa II prônait la libération de Paul et est identifiable à « celui qui retient l’homme impie » (2 Th 2:6-7) — Cathédrale Saint Paul, Melbourne, Australie.

« Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres... Une nation s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume » (Mt 24:6-7) — L'Année des Quatre empereurs vit l'Empire romain se scinder en quatre et sombrer dons une Guerre civile cocomitant à la Révols juive en Terre sainte.

« Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres… Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume » (Mt 24:6-7) — L’Année des Quatre empereurs (de juin 68 à décembre 69) vit l’Empire romain éclater en quatre et être secoué par une Guerre civile concomitante à la Grande Révolte juive de 66-74 en Terre sainte et à des incursions destructrices de barbares Daces dans les Balkans.

Siège de Jérusalem par trois légions romaines en l'an 70 lors de la Révolte juive

Siège de Jérusalem par trois légions romaines en l’an 70 au paroxysme de la Grande Révolte juive — par David Roberts (1850).

Des anges guident les chrétiens de Jérusalem en sûreté à Philadelphie (en actuelle Jordanie) tandis que les Romains dévastent la ville. — par Wilhelm von Kaulbach (1846)

Des anges conduisent les chrétiens de Jérusalem en sûreté à Pella (en actuelle Jordanie) tandis que les Romains dévastent la ville — par Wilhelm von Kaulbach (1846) — Cette fuite salutaire est attestée par les sources antiques.

Bas-relief de l'Arche de Titus à Rome. Des hommes transportent les trésors du Temple de Jérusalem récemment détruit.

Bas-relief de l’Arche de Titus à Rome. Des soldats romains transportent les trésors du Temple de Jérusalem après sa destruction en l’an 70.

+ + + + +

Voyez aussi sur Le Monarchomaque :

Voyez aussi hors-site :

 

Read Full Post »

Classement des textes eschatologiques selon une eschatologie prétériste orthodoxe (aussi dite « modérée/partielle ») et postmillénariste (c’est-à-dire optimiste & victorieuse).

« Le combat spirituel de la Cité de Dieu contre la Cité adverse devra être poursuivi ici-bas jusqu’à la victoire qui doit précéder, pour la préparer et la saluer, la venue en gloire de notre Seigneur.

Ainsi s’étend et s’étendra, peu à peu, contre les ‹ Portes de l’Enfer › qui ne pourront prévaloir contre lui, mais s’écrouleront une par une sous sa poussée offensive, le Royaume de notre Seigneur.

Ce Royaume, bien au-delà des Églises, trop souvent infidèles, et des États, qui trop souvent s’auto-divinisent et s’accordent des droits exorbitants, avance inexorablement, à sa manière, qui n’est pas ‹ de ce monde ›. Le Christ l’a inauguré, lui, le Roi, et le conduira à son terme triomphal par sa Parole et par son Esprit, afin qu’il salue et acclame son Retour. »

— Pierre Courthial, De Bible en Bible : Le texte sacré de l’Alliance entre Dieu et le genre humain et sa vision du monde et de la vie, Aix-en-Provence, Éditions Kerygma, 2002, p. 187 sur 203.

Read Full Post »

Source : What Does Peter Mean by the Passing Away of Heaven and Earth ? A Study of 2 Peter 3 par Gary DeMar et David Chilton | Traduction par Libre avec Dieu | Révision par Le Monarchomaque. Sauf indication contraire, la traduction française des Écritures Saintes utilisée est la Bible d’Ostervald.

Siege Jerusalem 70

1reRevolteJuive

2 Pierre 3:3-18 est un passage très fréquemment cité comme une accusation envers ceux qui dénoncent les spéculations prophétiques modernes. Si vous contestez la croyance que les signes qui nous entourent indiquent que nous vivons dans les « derniers jours », vous êtes alors étiqueté comme un « moqueur » (2 Pierre 3:3). Si cela est vrai, comment allons-nous décrire ceux qui soutenaient que les signes proposés durant les deux guerres mondiales n’étaient pas des signes de la Fin [c’est-à-dire de l’Eschaton] ? Ils avaient raison ! Étaient-ils des « moqueurs » ? On peut se demander la même chose au sujet de ceux qui rejetaient les affirmations comme quoi les évènements entourant la Révolution française du XVIIème siècle étaient des signes prophétiques évidents de la Fin de toutes choses.

Chaque génération a eu ses gens qui affirmaient que la Fin était proche et d’autres qui soutenaient que la Fin n’était pas proche. Comme Francis Gumerlock le démontre dans son livre The Day and the Hour (Le Jour et l’Heure), en appeler aux signes contemporains afin de faire des prédictions que la Fin est proche est une pratique possédant une longue histoire. On pourrait penser que désormais, les chrétiens arrêteraient de le faire, mais non. Ils savent que faire tourner la machine prophétique fait vendre beaucoup, beaucoup de livres.

Les gens que Pierre accuse d’être des « moqueurs » étaient des ennemis de Jésus et de l’Évangile. Ils se moquaient des affirmations faites par Jésus qu’il viendrait lui-même détruire le Temple et ce, avant que leur génération ne passe. Puisque le Temple se tenait encore debout, près de 30 ans après la prédiction de Jésus, et que rien n’indiquait qu’il serait détruit en moins d’une dizaine d’années, ils commencèrent à se moquer des paroles de Jésus. Il y a une grande différence entre un « moqueur » qui rejette la révélation biblique, dans ce cas les paroles de Jésus, et quelqu’un qui argumente pour une position alternative en utilisant de solides arguments bibliques. Une personne en désaccord avec les spéculations prophétiques modernes n’est pas un « moqueur », particulièrement après autant de tentatives manquées pour prédire la certitude de la Fin à travers les siècles.

On pourrait aussi facilement soutenir que les spéculateurs prophétiques modernes (vous savez de qui je parle) sont des « moqueurs » parce qu’ils tordent et déforment les paroles claires de Jésus qu’il reviendrait en jugement avant que la génération du premier siècle ne passe (Matthieu 24:34). Ils essaient d’argumenter que le mot grec genea [comme dans généalogie], traduit correctement par « génération », doit être traduit par « race » ou « nation ». Lorsque ça ne fonctionne pas, certains argumentent que « cette génération-ci » (au présent), devrait être traduit par « cette génération-là » (au futur). Lorsque les mots clairs de Jésus ne s’accordent pas avec leur paradigme prophétique, des mots sont enlevés et de nouveaux sont ajoutés. « Cette génération-ci » devient « la génération qui verra ces choses », comme si Jésus s’adressait à une génération autre que celle à laquelle il parlait ! Jésus a clairement indiqué que son auditoire d’alors verrait ces choses : « Lorsque vous verrez toutes ces choses… » (Matthieu 24:33).

2 Pierre 3 fait le lien entre des « moqueurs » et les « derniers jours », entre la « promesse de son avènement », le « jour du Seigneur » (v. 10) et les « cieux et la terre qui seront embrasés et dissous ». L’utilisation de l’expression « les derniers jours » par Pierre n’est ni un code renvoyant à des évènements menant à l’enlèvement, ni la seconde venue. Gordon Haddon Clark commente :

« Beaucoup de gens pensent que l’expression ‹ les derniers jours › concerne le futur, la Fin de notre époque [ou plus exactement la Fin de toutes les époques, c’est-à-dire l’Eschaton]. Elle indique plutôt clairement le temps de Pierre lui-même. 1 Jean 2:18 dit que c’est, à son époque, la dernière heure. Dans Actes 2:17, Pierre cite une prophétie des ‹ derniers jours › du prophète Joël comme étant l’époque où il vivait… De toute évidence, Pierre voulait parler de son temps à lui. » [1]

Il y a d’autres passages, comme : Hébreux 1:1-2, « Dieu… nous a parlé en ces derniers jours par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a fait les siècles » […] ; Hébreux 9:26, « …mais à présent, à la consommation des siècles, il a paru une seule fois pour abolir le péché, en se sacrifiant lui-même » (notez l’utilisation du « à présent ») ; 1 Corinthiens 10:11, « nous qui sommes parvenus aux derniers temps » ; et Jacques 5:3, « vous avez amassé des trésors dans ces jours qui sont les derniers » (Colombe) / « dans les derniers jours, vous avez amassé des trésors » (NBS). La question est : Les derniers jours de quoi ? Les derniers jours de l’Ancienne Alliance avec son Temple de pierre, ses sacrifices sanglants ainsi qu’une prêtrise [lévitique] terrestre et pécheresse.

