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Archive for the ‘Droit américain’ Category

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La Cour suprême [des États-Unis d’Amérique] a rendu vendredi [le 24 juin 2022] un arrêt dans l’affaire Dobbs c. Jackson Women’s Health Organization. Elle a renversé l’arrêt Roe c. Wade, qui légalisait l’avortement au niveau fédéral [états-unien]. L’enjeu de l’affaire était de savoir si toutes les restrictions à l’avortement avant la viabilité [des enfants à naître] sont anti-constitutionnelles, ou non.

« La Constitution ne confère pas un droit à l’avortement ; Roe et Casey sont annulés ; et le pouvoir de réglementer l’avortement est rendu au peuple et à ses représentants élus », peut-on lire dans la décision. Le juge Alito a rédigé l’opinion, comme on pouvait s’y attendre sur la base du projet de mai qui avait fait l’objet d’une fuite. Il conteste l’arrêt Roe pour des raisons constitutionnelles, affirmant que la décision de 1973 avait arraché le droit à chaque État d’en décider pour lui-même.

La décision, dont un avant-goût avait été divulgué fin avril, annule essentiellement la décision historique de 1973 dans l’affaire Roe c. Wade qui a légalisé l’avortement au niveau fédéral. Désormais, la décision de légaliser ou non l’avortement revient aux États [fédérés].

Le juge Samuel Alito a émis l’opinion, et a été rejoint par Gorsuch [nommé par Trump en 2017], Kavanaugh [nommé par Trump en 2018] , Barrett [nommé par Trump en 2020] et Thomas [ainsi que le juge en chef Roberts]. Les dissidents étaient Breyer, Sotomayor et Kagan. La décision se lit comme suit :

« La Constitution ne fait pas expressément référence à un droit d’obtenir un avortement, mais plusieurs dispositions constitutionnelles ont été alléguées comme foyers potentiels d’un droit constitutionnel implicite [à cet effet]. Selon Roe, le droit à l’avortement fait partie d’un droit à la vie privée qui découle des 1er, 4ème, 5ème, 9ème et 14ème amendements. […]. »

[Le jugement poursuit :] « L’arrêt Casey a fondé sa décision uniquement sur la théorie selon laquelle le droit d’obtenir un avortement fait partie de la ‹ liberté › protégée par la clause de procédure régulière du 14ème amendement. D’autres ont suggéré que l’on pouvait trouver un soutien dans la clause de protection égale du 14ème amendement, mais cette théorie est carrément exclue par les précédents de la Cour, qui établissent que la réglementation de l’avortement par un État n’est pas une classification fondée sur le sexe et n’est donc pas soumise à l’examen approfondi qui s’applique à de telles classifications. »

La Cour a ensuite examiné « si le droit d’obtenir un avortement est enraciné dans l’histoire et la tradition de la nation et s’il constitue une composante essentielle de la ‹ liberté ordonnée ›. » Elle a conclu que « le droit à l’avortement n’est pas profondément enraciné dans l’histoire et la tradition de la nation. La théorie sous-jacente sur laquelle reposait l’arrêt Casey – à savoir que la clause de procédure régulière du 14ème amendement offre une protection substantielle, ainsi que procédurale, de la ‹ liberté › – est depuis longtemps controversée. »

En renvoyant la décision sur la légalité de l’avortement aux États [fédérés], la Cour écrit que « la compréhension historique qu’a la nation de la liberté ordonnée n’empêche pas les représentants élus du peuple de décider comment l’avortement devrait être réglementé ». La Cour défend également la validité d’une « vie potentielle », déclarant, dans son annulation de Roe et Casey, que « les tentatives de justifier l’avortement par des appels à un droit plus large à l’autonomie et à la définition du ‹ concept d’existence › de chacun s’avèrent excessives ».

« Ces critères, à un haut niveau de généralité, pourraient autoriser les droits fondamentaux à la consommation de drogues illicites [sic], à la prostitution et autres. Ce qui distingue nettement le droit à l’avortement des droits reconnus dans les affaires sur lesquelles s’appuient Roe et Casey est quelque chose que ces deux décisions ont reconnu : L’avortement est différent parce qu’il détruit ce que Roe appelle une ‹ vie potentielle › et ce que la loi contestée dans cette affaire appelle un ‹ être humain non né ›. »

