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Archive for the ‘Doctrine sociale protestante’ Category

Affiche de l’Armée du Salut, 1890 (cliquez pour élargir)

Mariana Valverde, The Age of Light, Soap, and Water : Moral Reform in English Canada (1885-1925). Toronto, University of Toronto Press, 2008, 223 p.

Analyse

Mariana Valverde (1955-) est directrice du Centre de criminologie et d’études sociolégales de l’Université de Toronto. Elle a reçu sa formation en philosophie aux universités Brock et York et elle se spécialise en sociologie du droit depuis les années 1980. Cet ouvrage fut rédigé et grâce au concours financier du Conseil des arts du Canada. Dans The Age of Light…, Valverde contribue à l’historiographie du mouvement de réforme morale et sociale ayant marqué le Canada au tournant du XXe siècle en reconstituant l’identité, le discours et l’action de ses promoteurs. Ses principales démonstrations sont l’indissociabilité entre le redressement moral et le redressement social de la population dans la logique des activistes protestants de ce mouvement ainsi que l’aspect foncièrement non étatique de ce dernier. L’intitulé du livre désigne le Canada anglais comme cadre spatial de l’étude ; l’auteure traite légèrement des provinces maritimes, parle un peu de Montréal, et se concentre surtout sur l’Ontario et l’Ouest canadien. C’est une œuvre d’histoire sociale : elle examine les militants du réformisme moral en tant qu’élément d’une classe (bourgeoisie ou classe moyenne) et, par ricochet, les bénéficiaires de leurs services (classe ouvrière).

Valverde mobilise à cette fin les archives privées aussi bien que publiques se rapportant aux différents acteurs du réformisme moral de cette période (transcriptions d’allocutions prononcées lors de colloques, communiqués internes ou externes, journaux et pamphlets d’époque, correspondances écrites, minutes des réunions, etc.), qu’elle complémente avec maintes études postérieures. L’auteure est généralement critique (parfois excessivement) de ces sources archivistiques, qu’elle ne prend pas au pied de la lettre et qu’elle n’hésite pas à confronter mutuellement ou avec des études pour tenter d’en vérifier la véracité. La grille d’analyse que Valverde adopte dans ce travail est un modèle sociologique. Elle déploie ce livre selon un plan thématique, en articulant sa démonstration autour de deux grands axes. D’une part, dans les chapitres 1, 2, 3 et 7, Valverde présente les principaux organismes ayant façonné le réformisme moral canadien et cerne leurs méthodes discursives respectives. D’autre part, dans les chapitres 4, 5 et 6 (et la section sur la chasteté clôturant le chapitre 3), Valverde expose l’action des réformistes dans quelques grands enjeux moraux et sociaux. Par cette articulation entre l’identité des acteurs et leur engagement pratique, l’auteure démontre l’équation invariable entre la rénovation morale et sociale chez les protagonistes du mouvement réformiste et le caractère essentiellement extra-étatique d’icelui. Le réformisme moral tel que décrit par Valverde se réfère à la volonté des réformistes de rehausser le niveau moral de la jeune nation canadienne-anglaise en endiguant l’immoralité et le paupérisme. Le champ conceptuel d’immoralité comprenait dans ce contexte divers phénomènes incluant l’ivrognerie, l’impudicité, l’adultère, la prostitution et l’avortement. Notons que l’auteure ne se réfère pas, par la catégorie du réformisme moral, au prohibitionnisme, aux suffragettes et à l’« Évangile social », malgré que les préoccupations des acteurs de ces deux catégories fussent enchevêtrées et qu’il y avait un chevauchement entre leurs personnels.

Synthèse

Entre 1885 et 1925, une coalition informelle d’organes para-ecclésiastiques et d’associations professionnelles ou philanthropiques (caritatives) canadiennes se constitua afin de régénérer les individus, les familles, la société civile, et l’État. Bien que ces différents acteurs ne mettaient pas tous l’emphase sur les mêmes causes – le travail le jour du repos (dimanche), la bienfaisance, l’hygiène sexuelle, etc. – ils avaient des axiomes idéologiques communs et une similaire compréhension holistique des problèmes sociaux. C’est pourquoi ces organismes œuvrèrent conjointement (ou séparément mais parallèlement) à purifier le corps civique dans un processus de construction nationale. Contrairement à ce qui est souvent allégué, ce réformisme moral n’était pas simplement puritain (dans le « mauvais » sens de ce terme, s’il en est). Il ne se bornait pas à prôner la répression des comportements déviants, mais il proposait des solutions constructives aux problématiques qu’il soulevait et agissait en conséquence. Le réformisme moral et social s’attelait à produire une littérature alternative édifiante pour les jeunes, transmettre les valeurs chrétiennes, promouvoir la débrouillardise familiale, enrayer l’imprévoyance financière et la malnutrition des ménages, et faciliter la réinsertion sociale des déshérités. Dans la vision du monde de ce mouvement, le Canada apparaît comme la terre promise de la civilisation britannique transplantée, du christianisme véritable et de la réussite économique. Ses protagonistes se voyaient dans l’aboutissement d’un processus s’ouvrant sur une ère de prospérité et d’harmonie, mais simultanément ils se croyaient menacés par une vague d’immoralité et d’iniquité rampante. Des éléments de conservatisme salvateur et l’idée de progrès inéluctable coexistaient dans leur pensée.