L’inconsistance de l’interprétation prémillénariste

La plupart des chrétiens qui nous traitent de « moqueurs » sont prémillénaristes, c’est-à-dire qu’ils croient qu’il y aura, dans le futur, une période de grande tribulation de sept ans qui sera immédiatement suivie du règne terrestre de Jésus pour mille ans. Les évènements décrits par Pierre devraient s’accomplir seulement après cette période de 1007 ans. Or, les nouveaux cieux et la nouvelle terre arriveront après que « le premier ciel et la première terre » auront disparu (Apocalypse 21:1). Ces évènements suivront la période de mille ans d’Apocalypse 20. Même en suivant les suppositions prémillénaristes (qui selon moi sont fausses), il est logique de soutenir que les évènements décrits par Pierre ne peuvent être proches [de toutes façons] ! Comment quelqu’un peut-il être le moqueur d’évènements proches alors que la disparition du cosmos est éloignée de plus d’un millénaire ? Ça ne fait aucun sens.

L’accusation [de l’apôtre Pierre] ne fait de sens que si les évènements décrits sont, en fait, rapprochés de la génération de Pierre. Ceux de sa génération attendaient « ces choses » (2 Pierre 3:14). Comment pouvaient-ils attendre « ces choses » si elles étaient pour se produire au moins 1007 ans dans le futur ? En fait, aussitôt que Jésus posera à nouveau ses pieds sur la planète, il sera très facile, selon les prémillénaristes, de calculer la date à laquelle les évènements de 2 Pierre 3 auront lieu — exactement 1000 ans plus tard. Pour faire taire les moqueurs, tout ce que l’on aurait alors à dire sera : « Regardez, Dieu a promis que ces évènements n’arriveront pas avant mille ans. »

Ceci veut dire que pour les prémillénaristes [du moins, ceux d’entre eux qui sont consistants], les évènements révélés et décrits par Pierre n’ont rien à voir avec notre époque. Ils sont loin dans le futur. Ceci veut dire que [même avec une grille de lecture prémillénariste], cette section des Écritures ne peut être utilisée pour faire taire ceux qui rejettent la notion que nous vivons présentement dans les derniers jours. Pierre affirme spécifiquement, toujours selon le paradigme prémillénariste, que les « derniers jours » sont, à partir d’aujourd’hui, 1007 ans dans le futur. Donc, si les « derniers jours » font référence à la période juste avant la dissolution du cosmos, qui est au moins 1007 ans dans notre futur, alors nous ne pouvons être dans les « derniers jours » et aucun signes ne peuvent être invoqués en preuve afin de supporter l’affirmation qu’il y a des nouveaux cieux et une nouvelle terre à l’horizon prophétique imminent.

Le langage de 2 Pierre 3 est certainement apocalyptique, mais est-ce que Pierre décrit la Fin de l’univers espace-temps comme on le perçoit généralement, ou décrit-il la fin d’un différent type de monde ? La seule façon de le savoir est d’étudier le langage similaire retrouvé dans l’Ancien Testament. En Michée 1:1, une parole prophétique est révélée « à Michée, de Morésheth, aux jours de Jotham, d’Achaz, d’Ézéchias, rois de Juda, et qui lui fut révélée touchant Samarie et Jérusalem ». La prophétie de Michée ne se rapporte pas à un futur lointain, mais plutôt « à cause du crime de Jacob, à cause des péchés de la maison d’Israël », à cause des « hauts lieux de Juda » (1:5). La prophétie concerne une époque où la nation était dominée par l’idolâtrie (1:6-7). Notez comment le jugement imminent est décrit (1:2-4) :

« Écoutez, vous tous, peuples ! Sois attentive, ô terre, avec tout ce qui est en toi ! Que le Seigneur, l’Éternel, soit témoin contre vous, le Seigneur, du palais de sa sainteté ! Car voici, l’Éternel sort de sa demeure ; il descend, et marche sur les lieux élevés de la terre. Les montagnes se fondent sous lui, les vallées s’entrouvrent, comme la cire devant le feu, comme des eaux qui coulent sur une pente. »

Dieu appelle le monde en témoin contre le peuple de son Alliance, qui avait reçu la loi interdisant les idoles et les images taillées d’une façon personnelle, par des Commandements écrits sur la pierre (Exode 20). Dieu est décrit comme descendant, causant les montagnes et les vallées à fondre et à s’entrouvrir, inondant le pays de ces débris. Ce langage est utilisé ailleurs pour décrire des évènements locaux similaires (Juges 5:3 ; 2 Samuel 22 ; Psaumes 18:7-10, 68:8 ; Ésaïe 64:1-2). C’est le langage d’une dé-création. Les montagnes ont-elles réellement fondu ? Pas plus que « les fondements du monde furent mis à découvert » lorsque David battit « tous ses ennemis » (voir le Psaume 18:15 et son prologue).

Nous trouvons quelque chose de semblable dans le Livre de Sophonie. Un jugement local, qui a des conséquences nationales pour Juda et Jérusalem, est décrit comme la fin de la terre et de tout ce qui y vit :

« Je ferai périr entièrement toutes choses sur la face de la terre, dit l’Éternel. Je ferai périr les hommes et les bêtes ; je ferai périr les oiseaux du ciel et les poissons de la mer ; j’enlèverai les scandales avec les méchants, et je retrancherai les hommes de la face de la terre, dit l’Éternel. » (Sophonie 1:2-4)

Ce jugement local est l’inverse de la création. Plus tard dans le chapitre nous lisons : « Le grand jour de l’Éternel est proche ; il est proche, et vient en toute hâte… par le feu de sa jalousie tout le pays sera consumé ; car c’est d’une entière destruction, c’est d’une ruine soudaine qu’il frappera tous les habitants de la terre » (1:14,18). Notez l’utilisation du « feu » et d’une « ruine soudaine » dans cette fin catastrophique.

Pierre utilise le même langage. Il écrit à son époque que « la fin de toutes choses est proche » (1 Pierre 4:7 ; voir 1:20,  « Christ… manifesté dans les derniers temps »). Comme pour Sophonie, cette description prophétique ne peut pas être une déclaration que la Fin de l’univers physique était sur le point de se produire [puisqu’elle ne s’est pas produite]. Dans la Bible, l’utilisation de l’expression « la fin est proche » indique que, peu importe de quelle fin il s’agit, elle était proche de Pierre et de son auditoire du Ier siècle. Jay Edwards Adams nous offre un commentaire utile sur ce passage, en prenant en compte son contexte historique et théologique :

« La [Première] épître de Pierre fut écrite avant 70 ap. J.-C. (quand eut lieu la destruction de Jérusalem)… La persécution que ces Juifs chrétiens avaient connue jusque-là venait principalement des Juifs non-convertis (effectivement, ses lecteurs avaient trouvé refuge parmi les Gentils en tant que résidents étrangers)… Il fait référence aux lourdes épreuves qui vinrent sur les chrétiens qui avaient fuit la Palestine sous les attaques des Juifs non-convertis. La fin de toutes les choses (qui ont provoqué cet exile) était proche.

Six ou sept ans après l’écriture de cette épître, la chute de Jérusalem, avec toutes ses histoires tragiques, telles que prédites dans le Livre de l’Apocalypse et dans le discours sur le mont des Oliviers [Matthieu 24, Marc 13, Luc 17 & 21], sur lequel est basée cette partie, allaient se produire. Titus et Vespasien allaient anéantir l’ancien ordre une fois pour toutes. Toutes ces forces qui menèrent à la persécution et à l’exil des chrétiens vers l’Asie mineure – les cérémonies du Temple (abolies par la mort de Christ), le pharisaïsme (avec ses distorsions des lois de l’A.T. pour en faire un système d’œuvres légaliste) et la position politique [avantageuse] de la Judée juive envers Rome – allaient être effacés. Les armées romaines allaient enlever l’opposition juive de la face du pays. Ceux qui survécurent l’holocauste de 70 furent dispersés à travers le monde méditerranéen. ‹ Alors ›, dit Pierre, ‹ tenez bon, la fin est proche ›. La fin complète de l’ordre de l’A.T. (déjà aboli par la croix et le tombeau vide) était sur le point de se produire. » [2]

La promesse de son avènement

Quelle « promesse de son avènement » Pierre avait-il en tête ? Pierre était présent avec les autres apôtres lorsque Jésus affirma : « Je vous dis en vérité qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir en son règne » (Matthieu 16:28, cf. Marc 9:1). Cet évènement a nécessairement dû se produire du vivant de son auditoire. Jésus leur a également dit qu’il viendrait en jugement avant que cette génération ne passe (24:34). Jésus utilise toujours « cette génération » pour se référer à ses contemporains (Matthieu 11:16, 12:41-42, 23:36 ; Marc 8:12, 13:30 ; Luc 7:31, 11:29-32, 11:50-51, 17:25, 21:32). Il n’utilise jamais « cette génération » pour faire référence à une génération future.