« Aucune des autres décisions citées par Roe et Casey n’impliquait la question morale critique posée par l’avortement. En conséquence, ces affaires ne soutiennent pas le droit d’obtenir un avortement, et la conclusion de la Cour selon laquelle la Constitution ne confère pas un tel droit ne les remet [ces autres droits] nullement en cause. »

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Pour Alito, la viabilité était une préoccupation majeure. Il a noté qu’en vertu de la décision précédente [soit Roe ou Casey], « chaque trimestre de la grossesse était réglementé différemment, mais la ligne la plus critique était tracée à peu près à la fin du deuxième trimestre [c’est-à-dire à six mois de grossesse], ce qui, à l’époque, correspondait au moment où l’on pensait que le fœtus atteignait la ‹ viabilité ›, c’est-à-dire la capacité de survivre en dehors de l’utérus. Bien que la Cour avait reconnu que les États avaient un intérêt légitime à protéger la « vie potentielle », elle avait estimé que cet intérêt ne pouvait justifier aucune restriction sur les avortements de pré-viabilité. »

La science médicale s’est accélérée au point que même les bébés nés à seulement 21 semaines de gestation sont capables de survivre avec une aide médicale. Alito a cité la loi du Mississippi qui a été contestée, et qui se lit comme suit : « Sauf en cas d’urgence médicale ou d’anomalie grave du fœtus, une personne ne doit pas, intentionnellement ou sciemment, pratiquer ou provoquer l’avortement d’un être humain à naître si l’âge gestationnel probable de l’être humain à naître a été déterminé comme étant supérieur à quinze (15) semaines. »

Il a fait remarquer que cette décision des législateurs du Mississippi était étayée par le fait que « au moment de la promulgation de la loi, seuls six pays autres que les États-Unis autorisaient l’avortement non thérapeutique ou facultatif sur-demande après la vingtième semaine de gestation ». Ces législateurs avaient étudié le processus de gestation et la croissance du bébé à naître, déterminant que l’interruption de grossesse, même à 12 semaines, « pour des raisons non thérapeutiques ou facultatives est une pratique barbare, dangereuse pour la patiente et dégradante pour la profession médicale ».

Concernant la dissidence de cette opinion : « La dissidence est très franche sur le fait qu’elle ne peut pas montrer qu’un droit constitutionnel à l’avortement a un quelconque fondement – et encore moins un fondement ‹ profondément enraciné › – ‹ dans l’histoire et la tradition de cette nation ›. »

Dobbs c. Jackson Women’s Health Organization a testé une loi du Mississippi qui interdisait la plupart des avortements après 15 semaines de grossesse. Les tribunaux inférieurs ont empêché la promulgation de cette loi, car elle était directement contraire à une décision antérieure dans l’affaire Planned Parenthood c. Casey qui empêchait les États [fédérés] d’interdire l’avortement dans les 24 premières semaines de gestation.

Plusieurs États ont déclaré qu’ils deviendraient des États sanctuaires pour l’accès à l’avortement, notamment la Californie, New York, le New Jersey, le Connecticut et le Colorado. De nombreux États, comme l’Oregon, autorisent déjà l’avortement sur-demande jusqu’au troisième trimestre [inclusivement]. D’autres États ont adopté des lois qui restreignent drastiquement l’avortement, comme le Texas, le Mississippi, l’Oklahoma [et une vingtaine d’autres].

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies [une agence gouvernementale fédérale] indiquent qu’il y a eu 629 898 avortements aux États-Unis en 2019, mais ils s’appuient sur des données déclarées volontairement ; or la Californie, le Maryland et le New Hampshire n’ont pas communiqué leurs totaux. Ce nombre est plus élevé que les 619 591 avortements déclarés volontairement en 2018, et que les 612 719 avortements de 2017. L’Institut Guttmacher [un lobby gauchiste pro-avortement] compile ses données en contactant chaque fournisseur d’avortement du pays et utilise les données des départements de santé [publics], et a constaté qu’il y avait eu 862 320 avortements en 2017. Aucun de ces chiffres ne tient compte de l’utilisation des pilules abortives obtenues en vente libre.

Source originale : Breaking : Supreme Court Overturns Roe v. Wade sur The Post Millennial.

Traduction française par Le Monarchomaque.

Affiches pro-vie ci-dessus glanées sur Reformed Perspective.