Les principaux organismes composant la mouvance du réformisme moral et social se ressemblaient, mais chacun avait ses particularités. La Woman’s Christian Temperance Union (WCTU), malgré son nom, ne s’intéressait pas qu’à l’alcoolisme, mais faisait campagne pour l’augmentation de l’âge de consentement sexuel des filles, l’aggravation des peines en cas de viol, l’abandon du port du corset et une réforme de l’alimentation. Repérables à leurs rubans blancs, ses militantes étaient souvent sympathisantes au suffrage féminin qu’elles voyaient comme un moyen de faire avancer leurs idées, mais c’est strictement en tant que blanches protestantes qu’elles se positionnaient. Le National Council of Women (NCW) n’était nullement implanté à l’échelle communautaire, était plutôt élitiste, et s’occupait surtout de lobbying auprès des législateurs provinciaux et fédéraux. Il revendiquait notoirement des instituts spécialisés pour les déficients mentaux. Le Young Women’s Christian Association (YWCA) était opéré par des femmes d’âge mature issues d’un rang élevé pour des jeunes femmes de classe moyenne. Ses résidences féminines abordables visaient à promouvoir les bonnes habitudes domestiques et à contrecarrer le sécularisme montant des campus. L’Armée du Salut était la plus populiste de ces organismes. Les dirigeants salutistes étaient issus de la classe moyenne inférieure. À la fois une église et une vaste institution philanthropique, l’Armée du Salut se démarquait par sa structure méritocratique, sa littérature mélodramatique, son engagement de terrain et ses uniformes martiaux.

À cette description des protagonistes s’articule l’exposition de leur engagement. Un volet de l’action du réformisme fut l’éducation à la chasteté sexuelle auprès des jeunes. Cela impliquait, pour ses conférenciers scolaires, l’abstinence avant le mariage suivi de la fidélité conjugale. Loin du cliché d’une austérité réactionnaire, les éducateurs sexuels du réformisme moral insistaient sur la normalité des sentiments sexuels tout en affirmant leur nécessaire canalisation. Ils expliquèrent aux parents réticents que la pureté intelligente est meilleure que l’innocence aveugle et que conserver la pudibonderie de leurs adolescents est une mauvaise idée. Leur discours écartait l’antithèse facile entre innocence et expérience. Les demandes du WCTU et du NCW pour l’inclusion de cours de sexualité chrétienne dans les curriculums scolaires restèrent insatisfaites.

Au plan de la lutte contre la prostitution, le réformisme canadien oscilla entre deux systèmes de régulation : le système britannique consistant à la criminaliser, et le système continental consistant à l’encadrer. En principe, le mouvement de réforme morale réclama la criminalisation. En pratique, les autorités civiles se contentèrent fréquemment de relocaliser les bordels dans des quartiers périphériques (hormis à Toronto où la municipalité réprima vigoureusement les maisons de débauche). La lutte contre la prostitution au Canada anglais fut le théâtre d’hystéries sporadiques (les white slavery panics). L’existence avérée d’un trafic sexuel de femmes asiatiques par des proxénètes chinois circonscrit à Vancouver et Victoria généra la fabulation du rapt annuel de milliers de Canadiennes et leur séquestration aux États-Unis. Pour réhabiliter les prostituées, les réformistes moraux créèrent des maisons refuges qui obtinrent un succès réel quoi qu’inférieur à leurs attentes enthousiastes.

La question ethnique est un autre enjeu sur lequel le réformisme s’est prononcé. Si le maintient d’un haut degré de « pureté raciale » était désiré par les réformistes, ce n’était pas toujours par suprématisme biologique, mais souvent pour des raisons de compatibilité culturelle, économique et linguistique entre les descendants de Britanniques et les ceux d’autres nationalités. Ainsi, on préférait que les immigrants proviennent d’Europe et soient assimilables. Ceux provenant des autres continents étaient jugés incapables d’atteindre un auto-contrôle satisfaisant (sexuel, notamment). La cohésion nationale se voyait ainsi reliée à la pureté sexuelle.