La parousia (« venue » / « présence ») est un temps de jugement divin sur le monde de l’ancienne alliance (Matthieu 24:27). Pierre était là quand Jésus dit qu’il reviendrait en jugement dans l’espace d’une génération (Marc 13:3,30). Dans le verset suivant, Jésus dit à Pierre et à ceux qui étaient là que les cieux et la terre allaient disparaître (Marc 13:31 ; Matthieu 24:35). La consumation des cieux et de la terre est une référence à la fin de l’économie de l’Ancienne Alliance. Étant juifs, et donc familiers avec l’Ancien Testament, ils n’auraient pas pu interpréter les mots de Jésus autrement. Entre Matthieu 16:27-28 et 24:34, Jésus raconte que Jérusalem sera consumée par le feu (22:7). Cet incendie consumera du même coup tout ce qui concernait l’ancienne économie.

Peter Leithart met ce chapitre [2 Pierre 3] dans son contexte pour nous :

« Mais où les moqueurs auraient-ils pris l’idée que Jésus reviendrait avant que les “pères” ne meurent ? C’est justement qui Jésus le leur avait dit. Tout le débat prend pour acquis que Jésus avait promis de revenir bientôt. Sans cette prémisse, ni les moqueries des moqueurs, ni la [Deuxième] épître de Pierre ne font de sens. Pierre et ses adversaires ne s’entendent pas sur la fiabilité de la promesse, mais ils s’entendent sur son contenu. » [3]

Les “pères” (2 Pierre 3:4) étaient les véritables pères de l’Église primitive. Quelques-uns d’entre-eux étaient morts après que Jésus ait fait la promesse qu’il reviendrait avant que ne passe leur génération (Matthieu 24:9,34 ; Jean 16:2 ; Actes 7:54-60 et 12:2).

SiegeJerusalem70

Il y a encore beaucoup à dire sur 2 Pierre 3. La section suivante fut écrite par le regretté David Chilton (1951-1997). David Chilton a laissé derrière lui une immense œuvre  sur l’eschatologie : Un commentaire verset par verset du Livre de l’Apocalypse (Days of Vengeance), un ouvrage sur les principes d’interprétation prophétique (Paradise Restored), et un exposé du discours du mont des Oliviers (The Great Tribulation).

·


·

L’analyse de David Chilton… et de John Owen

Selon la Deuxième épître de Pierre, Christ et les apôtres avaient averti que l’apostasie s’accélérerait vers la fin des « derniers jours » (2 Pierre 3:2-4 ; voir Jude 17-19) — La période de 40 ans entre l’ascension de Christ et la destruction du Temple en 70. [4] Pierre dit clairement que ces moqueurs des derniers jours étaient des apostats de l’Alliance : Familiers avec l’histoire de l’Ancien Testament et de la prophétie, c’étaient des juifs qui avaient abandonné l’Alliance abrahamique en rejetant Christ. Jésus avait prévenu à plusieurs reprises que sur cette génération méchante et perverse viendrait le grand « jour du jugement » annoncé par les prophètes, la « perdition des hommes impies », comme ce qu’ont souffert les méchants qui périrent aux jours de Noé (2 Pierre 3:5-7). Jésus fit cette analogie au cours de son ministère (Matthieu 24:37 et Luc 17-26-27). Tout comme Dieu détruisit le « monde » d’avant le Déluge, le « monde » de l’Israël du Ier siècle serait détruit par le feu lors de la chute de Jérusalem.

Pierre décrit ce jugement comme la destruction des « cieux » et de la « terre d’à présent » (3:7), faisant place à « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (3:13). À cause de la terminologie du style « univers qui s’effondre » utilisée dans ce passage, beaucoup ont pris pour acquis que Pierre parlait de la Fin ultime et matérielle des cieux et de la terre, plutôt que de la dissolution du monde de l’Ancienne Alliance. Un grand théologien puritain du XVIème siècle, John Owen, a répondu à cela en se référant à l’usage des termes « cieux » et « terre » qui est très caractéristiquement métaphorique dans la Bible, comme dans la description de l’Alliance mosaïque en Ésaïe :

« Car je suis l’Éternel ton Dieu, qui frappe la mer et fais mugir ses flots, de qui le nom est l’Éternel des armées. J’ai mis mes paroles dans ta bouche, et t’ai couvert de l’ombre de ma main, pour rétablir les cieux et fonder la terre, pour dire à Sion : Tu es mon peuple ! » (Ésaïe 51:15-16)

John Owen écrit :

« Le temps de l’accomplissement des évènements mentionnés ici, le rétablissement des cieux et la fondation de la terre, fut lorsque Dieu divisa la mer (v. 15), donna la loi (v. 16), et dit à Sion ‹ Tu es mon peuple ›, c’est-à-dire, lorsqu’il mena les enfants d’Israël hors d’Égypte, et les forma dans le désert en une Assemblée de croyants et un État civil. C’est alors qu’il établit les cieux et fonda la terre, qu’il fit un monde nouveau, c’est-à-dire qu’il apporta l’ordre, le gouvernement et la beauté au sortir de la confusion dans laquelle ils se trouvaient avant. C’est là le rétablissement des cieux et la fondation de la terre.

Il en est donc ainsi lorsqu’il est fait mention de la destruction d’un État et de son gouvernement, avec ce langage qui semble [a priori] parler de la Fin du monde. C’est le cas en Ésaïe 34, à propos de la destruction de l’État d’Édom. Nous voyons une affirmation semblable à propos de l’Empire romain en Apocalypse 6:14 […]. Et dans la prédiction de Christ notre Sauveur sur la destruction de Jérusalem, en Matthieu 24, il décrit tout ça par des expressions de la même importance. Il est donc évident que, dans l’idiome et la façon de parler prophétiques, par ‹ cieux › et ‹ terre ›, il est [souvent] question d’États civils & religieux, de collectivités d’hommes dans le monde. […] » [5]

Un autre texte de l’Ancien Testament, un parmi plusieurs qui pourraient être mentionnés, est Jérémie 4:23-31 – lequel annonce la chute imminente de Jérusalem en 587 av. J.-C. – dans un langage similaire de dé-création :

« Je regarde la terre, et voici elle est informe et vide ; et les cieux, et leur lumière n’est plus. […] Car ainsi a dit l’Éternel : Tout le pays sera dévasté [référence à la malédiction de Lévitique 26:31-33 ; voir une allusion à l’un de ses accomplissements en Matthieu 24:15 !] quoique je ne fasse pas une destruction entière. À cause de cela, la terre sera dans le deuil, et les cieux en haut seront noirs […]. »

Depuis le tout début, l’Alliance de Dieu avec Israël est exprimée en termes d’une nouvelle création : Moïse a décrit le salut d’Israël dans le désert en termes de l’Esprit de Dieu planant au dessus de la désolation, tout comme le premier jour de la création. [6] Dans l’Exode, comme à la création originelle, Dieu sépara la lumière des ténèbres (Exode 14:20), sépara les eaux des eaux pour qu’apparaisse la terre sèche (14:21-22), et planta son peuple sur sa montagne sainte (15:17). La formation d’Israël par Dieu est donc une image de la création, une récapitulation rédemptrice de la création du ciel et de la terre. Dans l’ordre de l’Ancienne Alliance, le monde entier était organisé autour du sanctuaire du Temple à Jérusalem. Il pouvait convenablement être décrit, avant sa dissolution finale, comme « les cieux et la terre d’à présent ». Le prédicateur du XIXème siècle, John Brown, écrit :

« Une personne familière avec la phraséologie de l’Ancien Testament sait que la dissolution de l’économie mosaïque, et l’établissement du christianisme, est souvent décrit comme la disparition des vieux terre & cieux, et la création de nouveaux terre & cieux. […] La période terminant une dispensation, ainsi que le commencement de l’autre, est désignée comme les ‹ derniers jours › et la ‹ fin du monde ›, elle est décrite comme une si grande agitation de la terre et des cieux qu’elle entraîne la disparition des choses qui furent agitées (Aggée 2:6-7 ; Hébreux 12:26-27). » [7]

[Poursuivons avec John Owen…]

« Donc, sur cette base, j’affirme que les cieux et la terre dont il est question dans la prophétie de Pierre, la venue du Seigneur, le jour du jugement et de perdition des hommes impies, mentionnés dans la destruction du ciel et de la terre, sont tous liés, non à l’ultime et final Jugement du monde, mais à la désolation et destruction totale de l’Église et de l’État judaïques. » [8]

…autrement dit, la chute de Jérusalem en 70 ap. J.-C.

Pierre parle-t-il de physique atomique ?