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Nullification Movie

Les États-Unis d’Amérique sont, le nom le dit, une union d’États qui ont délégué des pouvoirs spécifiques et restreints à un organe fédératif (du latin feodus, alliance). Il en découle qu’en principe, l’organe fédéral est au service des États qui l’ont créé. Or en ce début de XXIe siècle, l’État fédéral — et notamment sa branche judiciaire — continue de vouloir inverser le rapport de force en rétrogradant les États dans un statut de stricte subordination (plutôt que de coopération). Se faisant, il viole fréquemment l’intégrité juridique et économique des États. Par exemple, en 2011, un tribunal fédéral de première instance a renversé un référendum de 2008 rétablissant le mariage traditionnel en Californie (violant ainsi grossièrement la démocratie), malgré que le mariage n’est aucunement une compétence fédérale selon la Constitution des États-Unis. Un tribunal fédéral d’appel a maintenu ce renversement en 2012. La cause est actuellement devant la Cour suprême à Washington qui est réputée très à gauche. Sur un autre terrain, en 2011, un juge nommé par Obama a renversé une loi adoptée par l’Assemblée générale de l’Indiana ayant pour objet de cesser les subventions étatiques à l’industrie criminelle qu’est Planned Parenthood. Par cette action d’une légalité douteuse, ce juge fédéral force la collectivité politique de l’Indiana à financer un lobby privé corrompu. Encore en 2011, un scénario similaire s’est produit en Caroline du Nord où un juge fédéral nommé par Bill Clinton a suspendu une loi adoptée par l’Assemblée générale de la Caroline du Nord ayant pour objet de cesser les subventions versées à Planned Parenthood. Insatisfaits de ce résultat, la machine fédéraliste-socialiste a obtenu l’année suivante une subvention fédérale contrecarrant la législation de la Caroline du Nord équivalant à trois fois le montant de l’ancienne subvention ! En 2012, la Cour suprême a interdit aux citoyens de l’Oklahoma de voter sur le statut juridique des enfants à naître. Toujours en 2012, cette infâme judicature fédérale a temporairement forcé les mères au foyer du Michigan d’être membres d’un syndicat marxiste de travailleuses à domicile qui spolie leur chèque d’aide médicale !

Face à ces tribulations, la stratégie républicaine & conservatrice, ces dernières décennies, a consisté à résister passivement à ces agressions en mobilisant uniquement les recours conventionnels du droit (c’est-à-dire ceux d’un usage fréquent). Constatant l’inefficacité flagrante ce des moyens trop peu musclés et appréhendant les difficultés futures, le Tenth Amendment Center, la Foundation for a Free Society et Restore the Republic ont produits le documentaire Nullification : The Rightful Remedy qui explique comment les États américains peuvent légalement annuler les actes anticonstitutionnels émanant des différentes branches du gouvernement fédéral (en appliquant la doctrine de l’interposition).

Bande-annonce :

Documentaire complet (je vous suggère de sauter les cinq premières minutes) :

Si le vidéo ne joue pas, essayez ici, ici ou ici.

Pour un exposé académique en français sur les doctrines d’interposition et d’annulation, je vous encourage à vous référer aux pages 84 à 103 (inclusivement) de ce mémoire de recherche : La contribution des antifédéralistes des origines à la théorie constitutionnelle américaine [Université de Lille]

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Trois Pères Fondateurs américains : Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et George Washington

J’ai déjà souligné que le christianisme est largement à l’origine du droit politique occidental (voir ici) ainsi que de multiples autres branches de notre droit (voir ici). Conséquemment, il est normal que les citoyens chrétiens soient préoccupés par l’érosion graduelle de nos libertés et garanties juridiques fondamentales face à la tyrannie des appareils étatiques centralisateurs (voir ici ainsi qu’ici). Aux États-Unis, des magistrats et des simples citoyens ont décidés de prendre le taureau par les cornes au lieu de faire l’autruche. La bande-annonce du documentaire Last Line of Defense produit par l’Association des shérifs et officiers de paix constitutionnels nous livre un aperçu de ce mouvement organisé :

Extraits − Richard Mack (shérif à la retraite du comté de Graham en Arizona) sur la souveraineté des États composant l’Union fédérale (du latin feodus, alliance) :

Extraits − Ken Ivory (député à la Chambre des Représentants de la Législature de l’Utah) rappelle que les États peuvent et doivent défendre la droiture et la liberté face au despotisme du Fédéral :

Extraits − Le shérif Mack sur le devoir constitutionnel du shérif :

À consulter également sur Le Monarchomaque :