Le paupérisme urbain fut un autre cheval de bataille du réformisme. Surpeuplés, insalubres et insuffisamment éclairés, les taudis de l’industrialisation étaient vus comme des « royaumes du vice » qu’il fallait impérativement reconquérir avant qu’ils ne fassent tache d’huile. Ce fut le défi des méthodistes et des salutistes qui quadrillèrent les quartiers pauvres avec leurs centres privés où secours matériel et moralisation allaient de pair. Ces centres travaillaient à une atténuation et non à l’abolition des différences de classe. Le désengagement de l’État était tel dans cette entreprise que les gouvernements allèrent jusqu’à confier des compétences régaliennes (pouvoirs d’arrestation et de coercition temporaire) et des responsabilités carcérales à des organisations philanthropiques.

C’est également dans l’optique de reconquête urbaine que les collèges et universités évangéliques (méthodistes et baptistes, précisément) fondèrent la sociologie en tant que discipline académique au Canada. Leurs enquêtes sociologiques employèrent de nombreuses femmes qui apprirent à travailler scientifiquement. Ironiquement, cela produisit une première génération de femmes formées professionnellement (souvent des diaconesses méthodistes) qui n’étaient pas dévouées aux travaux domestiques ou manufacturiers, alors que l’objectif initial du réformisme moral était de protéger l’ordre traditionnel. Le développement de cette science nouvelle (la sociologie) avait aussi pour objectifs de hausser le statut de la jeune profession de « travailleur social » et de donner au réformisme confessionnel un avantage sur ses concurrents laïcistes. Ce mouvement fut, d’une certaine façon, l’entreprise d’une bourgeoisie émergente dont les membres étaient en partie motivés par leurs intérêts professionnels. Finalement, le titre de l’ouvrage doit se comprendre dans son sens littéral et figuré : « savon » par propreté matérielle et pureté de l’âme, « lumière » par électrification des domiciles et sanctification spirituelle, et « eau » par breuvage potable et sobriété des mœurs.

Bilan

Par son engagement dans les enjeux qu’étaient l’éducation sexuelle, la prostitution, l’immigration et le paupérisme urbain, le réformisme moral et social contribua à façonner les rapports de genre, d’ethnie et de classe au Canada anglais au tournant du XXe siècle. L’idée fondamentale qu’il existe une étroite connexion entre la réforme morale et sociale de la société dirigea l’action de ce mouvement qui opéra relativement indépendamment de l’État.

Young Women's Christian Association, 1911

Pique-nique de la Young Women’s Christian Association, 1911

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Plusieurs intervenants des milieux académiques ont esquissé la doctrine sociale du réformateur protestant Jean Calvin, en mettant en lumière son innovation intellectuelle sur le prêt à intérêt ainsi qu’en soulignant les efforts de ce réformateur pour l’établissement d’une économie concourant à l’harmonie et la prospérité de la cité. En langue française, l’opus magnum sur la question est l’ouvrage La pensée économique et sociale de Calvin, publié par André Biéler en 1961 et réédité en 2008. Ce livre, dont je viens de terminer la lecture, est un étalage d’érudition imposant, qui cite très abondamment l’intimidante production écrite (et orale) du théologien de Genève sur mille et un points précis relatifs — directement ou indirectement — aux enjeux économiques. Afin de contribuer à la diffusion de la réflexion sociale de cet éminent juriste et héraut de la foi chrétienne, j’ai sélectionné, classé et retranscrit les passages que j’ai estimé les plus pertinents et percutants.

Une version téléchargeable & imprimable de ces extraits est accessible ici.

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« Dès le début de la Réforme, l’Église [réformée] a une claire conscience de la situation morale et matérielle dans laquelle se trouve la population de Genève ; elle prend les mesures qui s’imposent pour lui venir immédiatement en aide. Certes, les efforts des réformateurs tendent au premier chef au redressement spirituel et moral de la nation. Mais parallèlement à cette œuvre de base, ils mènent sur le plan social une lutte qui est le prolongement nécessaire de la première et qui caractérise tout renouveau chrétien authentique. […] Il y a [un parallélisme étroit] dans l’histoire de la Réforme entre les mouvements de rénovation sociale et les courants de régénération religieuse. » (Biéler, p. 152.)

« L’intervention de la Réforme – caractérisée notamment par les interventions des pasteurs – s’est généralement opérée pour la sauvegarde des intérêts des éléments les plus faibles, économiquement parlant, de la population. » (Biéler, p. 166.)

Théologie calviniste du travail

« Il est donc contraire à l’enseignement biblique de séparer les œuvres de la foi, de même qu’il n’est pas licite […] de dissocier la vie spirituelle de la vie matérielle, car la foi trouve son expression immédiate dans l’usage que l’homme fait de l’argent. » (Biéler, p. 218.)

« Prenant le contre-pied d’Érasme, Calvin rappelle l’enseignement biblique, qui associe intimement le corps, la vie matérielle et physique, à la vie spirituelle. La totalité de l’existence humaine est façonnée et conduite par Dieu. [… notre nourriture doit] “Nous amener à l’espérance des biens célestes par le goût que nous avons des biens terriens”. » (Biéler, p. 307 ; dont Calvin, Commentaire sur le Nouveau Testament, 1561.)