Cette interprétation est confirmée par une information supplémentaire de Pierre. Lors de cet imminent « jour du Seigneur » qui était sur le point d’arriver sur le monde du Ier siècle « comme un voleur » (Matthieu 24:42-43 ; Apocalypse 3:3), « les éléments embrasés seront dissous, et la terre, avec les œuvres qui sont en elle, sera entièrement brûlée » (2 Pierre 3:10, cf. v. 12).  Quels sont ces éléments ? Les soi-disant « littéralistes » assument à la légère que l’apôtre discute de physique, qu’il utilise ce terme pour parler d’atomes (ou encore de particules subatomiques), [c’est-à-dire] des composantes [matérielles] de l’univers. Ce que ces [prétendus] littéralistes ne savent pas, c’est que le mot « éléments » (stoicheia) est utilisé plusieurs fois dans le Nouveau Testament, mais jamais pour désigner l’univers physique !

(À cet égard, le commentaire vraiment trompeur de la New Geneva Study Bible [l’ancien nom de la Reformation Study Bible] sur ce passage va à l’encontre de son propre principe d’interprétation selon lequel « la Bible interprète la Bible ». Pour des significations possibles du mot, elle cite des philosophes grecs païens et des astrologues — mais jamais l’utilisation qu’en fait la Bible !)

Selon le Theological Dictionary of New Testament Words de Gerhard Kittel, malgré que ce mot soit utilisé de différentes façons dans la littérature païenne (s’y référent aux « quatre éléments » du monde physique [une fantaisie d’Empédocle d’Agrigente], ou aux « notes » dans une gamme musicale, ou aux « principes » de géométrie et de logique), les écrivains du Nouveau Testament utilisent ce terme « d’une nouvelle façon, décrivant stoicheia comme faible et misérable. Dans un sens transféré, les stoicheia sont les choses sur lesquelles l’existence pré-chrétienne repose, surtout dans la religion pré-chrétienne. Ces choses sont impuissantes ; elles apportent l’esclavage au lieu de la liberté. » [9]

À travers le Nouveau Testament, le mot « éléments » (stoicheia) est toujours utilisé en relation avec l’ordre de l’Ancienne Alliance. Paul utilise ce terme dans sa réprimande cinglante aux chrétiens de Galatie qui étaient tentés d’abandonner la liberté du Nouveau Testament pour un légalisme [judaïsant]. Décrivant les rituels et les cérémonies de l’Ancienne Alliance, il dit : « …nous étions sous l’esclavage des rudiments [stoicheia] du monde … maintenant que vous avez connu Dieu, ou plutôt que vous avez été connus de Dieu, comment retournez-vous encore à ces faibles et misérables rudiments [stoicheia], auxquels vous voulez vous assujettir de nouveau ? Vous observez les jours, les mois, les temps et les années… » (Galates 4:3 et 4:9-10).

[L’apôtre Paul] averti les Colossiens : « Prenez garde que personne ne vous séduise par la philosophie et par de vaines tromperies, selon la tradition des hommes, selon les rudiments [stoicheia] du monde, et non selon Christ … Si donc vous êtes morts avec Christ, quant aux rudiments [stoicheia] du monde, pourquoi vous charge-t-on de ces préceptes, comme si vous viviez encore au monde ? En vous disant : “Ne mange pas, ne goûte pas, ne touche pas” » (Colossiens 2:8 et 2:20-21).

L’auteur de l’Épître aux Hébreux les réprimande : « En effet, tandis que vous devriez être maîtres depuis longtemps, vous avez encore besoin d’apprendre les premiers éléments [stocheia] des oracles de Dieu ; et vous en êtes venus à avoir besoin de lait, et non de nourriture solide » (Hébreux 5:12). Selon le contexte, il est clair que l’auteur parle [d’éléments disparus] de l’Ancienne Alliance en particulier puisqu’il les connecte avec le terme « oracles de Dieu », une expression utilisée ailleurs dans le Nouveau Testament pour la révélation provisoire de l’Ancienne Alliance (voir Actes 7:38 ; Romains 3:2).

Ces citations de Galates, Colossiens et Hébreux contiennent toutes les incidences du mot stoicheia dans le Nouveau Testament. Aucune d’entre elles ne se réfère au monde physique ou à l’univers ; toutes parlent des « éléments » du système de l’Ancienne Alliance, lequel, selon les apôtres écrivant avant la destruction prochaine du Temple de l’Ancienne Alliance en 70 ap. J.-C., était « devenu ancien », avait « vieilli » et était « près de disparaître » (Hébreux 8:13). Pierre utilise le même terme exactement de la même façon. À travers le Nouveau Testament grec, le mot « éléments » (stoicheia) signifie toujours les éléments de l’alliance et non les éléments physiques ; [ce mot désigne] les éléments fondamentaux d’un système religieux qui était condamné à disparaître dans un terrible jugement (Matthieu 22:7).

En fait, Pierre était très spécifique à propos du fait qu’il ne se référait pas à un évènement 1000 ans [ou 2000 ans] dans le futur, mais à quelque chose qui allait se produire bientôt :

« Or, le jour du Seigneur viendra comme un larron dans la nuit ; en ce temps-là les cieux passeront avec fracas, et les éléments [stoicheia] embrasés seront dissous, et la terre, avec les œuvres qui sont en elle, sera entièrement brûlée. Puis donc que toutes ces choses doivent se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par la sainteté de votre conduite et votre piété, attendant, et hâtant la venue du jour de Dieu, dans lequel les cieux enflammés seront dissous, et les éléments [stoicheia] embrasés se fondront ? » (2 Pierre 3:10-12)

Contrairement à l’interprétation trompeuse des traducteurs aveuglés par leurs présuppositions, Pierre insiste que la dissolution « des cieux et de la terre d’à présent » – le système de l’Ancienne Alliance avec ses rituels obligatoires et ses sacrifices sanglants – était déjà en train de se produire : l’univers de l’Ancienne Alliance tombait en morceaux, pour ne plus jamais être ré-assemblé [comme l’enseigne le Père de l’Église Athanase d’Alexandrie dans Sur l’incarnation du Verbe composé vers 335-337 :]

« Quand la prophétie et la vision cessèrent-ils en Israël ? N’est-ce pas lorsque Christ est venu, le Saint des saints ? En fait, c’est un signe et une preuve notoire de la venue du Verbe que Jérusalem ne tienne plus et qu’aucun prophète n’y soit élevé ni aucune vision révélé parmi eux. Et c’est naturel qu’il en soit ainsi, car quand Celui qui était signifié fut venu, avions-nous encore besoin de quelqu’un pour le signifier ? Et lorsque la Vérité fut venue, avions-nous encore besoin de l’ombre ? […] Et le royaume de Jérusalem cessa du même coup, les rois devaient être oints parmi eux seulement jusqu’à ce qu’on eut oint le Saint des saints. » [10]

Le message de Pierre, argumente le théologien puritain John Owen, est que « les cieux et la terre que Dieu a lui-même plantés – le soleil, la lune et les étoiles de l’Église et de l’État judaïques, l’ancien monde d’adoration [pervertie] et d’adorateurs [idolâtres], qui se démarquent dans leur obstination contre le Seigneur Christ – devront être perceptiblement dissous et détruits. » [11]

Comme nous l’avons vu, John Owen, auteur d’un commentaire en sept volumes sur l’Épître aux Hébreux, soutient que l’enseignement de 2 Pierre 3 à propos de la venue du « jour du Seigneur » n’était pas en rapport avec la fin physique de l’univers, mais avec l’Ancienne Alliance et la nation d’Israël. Il souligne que la phrase « les cieux et la terre » est souvent utilisée dans l’Ancien Testament comme une expression symbolique de la création alliancielle de Dieu, Israël (voir Ésaïe 51-15-20 ; Jérémie 4:23-31). [12]

Owen offre deux raison supplémentaires (« parmi plusieurs sur lesquelles on pourrait insister à partir du texte », dit-il) de reconnaître l’accomplissement de 2 Pierre 3 en 70 ap. J.-C. Premièrement, il fait remarquer que « peut importe ce qui est mentionné ici, cela était pour avoir une influence particulière sur les hommes de cette génération » [13]. Ceci est un point crucial, qui doit être reconnu clairement dans toute évaluation honnête de ce que l’apôtre voulait dire. Pierre est particulièrement préoccupé que ses lecteurs se souviennent des avertissements apostoliques à propos des « derniers jours » (v. 2-3 ; cf. 1 Timothée 4:1-6 ; 2 Timothée 3:1-9). Pendant ce temps, les moqueurs juifs de son époque, qui étaient de toute évidence familiers avec les prophéties bibliques de jugement, refusaient de tenir compte de ces avertissements (v. 3-5). [Deuxièmement, Pierre] exhorte ses lecteurs à vivre une vie sainte à la lumière de ce jugement imminent (v. 11 & 14) ; et ce sont ces premiers chrétiens qui sont enjoints « d’attendre et de hâter » activement le jugement (v. 12-14). C’est précisément la proximité de la catastrophe à venir que Pierre invoque afin de les motiver à s’appliquer à une vie sainte !