Et hors-site : Oath Keepers − Guardians of the Republic

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Une demi-décennie de brassage d’idées par le Tea Party vient de faire son effet sur le Parti républicain des États-Unis d’Amérique. La toute nouvelle plateforme de l’une des formations politiques les plus puissantes au monde effectue un retour à la pensée constitutionnaliste des Pères Fondateurs. Les textes du préambule et du Bill of Rights de la Constitution fédérale américaine en première page introduisent ce thème avec force. Après, une section de six pages entièrement consacrée à l’objectif de la “restauration d’un gouvernement constitutionnel” pose un diagnostique juridique de l’état pitoyable dans lequel la république fédérale américaine se trouve aujourd’hui, et identifie le remède : Revenir aux racines de la pensée théologique d’où émergèrent les États-Unis, c’est-à-dire, au premier chef, une constitution écrite ferme comme pacte social conscient.

Beaucoup de gens l’ont oubliés aujourd’hui, mais les gouvernements civils ne sont rien d’autre des créatures de leurs constitutions respectives, en dehors desquelles ils n’ont pas d’existence légitime. Le respect des constitutions est la seule sauvegarde face à la gouvernance absolue et arbitraire. Ce rappel à l’ordre constitutionnel lacé par la Convention nationale républicaine tonne fort. À titre indicatif, le terme “constitution” figure à une soixantaine d’endroits dans cette plateforme de 2012, alors qu’on ne le retrouvait qu’une trentaine de fois dans la plateforme de 2008. Les références à “Dieu” reviennent à douze occurrences tandis qu’il y a quatre ans on en retrouvait à peine à deux endroits, ce qui témoigne sans doute de la dynamique religieuse du Tea Party.

Cela étant dit, cette dialectique du Tea Party — et maintenant de la Convention républicaine — comporte une faille. En martelant le respect de la légalité constitutionnelle, ils en sont venus à ériger ce texte (et ses auteurs) comme une sorte de summum de la réflexion duquel il serait inadmissible de diverger. Cela empêche la masse des militants de droite de voir plus loin (tant dans l’histoire que dans la profondeur doctrinale) et coupe la mouvance conservatrice de son riche et fécond héritage puritain du XVIe siècle. Rappelons le, le constitutionnalisme n’est nullement une invention des Pères Fondateurs de la fin du XVIIe, mais était déjà un acquis des huguenots français, des réformés néerlandais, covenantaires écossais, des parliamentarians anglais puis des Pères Pèlerins en Nouvelle-Angleterre quelque 150-200 ans plus tôt, comme en atteste l’abondante littérature légale de cette époque, doit voici une sélection…

Outre l’amnésie du Tea Party pour essentiellement toute l’histoire constitutionnelle pré-1787 et son adulation dépourvue de sens critique de l’actuelle Constitution fédérale américaine, une chose que le Tea Party ne semble pas avoir clarifié est dans quelle forme la Constitution a-t-elle autorité ? Ce document amendable précise par quelle procédure il peut être légalement amendé. Or cette procédure a plusieurs fois été violée, ce qui soulève la question de la validité légale de certaines portions ajoutées au texte. J’ai déjà souligné l’illégalité de la “clause d’exception” prohibant les prières dans les écoles publiques du pays ajoutée illicitement au Ier Amendement par la Cour suprême en 1962. Plus préoccupant encore est le XIVe Amendement. Il fut édicté par le Congrès fédéral en toute illégalité en 1868 (dans la foulée de la guerre d’agression du Nord contre le Sud et pendant la subséquente dictature militaire imposée par Washington sur le Sud).

Cet amendement interdit pratiquement aux États composant l’Union d’adopter une compréhension des droits civiques différente de celle décrétée par le bon vouloir du Fédéral. Au plan juridique, cela réduit les États sensément autonomes en de simples succursales du Fédéral désormais devenu tout-puissant. C’est avec ce XIVe Amendement que la judicature fédérale réprime systématiquement toute tentative entreprise dans les États fédérés pour sortir du présent carcan sur des enjeux tels que l’avortement ou le “mariage” gai, par exemple. Or au lieu de préconiser une restauration de la république originelle sous une Constitution de 1787, la récente plateforme républicaine prône d’en appeler au XIVe Amendement de 1868 afin de protéger le droit à la vie des enfants à naître. Comme si le système judiciaire fédéral allait emboîter le pas.