Les fruits du travail sont une bénédiction

« Les biens matériels, en tant qu’ils sont le véhicule et le signe de la grâce générale de Dieu […] par eux, Dieu entend conduire les hommes à Lui. Ils sont une figure du royaume céleste, auquel Dieu appel et conduit l’humanité. […] Calvin précise que les biens terrestres, généralement, nous détournent de la vie spirituelle, alors qu’ils sont justement destinés à nous y ramener ! […] Si Dieu, en effet, promet à son peuple les riches bénédictions de la terre, ce n’est pas pour qu’il s’arrête à ces signes, mais bien pour que, par eux, il accède aux réalités spirituelles. » (Biéler, p. 308-309.)

« Aujourd’hui, Dieu nous déclare aussi, mais en plus petite mesure, sa faveur par des biens matériels. […] À bon droit le Prophète donc admoneste les fidèles [afin] qu’ils reçoivent déjà quelque fruit de leur intégrité, quand Dieu leur administre leur nourriture, les bénit en leurs femmes et lignées, et s’abaisse jusque-là, de prendre le soin de leur vie ; mais il loue la grâce présente de Dieu à cette intention, de les faire courir plus allègrement à leur héritage éternel. » (Calvin, Commentaire sur le Livre des Psaumes, 1557 ; Biéler, p. 309.)

Nulle corrélation entre richesse matérielle et bénédiction spirituelle

« Les biens matériels, s’ils ont une valeur spirituelle éducative, et s’ils figurent, ici-bas, la grâce de Dieu, ne sont jamais liés à celle-ci. Quand Dieu le juge bon, il peut, au contraire, les retirer pour mieux laisser apparaître la réalité invisible de la grâce. Il n’y a jamais, dans la Bible, d’équivalence entre la richesse et la bénédiction. La première n’est que figurative de la seconde, mais la seconde peut très bien subsister en l’absence de la première. » (Biéler, p. 311.)

Pas de correspondance entre richesses et mérites de l’homme

« Si la richesse n’est pas le corollaire nécessaire de la grâce de Dieu, si elle n’accompagne pas obligatoirement sa bénédiction, elle ne doit pas davantage être tenue pour une récompense couronnant les vertus de ceux qui la reçoivent ou la possèdent. La Bible, et la théologie réformée, dénoncent la tendance superstitieuse, innée à l’homme, de voir dans les malheurs et dans la pauvreté quelque punition du sort (ou de Dieu), et dans la prospérité une sanction des mérites personnels. “C’est un vice qui est trop commun, [c’est] que la plupart des hommes estiment comme damnés et réprouvés ceux qui sont oppressés d’afflictions. Car tout ainsi que le commun des hommes estimant la faveur de Dieu par une félicité caduque et transitoire, applaudit aux riches […] ; aussi au contraire il agace témérairement les souffreteux, et par un jugement téméraire imagine que Dieu les hait, parce qu’il ne les épargne pas si délicatement […] or cette perversité de juger ainsi à rebours, et prendre les choses en mauvaise part, est un vice qui a régné au monde de tout temps.” » (Biéler, p. 311 ; dont Calvin, Commentaire sur le Livre des Psaumes, 1557.)

Dieu bénit le travail et récuse l’oisiveté

« Aussitôt que Dieu nous éclaire en nous appelant, il nous faut mettre immédiatement en besogne, afin que l’occasion et opportunité de nous écoule. […] Vu qu’il est écrit : tu est bienheureux, mangeant le labeur de tes mains [Psaume 128:3] ; item, la bénédiction du Seigneur est sur les mains de celui qui travaille [Proverbes 10:4], il est certain que la paresse et oisiveté est maudite de Dieu. Davantage nous savons que l’homme est créé pour qu’il fasse quelque chose. […] Il est donc raisonnable que ceux qui se veulent exempter de la loi et règle commune soient aussi privés de nourriture, qui est le salaire du labeur. […] Saint Paul taxe de fainéants et inutiles qui vivent de la sueur d’autrui et cependant n’apportent aucun moyen en commun pour aider le genre humain. » (Calvin, Commentaire sur le Nouveau Testament, 1561 ; Biéler, p. 407-408.)

Organiser la bienfaisance à Genève : un régime mixte de collaboration Église-État

Dans la Genève du milieu du XVIe siècle, « l’Église et l’État sont solidairement responsables des personnes dans l’incapacité de subvenir à leur entretien ou aux soins de leur santé. » (Biéler, p. 152.)