Objection réfutée

Une objection facile à l’exposé ci-dessus est de faire référence à ce qui est probablement le texte le plus connu – et le plus mal comprit – de la Deuxième épître de Pierre : « Toutefois, bien-aimés, n’ignorez pas une chose, c’est que pour le Seigneur un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour » (2 Pierre 3:8). Cela veut dire, nous dit-on, que « l’arithmétique de Dieu est différente de la nôtre », et donc que, lorsque l’Écriture utilise des termes comme « proche » et « bientôt » ou « à la porte » (par exemple Apocalypse 1:1-3 et Matthieu 24:33), cela ne ferait pas référence à des évènements qui approchent à grands pas, mais à des évènements possiblement éloignés de milliers d’années dans le futur ! Milton Terry a réfuté cette théorie en apparence plausible, mais fallacieuse :

« Ce langage vient d’une citation poétique du Psaume 90:4, et nous est donnée afin de démontrer qu’un espace de temps n’invalide pas les promesses de Dieu. […] Ceci est vraiment différent qu’affirmer que lorsque le Dieu Éternel promet une chose pour bientôt, et déclare qu’elle est proche et à la porte, il pourrait vouloir dire que ce sera mille ans dans le futur. Il pourrait prendre mille ans et plus pour accomplir une promesse indéfinie, mais ce qu’Il affirme être proche et à la porte, que nul homme ne le déclare lointain. » [14]

James Stuart Russell écrit avec consternation :

« Peu de passages ont autant souffert de déformation. On lui a fait parler un langage inconsistant avec son intention évidente, et même incompatible avec une stricte considération de la véracité.

Il y a probablement ici une allusion aux mots du Psalmiste, contrastant la brièveté de la vie humaine avec l’éternité de l’existence divine […] mais ce serait sûrement le summum de l’absurdité de considérer cette sublime image poétique comme le calculus de la mesure divine du temps, ou comme une justification afin d’ignorer complètement les indications de temps dans les prédictions et promesses de Dieu.

Il n’est pourtant pas inhabituel de citer ces mots comme un argument ou une excuse afin d’ignorer l’élément temporel des écrits prophétiques. Même dans les prédictions où un certain temps est spécifié, ou que des limitations comme ‹ bientôt ›, ‹ rapidement › ou ‹ à la porte › sont exprimées, ce passage [2 Pierre 3:8] est invoqué pour justifier un traitement arbitraire de tels notes de temps, de telle façon que ‹ bientôt › voudra dire ‹ tard ›, ‹ proche › voudra dire ‹ lointain ›, ‹ court › voudra dire ‹ long ›, et vice-versa. […]

Il est assurément nécessaire de rejeter très fortement une méthode aussi contre-intuitive d’interpréter le langage des Écritures. C’est plus que non-grammatical et déraisonnable, c’est immoral. Cela suggère que Dieu a deux poids et deux mesures dans sa relation avec les hommes, et que dans sa façon de compter il y a des ambigüités et une variabilité qui rendent impossible de ‹ rechercher pour quel temps et quelles conjonctures l’Esprit de Christ qui était en eux rendait témoignage d’avance › [1 Pierre 1:11 …]

Les Écritures elles-mêmes ne donnent toutefois aucune approbation à une telle méthode d’interprétation. La fidélité est un des attributs le plus fréquemment donné au ‹ Dieu qui garde son alliance ›, et la fidélité de Dieu, c’est ce que l’apôtre affirme dans ce passage même. […] L’apôtre ne dit pas que lorsque l’Éternel promet une chose pour aujourd’hui [ou demain matin], il pourrait ne pas accomplir sa promesse d’ici mille ans : ce serait de la négligence ; cela briserait la promesse. Il ne dit pas que Dieu, puisqu’il est infini et éternel, compte avec une arithmétique différente de la nôtre, ou qu’il nous parle à double sens, ou qu’il utilise différents poids et mesures dans ses relations avec les hommes. C’est l’inverse qui est vrai. […]

Il est évident que le but de l’apôtre dans ce passage est de donner à ses lecteurs la plus forte assurance que la catastrophe imminente des derniers jours est sur le point d’arriver. La véracité et la fidélité de Dieu étaient la garantie de l’accomplissement ponctuelle de la promesse. S’il avait voulu dire que le temps n’était qu’un paramètre variable [élastique] dans la promesse de Dieu, cela aurait rendu nul son propre enseignement, que ‹ le Seigneur ne retarde point l’exécution de sa promesse › (v. 9). » [15]

Prémices de la nouvelle création

Continuant son analyse, John Owen cite 2 Pierre 3:13 : « Or, nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habite. » Owen demande : « Quelle est cette promesse ? Où pourrions-nous la trouver ? » Bonne question. Connaissez-vous la réponse ? À quel endroit, dans l’Ancien Testament, Dieu promet-il de nouveaux cieux et une nouvelle terre ? Soit dit en passant, ceci soulève un point encore plus grand et plus fascinant : Lorsque le Nouveau Testament rapporte ou cite un texte de l’Ancien Testament, c’est souvent une bonne idée de retrouver la citation originale, de voir ce qu’elle voulait dire dans son contexte original, et de voir ensuite la tournure que lui donne l’auteur du Nouveau Testament. Par exemple, la prophétie d’Ésaïe concernant un gigantesque projet de construction routière [Ésaïe 40:3-5] n’est pas interprétée littéralement dans le Nouveau Testament, mais métaphoriquement en la personne et l’enseignement de Jean-Baptiste [Luc 3:4-6]. Mais John Owen, cet érudit puritain, connaît sa Bible mieux que la plupart d’entre nous, et il nous indique exactement l’endroit de l’Ancien Testament qui prédit « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » :

« Quelle est cette promesse ? Et où pourrions-nous la trouver ? Nous la trouvons dans les mots d’Ésaïe 65:17. Maintenant, quand Dieu créera-t-il ces ‹ nouveaux cieux et cette nouvelle terre, où habite la justice › ? Pierre dit que ce sera après la venue du Seigneur, après le jugement et la destruction des hommes impies, qui n’obéissent pas à l’Évangile. Dès à présent, il est évident, selon Ésaïe 66:21-22, que cette prophétie concerne les temps de l’Évangile, et que la création de ces nouveaux cieux n’est rien d’autre que la création des ordonnances de l’Évangile, qui dureront à toujours. La même chose est exprimée en Hébreux 12:26-28. [16]

Owen touche droit au but, posant la question que beaucoup trop d’enseignants auraient dû se poser : Où Dieu a-t-il promit de créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre ? La réponse, comme le dit correctement Owen, se trouve seulement dans Ésaïe 65 & 66 — des passages qui prophétisent clairement la période de l’Évangile, mise en place par l’œuvre de Christ. Selon Ésaïe lui-même, cette nouvelle création ne peut pas être un état éternel, puisqu’elle contient la naissance et la mort, la construction et l’agriculture (65:20-23). Les nouveaux cieux et la nouvelle terre promis à l’Église comprennent l’âge de la Nouvelle Alliance [qui culmine par] le triomphe de l’Évangile, lorsque l’humanité entière aura plié le genou devant le Seigneur (66:22-23).

[Pour bien comprendre cette facette de la prophétie de 2 Pierre 3 à la lumière d’Hébreux 12 et d’Ésaïe 65 & 66, il faut tenir compte de la doctrine du chevauchement de l’ancienne et de la nouvelle créations, laquelle est expliquée à la section 5.4 du document consultable ici.]

John Bray écrit : « Ce passage [Ésaïe 65 & 66] est une description grandiose de l’âge de l’Évangile après que Christ soit venu en jugement en l’an 70 et qu’il enleva les cieux et la terre anciennes. Nous avons maintenant les nouveaux cieux et la nouvelle terre de l’âge de l’Évangile. » [17] L’encouragement de Pierre à l’Église de son temps était d’être patient, d’attendre le jugement de Dieu, la destruction de ceux qui persécutaient la foi et empêchaient son progrès. « La fin de toutes choses est proche » écrivait-il plus tôt (1 Pierre 4:7). John Brown commente :

« Ici, ‹ la fin de toutes choses › est la fin de l’économie juive par la destruction du Temple et de la ville de Jérusalem, et la dispersion [de l’ancien] peuple saint. C’était imminent, puisque cette épître semble avoir été écrite vraiment peu de temps avant ces évènements. […] C’est évident que dans les prédictions de notre Seigneur, les expressions ‹ la fin › et probablement ‹ la fin du monde › sont utilisées en référence à la dissolution complète de l’économie juive (voir Matthieu 24:3,6,14,34 ; Romains 13:11-12 ; Jacques 5:8-9). [18]

Une fois que le Seigneur fut venu pour détruire l’échafaudage de la structure de l’Alliance Alliance, le Temple de la Nouvelle Alliance serait laissé à sa place, et la marche victorieuse de l’Église ne pourrait être stoppée. Selon le dessein prédestiné de Dieu, le monde sera converti ; les trésors de la terre seront apportés à la Cité de Dieu, alors que le Mandat créationnel (Genèse 1:28) [et la Grande commission] (Matthieu 28:18-20) [seront graduellement réalisés].