Toutes ces tergiversations sur la Constitution de 1787 sont vaines. Ce qu’il faut faire, c’est reconnaître la non-légitimité de cette Constitution fédérale issue d’un coup d’État et de retourner au puritanisme fondateur, comme le démontre Gary North dans son étude-enquête Conspiracy in Philadelphia dont voici une présentation vidéo :

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Davantage de suggestions de lecture en histoire du droit fédéral américain :

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Aux États-Unis, les shérifs se préparent à résister au gouvernement fédéral en s’appuyant sur leurs micro-armées de county (comté) et des milices constitutionnelles locales. Selon la Constitution américaine, le gouvernement fédéral n’a aucun pouvoir légal lui permettant de dicter quoi que ce soit aux shérifs (10e Amendement). Le shérif est une puissance souveraine (dans sa juridiction), élu et mandaté par son county. Cela implique qu’il a uniquement des comptes à rendre à son county (We the People) et à la Constitution, pas au Congrès de Washington. En fait ils sont les seuls « law enforcment officer » qui existent légitimement aux États-Unis. Récemment, y a eu plusieurs cas d’altercations militaires entre des swat de county et des agents fédéraux. Les county ont d’ailleurs l’autorisation légale de déployer des forces aériennes (drones et/ou hélicoptères) pour surveiller les intrusions (fédérales ou extra-nationales) sur leur territoire. Il y a quelques 900 county aux États-Unis et la majorité sont conservateurs & autonomistes. Un jour il suffira d’une étincelle pour que ça fasse boule de neige.

Si le vidéo ne joue pas il est archivé ici.

Pour plus de renseignements sur l’autorité constitutionnelle des shérifs et l’étendue de la juridiction des county (ou parish en Louisiane), consulter :

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WeThePeople

J’ai déjà abordé la question du rapport entre la religion et la Constitution fédérale américaine, démontrant que constitutionnellement, les États-Unis ne sont pas laïcs et que tout ce que Thomas Jefferson voulait dire en écrivant qu’il devrait y avoir une « séparation entre l’Église et l’État » c’est qu’il ne doit pas y avoir d’Église d’État afin de protéger les Églises de l’ingérence étatique. Ce sujet mérite d’être approfondi. Les militants laïcistes citent continuellement l’establishment clause du 1er amendement de la Constitution fédérale américaine – qui édicte que « le Congrès ne fera aucune loi relative à l’établissement de la religion ou prohibant le libre exercice de celle-ci » – pour justifier la sécularisation complète de la sphère publique.

Or, cette Constitution elle-même est un document confessionnel chrétien, pour deux raisons. D’abord, l’Article 7 de la Constitution clôt le document en stipulant « Fait en Convention, du consentement unanime des États représentés, le dix-septième jour de septembre de l’an 1787 de Notre Seigneur », puis suivent les signatures apposées par une quarantaine des Pères Fondateurs délégués par leurs États respectifs. « Notre Seigneur » dont il est question ici est certainement Jésus-Christ. Ceci est irréfutablement une allégeance confessionnelle faisant de la Constitution un document chrétien. Les jurisconsultes qui ont élaborés ce texte savaient très bien ce qu’ils faisaient et mesuraient scrupuleusement la portée de chacun des mots qu’ils y inscrivaient. Si les Pères Fondateurs avaient vraiment voulu que la Constitution et l’État qui en émane soient « religieusement neutres » (comme si une telle chose était possible), ils n’auraient certainement pas ajoutés la mention « de Notre Seigneur ». Les progressistes postmodernes pourraient alléguer que ce n’était qu’une formalité d’époque, mais en suivant cette fausse logique nous pourrions étendre ce raisonnement à l’entièreté de la Constitution et ainsi la rendre caduque.

Ensuite, la Section 7 de l’Article 1 de la Constitution affirme que le chef du pouvoir exécutif (c’est-à-dire le Président) a dix jours pour approuver ou renvoyer les projets de loi élaborés par le Congrès qui les lui soumet, dimanche non compté. Cette importante précision vise à favoriser la pratique du christianisme jusqu’au plus haut échelon du gouvernement. C’est là une allégeance confessionnelle supplémentaire que contient la Constitution : le jour de repos chrétien est reconnu et protégé par le document qui établit la légitimité même de l’État fédéral américain. Les instances gouvernantes ont l’obligation légale de respecter le jour du Seigneur (Jésus-Christ).