« À Genève, en 1535, on fonde l’Hôpital général, destiné à porter assistance aux malades, aux pauvres, aux orphelins et aux vieillards. […] Puisque la communauté assure l’entretient de tous ceux qui sont frappés d’incapacité sociale […] on ne doit voir dans la cité aucun vagabond, aucun mendiant, aucun oisif. […] Il est intéressant, et important, de remarquer que l’organe d’entraide est un organe mixte dépendant à la fois de l’Église et de l’État. Ses ressources proviennent aussi bien de la générosité des fidèles que de la caisse de l’État ; c’est l’État qui exerce un contrôle civil sur les biens de l’institution, mais les hommes qui sont affectés à ce travail exercent un véritable ministère ecclésiastique [diaconat]. “Que l’élection, tant des procureurs que des hospitaliers, se fasse comme des anciens au Consistoire ; et en les élisant, qu’on suive la règle que baille [donne] saint Paul aux diacres” [dixit Calvin]. L’entraide est conçue au contraire par Calvin et la Réforme comme une fonction collective de l’église et de la communauté civile. La collectivité calviniste peut donc se permettre d’interdire la mendicité et de la condamner ; car elle prévoit tous les organes nécessaires pour venir en aide aux véritables nécessiteux ; ceux-ci n’ont plus aucune raison de recourir à la mendicité. C’est pourquoi les ordonnances calvinistes prévoient le secours à donner non seulement aux malades de la république mais aussi aux vieillards et aux infirmes, non seulement à ses ressortissants mais aussi aux étrangers de passage, non seulement aux nécessiteux regroupés dans ses hospices et mais encore aux pauvres disséminés dans ces quartiers et qu’il faut secourir à domicile. » (Biéler, p. 153-155.)

« En 1543 déjà, on ordonne aux dizeniers [responsables de quartiers mis en place sur le modèle de l’Ancien Testament] de faire toutes les semaines une collecte pour “aider aux pauvres”.  Calvin lui-même, dit-on, gravit trois à trois les escaliers tournants des immeubles de la cité pour récolter l’aumône des Genevois. » (Biéler, p. 160.)

Réinsertion professionnelle des déshérités

« Il importe aussi de fournir aux nécessiteux les moyens de sortir par eux-mêmes de leur condition. Aussi la Réforme calviniste veille-t-elle à ce que les personnes économiquement faibles et les malades dont l’Hôpital général a la charge bénéficient des mêmes conditions d’éducation que les autres. Un maître est chargé de l’instruction des enfants dans cet établissement. Bien plus, il faut que les pauvres, les informes et les invalides soient rééduqués professionnellement. Chaque dimanche ils seront examinés et l’on devra voir “lesquels sont propres à mettre dehors à métier ou service, et lesquels non”. Il faudra s’enquérir “selon la qualité des enfants des métiers les plus propres pour ceux-ci et voir où l’on les pourra loger” [dixit une ordonnance du 12 mai 1553]. » (Biéler, p. 156.)

« L’action sociale réformée ne se limite pas à l’assistance. Elle envisage l’homme dans sa totalité, être spirituel et matériel. […] Dès le 29 décembre 1554, Calvin intervient auprès du Petit Conseil pour que celui-ci développe l’industrie du tissage afin de contribuer à la richesse et au bien-être de la population. […] Les efforts des réformateurs ont beaucoup de succès […] Il faut tenir compte de ce souci de Calvin pour la prospérité du peuple, lorsqu’on veut expliquer la faveur toujours plus grande avec laquelle les Genevois apprécient son œuvre. » (Biéler, p. 156-157.)

« L’une des plus anciennes industries genevoises semble être celle de la draperie ; elle fut en tout cas l’une des plus lucratives à Genève […] C’est probablement pour cela que Calvin […] fera travailler dans cette branche les pauvres de l’hôpital. » (Biéler, p. 148.)

Pour une solidarité volontaire et consensuelle

« Quand tous s’étaient appliqués à recueillir, chacun prenait du monceau commun la manne qui lui était ordonnée. Ainsi selon que chacun était plus agile, il soulageait son prochain, lequel était plus tardif, et ce sans faire aucun dommage. […] Tant donc que la manne était un manger différent d’avec celui dont nous usons […] ce n’est pas merveille si Dieu a voulu que chacun en prît également sa portion ; […] Ce serait grande absurdité de vouloir mettre une pareille loi au vivre ordinaire, que nous lisons ici de la manne. Ce que saint Paul a prudemment distingué, ne mettant point égalité en usage mêlée et confuse des biens, mais à ce que les riches subviennent allègrement et de leur bon gré à la disette de leurs frères, non point par contrainte ou avec tristesse et regret. Parlant ainsi, il [Paul] remontre que tous les biens dont nous avons-nous découlent, comme la manne, de la pure libéralité de Dieu ; toutefois pour ce que chacun possède ce qui lui est propre, qu’il n’y a pas aujourd’hui une telle loi à mettre tous les biens en commun. » (Calvin, Commentaires sur les cinq livres de Moïse, 1564 ; Biéler, p. 336.)