Voilà pourquoi les apôtres affirmaient constamment que l’âge de la consommation avait déjà été mis en œuvre par la Résurrection et l’Ascension de Christ, qui déversa l’Esprit-Saint. Paul, en parlant de l’homme racheté, dit que « si donc quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Corinthiens 5:17). Jean, décrivant sa vision de la culture rachetée, dit la même chose : « Je vis ensuite un ciel nouveau et une terre nouvelle […] car les premières choses sont passées […] Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21:1-5). L’auteur de l’Épître aux aux Hébreux réconforte ses lecteurs du Ier siècle avec l’assurance qu’ils sont déjà arrivés « à la Cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste » (Hébreux 12:22, Bible Martin ; voir Galates 4:26). Alors que les anciens cieux et l’ancienne terre étaient [métaphoriquement] réduits en miettes, les premiers chrétiens recevaient un « royaume qui ne peut être ébranlé », le Royaume éternel de Dieu, apporté par son Fils (Hébreux 12:26-28). Milton Terry a écrit :

« Le langage de 2 Pierre 3:10-12 est emprunté à Ésaïe 34:4, et se limite à la parousia [‹ venue › / ‹ présence ›], tout comme le langage de Matthieu 24:29. Alors, le Seigneur ébranla ‹ non seulement la terre, mais aussi le Ciel › (Hébreux 12:26), et retira les choses qui furent ébranlées afin d’établir un royaume inébranlable. » [19]

Il est crucial de noter que l’apôtre pointe continuellement l’attention de ses lecteurs sur des évènements qui ont déjà commencé à avoir lieu, et non sur des choses qui allaient avoir lieu des milliers d’années dans le futur. Autrement, sa conclusion n’aurait aucun sens : « C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, efforcez-vous d’être trouvés sans tache et sans reproche […] Vous donc, bien-aimés, qui êtes avertis, soyez sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté » (2 Pierre 3:14-17).  Si ces choses se réfèrent à un holocauste thermonucléaire du XXIème siècle, pourquoi cet apôtre inspiré donne-t-il une exhortation aussi sérieuse à des centaines de lecteurs qui ne vivront pas pour voir les choses qu’il prédit ? Une règle cardinale d’interprétation des Écritures est que la Bible interprète la Bible ; [une ramification de cette règle est] que le Nouveau Testament est le commentaire inspiré par Dieu lui-même sur la signification de l’Ancien Testament.

Pierre déclara qu’une fois les vieilles choses retirées, l’âge de Christ serait pleinement établi, une ère « où régnera la droiture » (2 Pierre 3:13, BDP). La caractéristique distinctive de cette nouvelle ère, contrastant avec celle qui l’avait précédé, sera la droiture — une droiture grandissante, pendant que l’Évangile sera libre de poursuivre sa mission vers les nations. Il y a eu plusieurs combats à travers l’histoire de l’Église, bien sûr, et il reste beaucoup de batailles à livrer, mais ceci ne doit pas nous aveugler sur le progrès réel que l’Évangile a fait et continue de faire dans le monde. Le Nouvel Ordre Mondial du Seigneur Jésus-Christ est arrivé. Selon la promesse de Dieu, la connaissance salvatrice de l’Éternel remplira toute la terre, comme les eaux couvrent la mer (Ésaïe 11:9).

Références

  1. Gordon Haddon Clark, II Peter : A Short Commentary, Presbyterian & Reformed Publishing, Phillipsburg (New Jersey), 1975, p. 64.
  2. Jay Edwards Adams, Trust and Obey : A Practical Commentary on First Peter, Presbyterian & Reformed Publishing, Phillipsburg (New Jersey), 1978, p. 129-130. Adam Clarke (1762-1832) écrit ce qui suit dans son commentaire sur 1 Pierre 4:7 : « Pierre dit que la fin de toutes choses est proche ; et il dit cela alors que Dieu avait déterminé de détruire le peuple juif et sa politique [anti-chrétienne] par un des plus grands jugements à être tombé sur une nation ou un peuple. Très peu d’années après l’écriture de cette épître par Pierre – même si on prend la date estimée la plus tôt (60 ou 61 ap. J.-C.) – Jérusalem fut détruite par les Romains. C’est à cette destruction, qui était alors littéralement “proche”, que l’apôtre fait allusion lorsqu’il dit que “la fin de toutes choses est proche” : la fin du Temple, la fin de la prêtrise lévitique, la fin de toute l’économie juive, était alors proche. » Adam Clarke, Commentary on The New Testament of Our Lord and Saviour Jesus Christ, Vol. 2, Carlton & Porter, New York, 1810, p. 864.
  3. Peter James Leithart, The Promise of His Appearing : An Exposition of Second Peter, Canon Press, Moscow (Idaho), 2004, p. 83.
  4. Pour une défense de cette position, consultez David Chilton, Paradise Restored : A Biblical Theology of Dominion, 2ème éd., Dominion Press, Fort Worth (Texas), 2007 (1985), p. 112-122. Le fait est que lorsque l’Écriture emploie le vocable « derniers jours » (et autre expressions similaires) cela signifie, très souvent, non la fin de l’univers matérielle, mais la période de l’an 30 à l’an 70 de notre ère — la période durant laquelle les apôtres prêchaient et écrivaient, les « derniers jours » de l’Israël de l’Ancienne Alliance avant qu’il ne soit détruit pour toujours via la destruction du Temple (et avec lui l’abolition du système sacrificiel de l’A.A.) décrite par Jésus dans son discours sur le mont des Oliviers (Matthieu 24:1-34 ; Actes 2:16-21 ; 1 Timothée 4:1-3 ; 2 Timothée 3:1-9 ; Hébreux 1:1-2, 8:13 et 9:26 ; Jacques 5:7-9 ; 1 Pierre 1:20 et 4:7 ; 1 Jean 2:18 ; Jude 17-19). Voir aussi l’excellent livret de John Bray, Are We Living in the Last Days ?, John L. Bray Ministry, Lakeland (Floride), 1994, 24 p., ainsi que l’ouvrage de Gary DeMar, Last Days Madness : Obsession of the Modern Church, 4ème éd., American Vision Press, Powder Springs (Géorgie), 1999, 443 p.
  5. John Owen, Providential Changes : An Argument for Universal Holiness {prédication sur 2 Pierre 3:11-14}, édité par William Goold, The Works of John Owen, Vol. 9 : Sermons to the Church, Banner of Truth, Édimbourg (Lothian), 1965, p. 134.
  6. David Chilton, Paradise Restored, op. cit., p. 59.
  7. John Brown, Discourses and Sayings of Our Lord, Vol. 1, Banner of Truth, Édimbourg (Lothian), 1967, p. 171 ss.
  8. John Owen, Providential Changes, loc. cit., p. 134.
  9. Gerhard Kittel et Gerhard Friedrich, Theological Dictionary of the New Testament, édité par Geoffrey Bromiley, Eerdmans Publishing, Grand Rapids (Michigan), 1985, p. 1088.
  10. Athanase d’Alexandrie, On the Incarnation of the Word of God, Macmillan Publishers, New York, 1946, p. 61 ss.
  11. John Owen, Providential Changes, loc. cit., p. 135.
  12. John Owen, Providential Changes, loc. cit., p. 135.
  13. John Owen, Providential Changes, loc. cit., p. 134.
  14. Milton Spenser Terry, Biblical Hermeneutics : A Treatise on the Interpretation of the Old and New Testaments, 2ème éd., Zondervan Academic, Grand Rapids (Michigan), 1974, p. 406.
  15. James Stuart Russell, The Parousia : The New Testament Doctrine of Our Lord’s Second Coming, Baker Books, Grand Rapids (Michigan), 1983, p. 321 ss.
  16. John Owen, Providential Changes, loc. cit., p. 134 ss.
  17. John Bray, Heaven and Earth Shall Pass Away, John L. Bray Ministry, Lakeland (Floride), 1995, p. 26.
  18. John Brown cité dans Roderick Campbell, Israel and the New Covenant, Evangelical Press, Welwyn (Hertfordshire), 2010 (1954), p. 107.
  19. Milton Spenser Terry, Biblical Hermeneutics, op. cit., p. 489.

Read Full Post »

Source : Un chapitre de l’ouvrage Jesus v. Jerusalem de Joel McDurmon | Traduction par Libre avec Dieu | Retouches par Le Monarchomaque.