Gary DeMar, l’ex-président du ministère réformé American Vision, explique :

Maintenant, revenons à l’establishment clause du 1er amendement. Pour interpréter correctement l’injonction constitutionnelle à ne pas « établir de religion » (injonction qui pèse uniquement sur la législature fédérale et non sur les autres branches ou paliers de gouvernement civil), il faut la replacer dans le contexte politico-religieux américain de la fin du XVIIIe siècle. Pour comprendre cette phraséologie volontiers floue, il faut l’éclairer du sens que les rédacteurs de la Constitution lui donnaient. Une panoplie d’exemples pourraient être cités, mais prenons-en seulement quelque-uns.

En 1782, alors que la guerre empêchait l’importation de Bibles dans les colonies insurgées, les Pères Fondateurs du Congrès Continental approuvèrent l’édition de 30 000 Bibles avec des fonds publics. D’ailleurs, le Président du Congrès Continental en 1782-1783, Elias Boudinot d’origine huguenote (réformée française), fut aussi le premier président de lAmerican Bible Society. Assurément, les Pères Fondateurs considéraient que la promotion ouverte du christianisme par les divers niveaux et organes de l’État est compatible avec le non-établissement d’une Église particulière par le Congrès fédéral.

Similairement, le 4 décembre 1800, le Congrès approuva lutilisation du Capitol Building comme bâtiment d’église le dimanche. Visiblement, les législateurs fédéraux ne voyaient là aucune contradiction avec le 1er amendement. Et il est significatif que ce même Capitol Building – bien qu’il fut dès le départ destiné à accueillir la Chambre des représentants et le Sénat – fut utilisé comme église dès 1795, soit une demi-décennie avant que la députation ne s’y installe et n’y amorce ses travaux !

On trouvera beaucoup plus d’information sur l’intention originelle du 1er amendement dans l’ouvrage The Christian Life and Character of the Civil Institutions of the United States de B.F. Morris, dont lédition originale remonte à 1864 mais qui fut réédité par American Vision en 2007.

Il est aussi intéressant d’étudier la théologie politique des chrétiens puritains qui ont précédés les Pères Fondateurs en établissant les Treize Colonies. Voici une citation tirée de l’ouvrage The Christian Life and Character auquel il est fait référense ci-dessus (ma traduction) :

Le Cadre de gouvernement civil que William Penn a complété en 1682 pour la gouvernance de la [Province de] Pennsylvanie était dérivé de la Bible. Il a déduit de plusieurs passages bibliques que l’origine de tout pouvoir humain descend de Dieu et que les gouvernements [civils] ont un droit divin à deux fins : {1} Terrifier les malfaiteurs ; et {2} Chérir ceux qui font le bien ; de façon à ce que le gouvernement [civil] en soi fasse partie de la religion, une chose sacrée dans ses institutions et ses fins.
Source : The Christian Origins of the American Constitution [New Geneva Orthodox Presbyterian Church]
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À l’instar de l’Israël antique, la Chrétienté pré-postmoderne reconnaissait qu’elle formait le Royaume de Dieu car elle était gouvernée (officiellement du moins) par la loi de l’Éternel telle qu’énoncée dans l’Écriture Sainte. En tant que peuple de Dieu en vertu de la Nouvelle Alliance, les populations protestantes occidentales étaient sujettes à la loi divine d’un manière analogue à la nation hébraïque en Antiquité.
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Au XVIIe siècle, des dizaines de milliers de puritains – des réformés écossais et anglais (presbytériens, congrégationaliste ou réformés baptistes) – persécutés par les catholiques romains et leurs émules anglicans se réfugièrent au Nouveau Monde. Ils entreprirent d’y créer une société nouvelle, purifiée des souillures de la Vieille Europe et dotée d’un système de gouvernement qui soit exempt de toute influence non-chrétienne.
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C’est dans cette démarche que les pionniers puritains de la Colonie de la Baie du Massachusetts ont aboli la peine de mort pour crime de vol sur la base que le Lévitique ne prescrit aucunement une telle sanction pour ce crime ; cette peine démesurée était sans doute un lointain héritage païen anglo-saxon. Semblablement, l’Assemblée Générale de la Colonie de New Haven (située dans l’actuel Connecticut) établit la loi divine – sans aucune interférence extérieure – comme étant la loi de la colonie, tels qu’en témoignent les résumés archivés de ses résolutions…
Le 2 mars 1641 : Selon l’accord fondamental – fait et publié par plein et général consentement, lorsque la plantation s’est mise en place et qu’un gouvernement fut fondé – les lois judiciaires de Dieu transmises par Moïse étayées dans d’autres parties de l’Écriture, pour autant qu’elles soient reliées à la Loi morale [ou dépendantes d’icelle] et qu’elles soient ni cérémonielles ni spécifiques [aux Hébreux] ou qu’elles n’aient aucune référence à Canaan, ont une équité éternelles en elles, et devront servir de règle pour les procédures.
Le 3 avril 1644 : Il fut ordonné que les lois judiciaires de Dieu, telles qu’elles furent livrées par Moïse […] seront la règle pour toutes les cours de cette juridiction dans leurs procédures.
Source : Institutes of Biblical Law [Christ Rules]
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Ressources historiques et juridiques supplémentaires sur la place de la religion chrétienne dans l’ordre fédéral américain :