« Voilà aussi à quelle condition Dieu met le bien en la main des riches : c’est afin qu’ils aient occasion et faculté aussi de subvenir à leurs prochains qui sont indigents. […] Bien qu’il n’y ait point ici une taxe, ou quelque impôt, tant y a qu’un chacun doit penser que c’est à cette condition que Dieu lui a donné et blé et vin : qu’il en élargisse à ceux qui en ont faute et disette. » (Calvin, sermon 141 sur le Deutéronome ; Biéler, p. 323.)

Maintient de la propriété privée, pas de communisme

« Ces enragés viennent ainsi à renverser tout ordre, voulant ôter toute distinction de biens, faisant de tout le monde comme d’une forêt de brigands, où sans compter ni sans payer chacun prend comme sien ce qu’il pourra avoir. Or il y a tant de témoignages de l’Écriture, pour réprouver cette vilaine confusion, que si [je] les voulais tous réciter, il n’y aurait nulle fin. Contentons-nous que notre Seigneur ne nous commande point de quitter tout […] mais nous exhorte seulement à en bien user. […] Ce serait chose superflue d’alléguer ici beaucoup de témoignages à ce propos, vu que toute l’Écriture en est si pleine que nul ne peut les ignorer. » (Calvin, Contre la secte phantastique et furieuse des libertins, 1545 ; Biéler, p. 380.)

Contre l’accaparement des terres et le cercle vicieux des dettes

« Pour bien comprendre les limites que la révélation biblique fixe à la propriété, dont elle fait un bien à la fois sacré (puisqu’il est confié par Dieu) et relatif (l’homme ne peut en faire ce qu’il veut, puisqu’il n’en est jamais le propriétaire absolu), il faut étudier la signification de l’institution, en Israël, de l’année sabbatique et du jubilé. Les coutumes qui y étaient attachées étaient destinées à faire comprendre aux Israélites aussi bien l’origine divine de leur propriété que sa fin : le service du prochain […] La redistribution périodique des terres [chaque cinquante ans, cf. Lévitique 25] et la libération des créances [chaque sept ans, cf. Deutéronome 15] devait permettre d’entretenir entre tous un “état moyen” de richesse et empêcher que la propriété ne devienne, par l’accaparement des riches, une source d’oppression sociale. […] “La terre de Canaan leur était un héritage commun, ils devaient nourrir fraternité mutuelle, tout ainsi qu’ils eussent été d’une même famille. Et pour ce que Dieu les avait affranchis afin qu’ils fussent libres à jamais, cette façon a été très bonne pour nourrir entre eux un état moyen, d’empêcher que peu de gens n’attirassent tout à eux pour opprimer la multitude. […] Dieu a bridé toute puissance excessive par cette loi. ” » (Biéler, p. 381 ; dont Calvin, Commentaires sur les cinq livres de Moïse, 1564.)

Lutte contre l’endettement forcé et démesuré

« Nous voyons les marchands s’enrichir durant les guerres, par ce qu’ils attrapent de tous côtés. Car ceux qui vont à la guerre sont contraints par la force de s’endetter à eux ; les pauvres paysans, aussi et les artisans pour payer les tailles et tributs ; et puis pour vivoter cependant [ils] sont forcés de trouver argent à quelque prix et condition que ce soit. Cependant les riches [usuriers] s’adonnent là à toute dissolution. » (Calvin cité par Biéler ; par inadvertance, j’ai omis de noter le numéro de page.)

Interdiction du gaspillage et de la dilapidation

« Bien avant qu’apparaissent les lois somptuaires, voit-on déjà se manifester l’indignation de Calvin contre les dépenses superflues, non pas tant à cause du luxe en soi qu’en raison de sa signification irrespectueuse et provocante à l’égard des pauvres. Calvin ne supporte pas d’ailleurs que les biens affectés aux secours sociaux soient mal utilisés ou gaspillés. Les utiliser mal à propos, c’est encore faire injure aux pauvres. […] En maintes occasions, le réformateur s’inquiète du sort des indigents hospitalisés, proteste contre l’insuffisance des soins qui leurs sont prodigués et s’indigne de la scandaleuse incapacité de certains hospitaliers dont la mauvaise gestion fait subir aux malheureux d’injustes préjudices. Après l’une de ces requêtes, l’hospitalier reconnu incompétent est destitué le jour même. » (Biéler, p. 159.)

« En considération d’une pénurie de vivres, de la pauvreté d’une partie de la population et l’avarice d’une autre, on prend immédiatement des mesures d’ordre économique contre l’accaparement et la spéculation pour mettre les produits d’alimentation de base à la portée de toutes les bourses. » (Biéler, p. 153.)

« Vrai est que le magistrat pourra ordonner des lois contre les dépenses superflues, pour lesquelles il réprimera sans différence les excès et superfluités. » (Calvin, Commentaire sur le Nouveau Testament, 1561 ; Biéler, p. 384.)