+ + + + +

Le concept d’« Antéchrist » fait aujourd’hui fermement partie de la culture populaire évangélique. D’innombrables enseignements chrétiens en font mention. Ce terme désignerait un certain personnage satanique qui s’élèvera à la fin des temps pour gouverner le monde, tuer les chrétiens et les juifs et soumettre les populations sous un système économique mondial par le moyen d’une marque contenant le nombre 666. Si vous entendez un prêcheur parler de « l’Antéchrist » dans un sermon sur la fin des temps, et qu’il lui attribue les caractéristiques susdites, il est évident qu’il a gobé dogmatiquement et sans trop se poser de question un système théologique sur la fin des temps qui n’est pas biblique, car un tel personnage n’apparaît nulle part dans la Bible.

La croyance populaire

Voici comment un des plus célèbres enseignants sur « les temps de la fin » décrit l’Antéchrist. D’un seul jet, il raconte que « les prophéties bibliques prédisent clairement l’avènement de l’Antéchrist dans les derniers temps et plus de 100 passages de l’Écriture décrivent ses origines, sa nationalité, ses traits de caractère, sa carrière et sa conquête mondiale. Le terme Antéchrist correspond autant à l’individu qu’au système qu’il représente. » [1]

Remarquez bien comment LaHaye et Hindson utilisent le terme « Antéchrist » pour décrire un présumé personnage qui viendra diriger le monde à la fin des temps. De même, un site web pro-dispensationaliste posta un article intitulé « Qui est l’Antéchrist ? » dans lequel l’auteur, Britt Gillette, enseigne que « l’Antéchrist est une personne bien réelle. Durant la période de 7 ans qui précèdera la glorieuse apparition de Jésus Christ, l’Antéchrist aura un pouvoir global sans précédent. » [2]

L’étudiant de la Bible ne devrait pas accepter de telles affirmations sans au moins se poser la question : qu’est-ce que la Bible nous dit à propos de l’ « Antéchrist » ? Le chrétien sérieux devrait s’éloigner de ce genre de déclarations spectaculaires au sujet d’un dictateur surnaturel et étudier les textes fondamentaux.

L’« Antéchrist » dans la Bible

Comme je l’ai affirmé plus tôt, le personnage de l’« Antéchrist » n’apparaît pas dans la Bible, du moins, pas d’une façon qui pourrait ressembler à tout ce qu’on déclare à son sujet. En fait, le terme « antéchrist » lui-même n’apparaît qu’à très peu d’endroits. Ceci pourrait surprendre les chrétiens qui se sont fait dire toute leur vie que la Bible prophétisait un tel dictateur, sans oublier LaHaye et ses 100 passages pouvant soi-disant nous enseigner sur ce personnage. Voici la preuve de ce que nous avançons :

Le mot « antéchrist » nous vient directement du mot grec antichristos. Il apparaît seulement 5 fois dans toute l’Écriture (incluant ses variations grammaticales). Nous le rencontrons pour la première fois dans la première lettre de Jean (1 Jn 2.18). L’introduction du terme se fait sans l’article défini. [3] Littéralement, le texte va comme suit : « Enfants, c’est ici la dernière heure; et comme vous avez entendu dire qu’antéchrist vient, et il y a dès maintenant plusieurs antéchrists, par où nous connaissons que c’est la dernière heure. » (1 Jn 2.18).

De ce premier verset, au moins trois choses sont irréfutablement claires :

  1. « Antéchrist » n’est pas une seule personne. Il s’agit plutôt du terme descriptif d’un groupe, ou d’un type de personne, et non un titre spécialement réservé à une seule personne. Jean n’avait pas l’intention de décrire un dictateur mondial venant accomplir le rôle qui lui avait été prophétisé. Jean annonce plutôt l’arrivée de « plusieurs antéchrists. » Au verset suivant, il exprime la même idée en déclarant que ces antéchrists « n’étaient pas des nôtres; car s’ils [pluriel] eussent été des nôtres, ils [pluriel] seraient demeurés avec nous; mais c’est afin qu’il fût manifesté que tous ne sont pas des nôtres. » (1 Jn 2.19)
  2. Ces antéchrists étaient présents à l’époque où Jean écrivait ces lignes. Nous ne devons plus attendre une apparition dans notre avenir. Jean affirme que « c’est ici », « dès maintenant » que ces antéchrists « sont sortis d’entre nous. » L’affaire est close.
  3. Écrivant sous l’inspiration du Saint-Esprit, Jean interpréta la manifestation de ces antéchrists comme la preuve que lui et ses lecteurs vivaient dans « la dernière heure » ou encore les « derniers temps. » À moins que la dernière heure n’ait duré 2000 ans, nous pouvons donc affirmer que les temps de la fin se rapportent à l’époque de Jean et non à la nôtre. Cela devrait en obliger quelques-uns à revoir l’idée qu’ils se font des derniers temps.

C’est là le premier, et le principal texte faisant mention de l’antéchrist. Le mot apparaît quelques fois encore [dans les épîtres de Jean], nous le verrons dans quelques instants, mais remarquez bien que, mises à part les deux premières lettres de Jean, le terme « antéchrist » n’apparaît nulle part ailleurs dans la Bible, même pas dans le livre de l’Apocalypse.

Nous avons vu jusqu’à présent les deux premières occurrences du mot en 1 Jn 2.18. Dans le même discours, Jean donne à ses lecteurs le moyen de savoir si un antéchrist se trouve parmi eux. Il écrit : « Qui est menteur, si ce n’est celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antéchrist (1 Jn 2.22) ». Bien que ce passage fait usage de l’article défini « l’ » (tant dans le grec que dans la traduction française), il est clair que, comme Jean a déjà établi l’idée qu’antéchrist était un groupe de personnes en général au verset 18, il propose maintenant des critères par lesquels ses lecteurs pourront juger des cas spécifiques (définis) d’hérésie parmi eux. Il individualise son langage en conséquence.

Le même principe s’applique en 1 Jn 4.3 où Jean pousse plus loin les critères de jugement : « Et tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair, n’est point de Dieu. Or, c’est là celui de l’antéchrist, dont vous avez entendu dire qu’il vient, et qui est déjà à présent dans le monde. » La phrase « c’est là celui de l’antéchrist » est une description de l’esprit qui renie Jésus. Autrement dit, cela signifie : « cet esprit de reniement, c’est l’esprit de l’antéchrist. » C’est pourquoi tant de traductions se sentent obligées d’ajouter une deuxième fois le mot « esprit » même s’il n’y en a qu’un dans le texte grec (voir exemples). Cette fois encore, l’article « l’ » apparaît, mais sa fonction est claire, il détermine un cas spécifique et défini de cette hérésie. Tout cela s’appuie sur l’enseignement précédent de Jean au sujet du terme antéchrist : tester les enseignants afin de démasquer les hérésies. Donc, « éprouvez les esprits » poursuit Jean en ouverture du chapitre 4, « car plusieurs faux prophètes (tout comme les antéchrists en 2.18) sont venus dans le monde » (4.1)

L’autre instance du terme survient en 2 Jn 7. Elle renforce et solidifie ce que nous avons dit jusqu’à maintenant. Jean répète le même enseignement presque verbatim, avertissant que « plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde, qui ne confessent point que Jésus est venu en chair. Un tel homme est le séducteur et l’antéchrist. »

L’article défini y apparaît encore, mais il est clair qu’il fait la description d’un groupe. Au pire, Jean pourrait vouloir faire référence à une force surnaturelle unique se cachant derrière ces nombreux « séducteurs », « faux prophètes » et « antéchrists »; mais même là, il ne pourrait s’agir d’un seul individu qui viendra dans notre futur. Cela voudrait simplement dire que, tout comme les pharisiens étaient les enfants du diable « le père du mensonge » (Jn 8.44), ces antéchrists seraient les enfants de cet antéchrist spirituel, le diable. Ce n’est pas nécessairement la bonne interprétation, mais c’est une possibilité.

L’enseignement biblique à propos de cet antéchrist découle donc de ces cinq brèves apparitions du terme à l’intérieur de quatre versets. Ces versets nous enseignent au moins ceci : il y avait plusieurs antéchrists au temps de Jean et leur apparence confirma que la génération de Jean était dans les derniers temps, voire même, dans la dernière heure.

Toutes interprétations sur l’antéchrist qui dévieraient de ces enseignements fondamentaux risqueraient d’ajouter ou de retrancher à la Parole de Dieu. L’Écriture ne nous permet tout simplement pas d’utiliser le terme « l’Antéchrist » pour parler d’un personnage unique encore à venir. Malheureusement, c’est ce que beaucoup font et continuent de faire.

L’erreur de « l’Antéchrist recomposé »

Les données bibliques sur l’antéchrist sont courtes, mais très claires. Cela n’empêche pas pour autant une multitude de chrétiens d’imposer ce terme à d’autres personnages bibliques pour qui ce titre ne leur est aucunement réservé. Il s’ensuit une sérieuse confusion.