Sans oublier cette excellente série signée par la plume du théologien et éthicien réformé Phillip Kayser :

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Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof ; or abridging the freedom of speech, or of the press ; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances.

C’est le 1er article du Bill of Rights, une série de Dix Amendements relatifs aux droits individuels ajoutés le 15 décembre 1791 à la Constitution américaine de 1787 lorsqu’elle fut ratifiée par les délégués de trois-quarts des États américains nouvellement indépendants.

L’interprétation de première partie de cet article fait l’objet d’un débat intense et constant entre conservateurs et progressistes, les premiers l’invoquant pour défendre leur liberté religieuse, les seconds pour imposer leur agenda séculariste.

La traduction la plus souvent admise de la partie qui nous intéresse est celle-ci :

Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion.

Une autre traduction que l’on retrouve se lit comme suit :

Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice.

Soulignons d’abord que cet article stipule que le Congrès (pas l’exécutif fédéral ou le judiciaire), juste le Congrès (et pas les législatures d’État ou les gouvernements locaux), ne fera aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice.

LA SEULE RESTRICTION PÈSE SUR LE CONGRÈS.

Ensuite, « ne pas interdire le libre exercice de la religion », cela est assez clair, et à ce niveau, c’est incontestablement les militants athées qui sont dans le tord avec leurs manies fascisantes, comme par exemple envoyer en prison les enseignants qui font des prières volontaires avant le repas dans les écoles publiques (sans les élèves).

Mais qu’en est-il de « ne pas légiférer l’établissement de la religion » ? Cela signifie-t-il que les instances gouvernementales dépendant du Congrès doivent être complètement « religieusement neutre », c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas reconnaitre et favoriser aucune religion, que l’appareil étatique fédéral doit être laïc mur-à-mur ? Ou bien simplement qu’il ne doit pas y avoir d’Église d’État, comme c’est le cas en Angleterre, où le souverain est, par sa fonction même, le chef de l’Église anglicane ?

Il faut d’abord admettre que la formule « ne pas légiférer l’établissement de la religion » est plutôt floue. Si on la prend littéralement (la première option), elle peut tout aussi bien vouloir dire « ne pas légiférer le non-établissement de la religion », bref « ne pas se mêler de l’établissement de la religion ». Cela serait plus une politique de neutralité passive que de neutralité active. La nuance est importante, car la seconde interprétation implique un laissez-faire du Congrès, une attitude de désengagement.

La notion de neutralité religieuse elle-même est ambiguë et d’une pertinence discutable : neutralité religieuse rime habituellement avec irréligion, irréligion avec incroyance, incroyance avec athéisme/agnosticisme. Et le laïcisme n’est pas essentiel à la garantie de la liberté religieuse : un État peut très bien favoriser une religion (celle de la majorité fondatrice & historique) tout en respectant le libre exercice des autres religions.

Quoi qu’il en soit des possibles interprétations modernes, il est évident, à la lumière du témoignage de l’Histoire, que, dans l’esprit des Pères fondateurs, le 2e amendement de la Constitution américaine n’implique aucunement la séparation totale de la religion et de l’État. On peut citer énormément d’exemples en attestant. Prenons la Déclaration d’indépendance promulguée par les représentants des Treize colonies le 4 juillet 1776, où l’on peut lire :

Nous tenons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables et que parmi ceux-ci figurent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.

On peut également mentionner que le bâtiment du Capitole, où siège le Congrès à Washington, fut utilisé comme une église chaque dimanche de 1795 à 1868. Ce service religieux était fréquenté très assidument par le 2e président des États-Unis, Thomas Jefferson. En fait, c’était une pratique courante pour les membres du Congrès et leur famille d’assister au culte au Capitole le dimanche matin. D’ailleurs, l’expérience fut répétée en 2010. Puisque le service était multiconfessionnel protestant (c’est-à-dire modérément œcuménique), ou bien que des prédicateurs de diverses dénominations chrétiennes étaient autorisés à prêcher à tour de rôle ou simultanément (dans différentes salles), il n’y avait pas de favoritisme entre les églises trinitaires et par conséquent le Congrès n’instaurait pas une dénomination particulière (épiscopalienne, presbytérien, méthodiste, etc.) comme Église d’État, cette pratique n’était pas en violation du 1er amendement.