Défense du droit d’association des travailleurs

« Les conducteurs spirituels de la cité s’inquiètent des troubles sociaux qui surgissent à Genève, comme ailleurs, dans l’imprimerie notamment. Contre les mesures autoritaires et unilatérales de l’État qui enlève aux ouvriers leurs droits essentiels, les pasteurs proposent une organisation paritaire des métiers. Sur leur initiative, en 1559, le Conseil, d’entente avec les représentants de la profession, prend des mesures pour réglementer l’imprimerie, qui forme la première corporation ou jurande de Genève, dont les ordonnances terminées en 1560 seront maintenues à peu près sans changement pendant deux siècles. Grâce à cette intervention des pasteurs et à la pondération des intéressés dont les règles sont empreintes d’humanité et de juste charité, Genève évite les grèves qui troublent Lyon et Paris à la même époque. Elle en tire d’ailleurs un plus grand profit car ses presses redoublent d’activité en produisant ce que la concurrence française n’est plus à même de fournir. » (Biéler, p. 164.)

Les employeurs ne doivent pas abuser leurs subalternes

« Il y en a qui seraient contents au bout de trois jours d’avoir tué une pauvre personne, quand elle sera à leur service, ce leur est tout moyennant qu’ils en aient du profit. Or au contraire Dieu nous déclare qu’il nous faut traiter en telle humanité ceux qui labourent pour nous, qu’ils ne soient point grevés outre mesure, mais qu’ils puissent continuer et qu’ils aient occasion de rendre grâces à Dieu en leur travail. Car il n’y a nul doute que Dieu n’ait ici voulu corriger la cruauté qui est aux riches, lesquels emploient à leur service les pauvres gens, et cependant ne les récompensent pas de leur labeur. » (Calvin, sermon 142 sur le Deutéronome ; Biéler, p. 411-412.)

Le salaire des employés doit-il être ajusté à la prospérité de l’employeur ?

« Nous devons considérer toujours le profit qui nous vient de ceux qui nous ont servi […] saint Paul veut qu’il y ait une correspondance […] Un maître aura un serviteur […] s’il dit : ‘‘je le nourris et je lui paye son salaire’’ ; voire, il faut regarder quelle est sa portée et le service que nous en pouvons recevoir. » (Calvin, sermons 96 et 95 sur le Deutéronome ; Biéler, p. 418-419.)

L’honnêteté commerciale et la stabilité monétaire sont primordiales

« Il est requis pour nourrir les hommes en amitié et paix, que chacun possède le sien, qu’il se fasse ventes et achats […] et que selon que chacun a industrie, vigueur, dextérité, au autre moyen, qu’il se puisse enrichir. En somme la police requiert que chacun jouisse de ce qui lui appartient. […] La fausseté qui se commet en poids et mesures abolit tous moyens légitimes de contracter. Quand on ne peut plus acheter ni ventre, la compagnie des hommes est comme dissipée […] par conséquent, celui qui aura falsifié les mesures approuvées, tant de blé que de vin, ou d’autres choses, est réputé pour faussaire. […] Dieu retire sa bénédiction de toutes méchantes trafiques. […] Dieu ne condamne point les tromperies en un seul endroit, mais en toutes affaires et négoces où le prochain sera fraudé. » (Calvin, Commentaires sur les cinq livres de Moïse, 1564 ; Biéler, p. 383-384 et 449-450.)

« Il y aurait une confusion extrême, s’il n’y avait poids et mesures ; s’il était permis de corrompre les poids et les mesures [comme par la dissociation or-monnaie et l’inflation étatique !], il n’y aurait quasi nulle police au monde. […] Quiconque viole cet ordre-là, qu’il offense Dieu tant plus grièvement. » (Calvin, sermon 144 sur le Deutéronome ; Biéler, p. 450-451.)

Le prix du marché n’est pas nécessairement le prix juste, tant pour l’acheteur que pour le vendeur

« Quand un homme riche a de la marchandise à trafiquer, si on vient à lui, il dira : ‘‘Vous ne l’aurez point à moins [cher]’’. […] S’il y a quelque pauvre qui vive au jour la journée, et qu’il n’ait point denier ni maille en bourse, il sera contraint de vendre à mépris. Si on achète ainsi, voire sachant bien la nécessité, voilà une oppression manifeste ; et nous saurons bien dire en proverbe commun : cela est tenir le pied sur la gorge, c’est une espèce de brigandage. » (Calvin, sermon 160 sur le Deutéronome ; Biéler, p. 420-421). Par extension, on peut discerner, dans la réflexion du réformateur, que la concurrence commerciale ne doit pas viser l’extinction des compétiteurs, mais simplement dynamiser une saine compétition.