Par exemple, LaHaye et Hindson affirment que « la Bible utilise différents noms et titres pour cette personne communément appelée l’Antéchrist. » [4] Dans l’article cité précédemment, Gillette nous sort une longue liste de ces soi-disant noms :

  • La postérité de Satan (Genèse 3.15);
  • La petite corne (Daniel 7.8);
  • Un roi au visage audacieux et entendu dans l’artifice (Daniel 8.23);
  • Un conducteur qui viendra (Daniel 9.26);
  • Le désolateur (Daniel 9.27);
  • Le roi qui fera tout ce qu’il voudra (Daniel 11.36);
  • Le roi d’Assur (Ésaïe 10.12);
  • Le pasteur de néant qui abandonne le troupeau (Zacharie 11.17);
  • Le fils de la perdition (2 Thessaloniciens 2.3);
  • L’impie (2 Thessaloniciens 2.8);
  • L’Antéchrist (1 Jean 2.18);
  • La Bête (Apocalypse 13.11).

Remarquez bien que Gillette fait référence au terme « antéchrist » de 1 Jean 2.18. Comme nous l’avons vu précédemment, il n’y a même pas l’article « l’ » dans ce passage ! Ce titre est donc une pure invention ayant pour but de promouvoir une idée théologique préconçue.

Bien sûr, après avoir créé ce concept de toutes pièces, il ne reste pour ces enseignants qu’à identifier chaque vilain et chaque faux prophète de la Bible avec ce personnage. Le théologien Benjamin B. Warfield nomma cette pratique « la photographie composite » qui s’obtient en connectant « antéchrist » à l’homme du péché de Paul, ou encore la Bête de l’Apocalypse, et encore bien d’autres. [5]

C’est de ce type de construction doctrinale qu’émerge « l’Antéchrist », ce mythe, voire même ce pâté chinois de versets bibliques, concocté avec beaucoup d’imagination et de superstition. Il n’existe pas dans l’Écriture; c’est une invention de théologiens dépendants d’un système eschatologique particulier.

Afin de contourner l’affirmation claire de l’Écriture, ces gentlemen doivent ajouter à la Parole de Dieu. Même après avoir affirmé à quel point la définition du terme était très limitée, LaHaye et Hindson s’en détournent immédiatement. Ils écrivent d’abord : « Fait intéressant, le terme antéchrist (anitchristos en grec) n’apparaît seulement qu’en 1 Jean 2.18, 4.3 et 2 Jean 7. » Ils avouent même qu’il ne s’applique pas à un individu en particulier : « L’apôtre Jean l’utilise autant au singulier (l’antéchrist) qu’au pluriel (les antéchrists). » Ils refusent pourtant d’interpréter le singulier hors de leur système théologique; ils voient dans les mots de Jean leur méga-vilain imaginaire : « Jean informe ses lecteurs qu’ils ont entendu dire que l’Antéchrist viendra dans le futur. » [6]

Jean ne dit rien de tout cela. Comme nous l’avons vu, ce verset exclut spécifiquement l’article défini. LaHaye et Hindson en ajoutent pourtant un, et ils le mettent en italique afin de souligner leur point de vue. C’est un tour de passe-passe : ils placent là un caractère pour cacher leur préjugé théologique; ils ont ajouté aux mots de Jean. C’est cependant un mauvais tour, puisqu’il révèle plutôt leur point de vue biaisé.

De plus, Jean n’affirme pas que « l’Antéchrist viendra dans le futur, » il rappelle simplement à ses lecteurs que « l’Antéchrist vient. » Le temps du verbe est au présent, et non au futur. Jean ajoute ensuite le fait que « plusieurs antéchrists » sont déjà venus comme étant la preuve que la prophétie s’était accomplie, et que c’est grâce à cela qu’il pouvait savoir (avoir la certitude) qu’ils vivaient dans la dernière heure. La manifestation de l’antéchrist comme étant plusieurs antéchrists était l’accomplissement de la prophétie de Jésus pour leur temps de la fin (Mt 24.4-5, 23-28). Cela n’a rien à voir avec un méchant dictateur qui viendra dans le lointain futur.

Pour que leur « montage photographique » se tienne, LaHaye et Hindson doivent ignorer la signification que donne Jean aux plusieurs antéchrists.  Ils admettent que c’est ce que Jean affirme, mais ils ajoutent à la Parole de Dieu en déclarant qu’il « décrit ces antéchrists de moindre importance comme des menteurs qui nient que Jésus est le Christ. » [en page 222 ?] Avez-vous remarqué l’addition du qualificatif « de moindre importance » ? Afin de conserver leur croyance au sujet de la venue future de « l’Antéchrist, » ils minimisent ce que Jean enseigne. Les mots « de moindre importance » sont un ajout à la Parole de Dieu.

Cet ajout tord le sens de l’Écriture sur le sujet d’antéchrist. Cela voudrait donc dire qu’il existe un « Antéchrist suprême, » et que nous devons tenir pour acquis qu’il arrivera dans le futur. Alors, à moins de réunir tous les méchants dirigeants de la Bible, d’en extraire une prophétie imaginaire fondée sur cet amalgame et de donner à ce Frankenstein le nom « d’Antéchrist », aucun personnage du genre ne saurait se glisser dans nos discussions théologiques. La seule chose qui pourrait s’en approcher, ce serait d’interpréter l’esprit de l’antéchrist comme étant une force transcendante, animant ces nombreux antéchrists. Comme nous en avons discuté plus tôt, ceci ne voudrait pas dire qu’il s’agit d’une personne particulière qui fera son apparition dans l’histoire.

La Bible est si simple et si claire qu’il devient intéressant de constater que des enseignants comme Gillette s’écartent du vrai sens de l’Écriture au profit de leur point de vue théologique:

Malgré le fait que beaucoup de gens affirment que la Bible ne fait aucune mention d’un individu comme étant l’Antéchrist, qu’il s’agirait plutôt de « l’esprit de l’Antéchrist, » une image complète de cet infâme personnage ressort d’une lecture approfondie de l’Écriture.

Il cite ensuite le catalogue de vilains personnages bibliques mentionné plus haut. Pire encore, je suis abasourdi de constater que dans un texte de 2400 mots bravement intitulé « Qui est l’Antéchrist ? » il n’y ait aucune discussion sur les passages où le mot apparaît. Il ne fait qu’une petite mention de 1 Jn 2.18 comme étant un verset contenant le titre de l’Antéchrist, mais nous avons vu que l’article défini n’était pas dans le texte grec. On s’attendrait à ce qu’un article sur le sujet fasse au moins l’exégèse des cinq endroits où le terme apparaît. Gillette ratisse plutôt le reste de l’Écriture afin d’y trouver tous les méchants qu’il peut trouver dans les prophéties pour ensuite affirmer que ceux-ci sont l’Antéchrist. Le problème est évident : au lieu de laisser la Bible définir le terme « Antéchrist » et d’interpréter le reste de l’Écriture en conséquence, les enseignants comme Gillette inventent tout d’abord la définition du terme, et recherchent ensuite les Écritures pour y introduire de force leur interprétation.

Une conclusion logique

Nous savons maintenant que le concept populaire d’Antéchrist est un mythe. La question « Qui est l’Antéchrist ? » devient donc une erreur de logique.  La réponse adéquate à la question « Qui est l’Antéchrist ? » est « Je rejette l’idée préconçue qu’un tel personnage existe ! »

Références

  1. Tim LaHaye et Edward Hindson (éds.), The Popular Encyclopedia of Bible Prophecy, Harvest House Publishers, Eugene (Oregon), 2004, p. 23.
  2. Britt Gillette, « Who is the Antichrist ? », Rapture Ready, en date du 10 mars 2011.
  3. Certaines traductions anglaises ajoutent « the » malgré tout, mais il n’y aucune raison pour cela. Certains traducteurs imaginent qu’une règle grammaticale grecque compliquée l’exige (la soi-disant « règle de Colwell »), mais celle-ci ne s’applique pas nécessairement ici.
  4. Tim LaHaye et Edward Hindson (éds.), The Popular Encyclopedia of Bible Prophecy, p. 24.
  5. Voir Benjamin Breckinridge Warlfield tel que cité par Kim Riddlebarger, The Man of Sin : Uncovering the Truth about the Antichrist, Baker Books, Grand Rapids (Michigan), 2006), p. 80 ; remarquez que même l’auteur (de confession calviniste et amillénariste) ajoute l’article défini « the » dans son sous-titre.
  6. Tim LaHaye et Edward Hindson (éds.), The Popular Encyclopedia of Bible Prophecy, p. 23 ; ils mettent même l’accent sur l’article défini « l’Antéchrist ».

Read Full Post »