Il suffit de donner la parole aux Pères Fondateurs pour savoir ce qu’ils en pensaient…

Le pouvoir suprême [c-à-d le Parlement britannique] ne peut justement prendre la propriété d’aucun homme sans son consentement. Les droits naturels des colons sont les suivants : Premièrement, le droit à la vie ; Deuxièmement, le droit à la liberté ; Troisièmement, le droit à la propriété ; ainsi que le droit de se supporter et de se défendre de la meilleur manière qu’ils le peuvent. Les droits des colons peuvent être compris en étudiant soigneusement les instituts du Grand Donneur de la Loi et Tête de l’Église chrétienne [Jésus-Christ], lesquelles se trouvent clairement écrits et promulgués dans le Nouveau Testament.

— Samuel Adams, surnommé le « Père de la Révolution »,  député au Congrès Continental (1774-1781), Gouverneur du Massachusetts (1789-1797), en 1772

La Providence a donné à notre peuple le choix de ses dirigeants. Il est un privilège, un devoir ainsi que dans l’intérêt d’une nation chrétienne de préférer et de choisir des chrétiens comme dirigeants.

— Jonh Jay, premier Juge en chef des États-Unis, 28 février 1797

Notre Constitution a été faite uniquement pour un peuple moral et religieux. Elle est complètement inadéquate pour le gouvernement de n’importe quel autre.

— Jonh Adams, second Président des États-Unis (1797-1801), 11 octobre 1798

Les plus grands piliers de tout gouvernement et de la vie sociale sont la vertu, la moralité et la religion. Ceci est l’armure, mon ami – et c’est cela uniquement – qui nous rend invincibles.

— Patrick Henry, député du Congrès Continental (1774), Commandant de la milice virginienne (1775), Gouverneur de Virginie (1776-1778 et 1784), 8 janvier 1799

Sans moralité, une république ne peut subsister aucune période de temps ; ceux donc qui décrient la religion chrétienne dont la moralité est si sublime et pure […] sapent les solides fondements moraux, les meilleures sécurités pour la durée des gouvernements libres.

— Charles Carroll, signataire de la Déclaration d’Indépendance et de la Constitution américaine, député au Congrès Continental (1776), Sénateur du Maryland (1781-1799), 4 novembre 1800

Les Principes généraux à partir desquels les Pères ont accomplis l’indépendance étaient les seuls principes sur lesquels cette merveilleuse assemblée de jeunes gentilshommes pouvaient s’unir. […] Et quels étaient ces Principes généraux ? Je réponds : les Principes généraux du christianisme, dans lesquels toutes ces sectes [sic] étaient unies.

— John Adams, second Président des États-Unis (1797-1801), 28 juin 1813

La préservation de la république est aux mains du peuple. Nous plaçons le futur entier de la civilisation américaine non sur le pouvoir du gouvernement, loin de là. Nous plaçons le futur de toutes nos institutions sur la capacité de l’humanité à s’auto-gouverner ; sur la capacité de chacun d’entre nous à se gouverner soi-même, à se contrôler soi-même, à se soutenir selon les Dix Commandements.

— James Madison, quatrième Président des États-Unis (1809-1817)

La plus haute gloire de la Révolution américaine est d’avoir connecté en un lien indissoluble les principes du gouvernement civil et les principes du christianisme.

— John Quincy Adams, sixième Président des États-Unis (1825-1829), 4 juillet 1821

N’est-ce-pas la Déclaration d’Indépendance qui a premièrement organisé notre pacte social sur le fondement de la mission terrestre du Rédempteur ? Qui a fixé la pierre angulaire du gouvernement humain sur les premiers préceptes du christianisme ?

— John Quincy Adams, sixième Président des États-Unis (1825-1829), 4 juillet 1837

Sources des citations ↑ :
Congress and the Bible [JEM Leadership Ministries]
Is America a Christian Nation ? [World Net Daily]
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P.S. La devise nationale des États-Unis d’Amérique est IN GOD WE TRUST – EN DIEU NOUS CROYONS.

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