Exploitation prévoyante des ressources naturelles

« Dieu a en outre donné à son peuple des lois destinées, d’une part, à protéger la terre, contre les sévices de l’homme (toujours enclin à abuser de ce que Dieu lui donne). […] L’interruption de l’assolement des terres tous les sept ans, prévue par l’institution de l’année sabbatique [Deutéronome 15], est destinée rappeler à tous que la terre est au Seigneur [Jésus-Christ] et que l’homme n’a pas sur elle un droit d’exploitation illimitée ; elle contribue également à assurer une plus grande fertilité. […] Calvin remarque que cette période dans un pays comme Canaan, où le sol est riche ; mais ailleurs il faut donner à la terre un repos plus fréquent. » (Biéler, p. 433.)

« Faut il pratiquer cela, c’est de ne faire aucun dégât, connaissant que notre Seigneur a ordonné la terre pour être notre mère nourrice ; et quand elle ouvre ainsi ses entrailles pour nous sustenter, que nous connaissions que c’est autant comme si Dieu nous tendait la main, et que il nous les témoignages de sa bonté. » (Calvin, sermon 119 sur le Deutéronome ; Biéler, p. 435.)

Empêcher les travailleurs de travailler est criminel

« Priver quelqu’un de son travail, c’est comme si on lui ôtait la vie. […] La Bible réprouve toute mesure qui tend d’une façon où d’une autre à priver quelqu’un des outils de son travail. […] C’est la raison pour laquelle l’Ancien Testament interdit, par exemple de prendre à gage les instruments de travail. » (Biéler, p. 410.)

Le droit de travailler prime sur le droit d’être remboursé

« Les droits d’un bailleur de fonds ne doivent jamais prévaloir sur le droit essentiel de tout homme à conserver son travail et ses outils de production. Aucun être humain ne saurait être réduit au chômage pour satisfaire les droits qu’un financier aurait sur lui, même si ces druits sont légitimes. Dans les cas de nécessité, les droits du travail priment sur ceux de l’argent. […] “Il [Dieu] défend [Deutéronome 24:6] de prendre en gage tout ce qui est nécessaire aux pauvres pour gagner leur vie et s’entretenir [… cela] comprend aussi les instruments, dont les gens de métier ne peuvent se passer en leur travail ordinaire. Comme si quelqu’un tirait par force d’un laboureur sa charrue, la herse et autre équipage, ou bien qu’il épuisât la boutique d’un cordonnier, ou d’un potier, ou de quelque autre, tellement qu’il ne pût plus exercer son art, étant dénué de ses instruments et outils.” » (Biéler, p. 470 ; dont Calvin, Commentaires sur les cinq livres de Moïse, 1564.)

Légitimation mais limitation du prêt à crédit

Jean Calvin obtient « des autorités qu’elles maintiennent [en 1544] le taux d’intérêt licite primitivement fixé [en 1538] à 5 %, puis à un pour quinze, soit 6.66 %, un taux relativement bas pour l’époque. » (Biéler, p. 168.)

Désapprobation des financiers non-productifs

« C’est une chose fort étrange, et inique, cependant que chacun gagne sa vie avec grand’peine, cependant que les laboureurs se lassent à faire les journées, les artisans à grande sueur servent aux autres, les marchands non seulement travaillent mais s’exposent à beaucoup d’incommodités et dangers, que messieurs les usuriers assis sur leur banc sans rien faire reçoivent tribut du labeur de tous les autres. » (Calvin, Commentaire sur le Livre des Psaumes, 1557 ; Biéler, p. 466.)

Même une injustice individuelle doit être redressée

« Voilà un pauvre homme qui se plaindra, il semble qu’il ne soit de nulle qualité, tellement qu’on pourra fermer les yeux ; si est-ce que Dieu l’écoute, et veut qu’on lui fasse droit. […] N’attendons point qu’un seul homme crie à Dieu, mais il faudra que l’air retentisse de clameurs, d’autant que toutes les confusions que nous aurons endurées sont autant de cris vers Dieu pour notre cause. » (Calvin, sermon 142 sur le Deutéronome ; Biéler, p. 412.)

Limitation de la taxation

« Il doit d’autre part souvenir aux princes que leurs domaines ne sont pas tant revenus privés que pour appliquer au bien public de tout peuple […] et par conséquent qu’ils n’en peuvent prodigalement abuser, sans faire injure au public. Ou plutôt encore ils doivent penser que c’est le propre sang du peuple, auquel ne point pardonner, c’est une très cruelle inhumanité. […] Ils [les princes] doivent estimer que leurs tailles, impôts et autres espèces de tributs ne sont sinon subsides de la nécessité publique, desquels grever le pauvre populaire sans cause c’est tyrannie et pillage. […] Il faut qu’il leur souvienne que tout ce qu’ils reçoivent du peuple, est comme un bien public, et non pas instrument de dissolution et de leurs appétits désordonnés. » (Calvin, Institution de la religion chrétienne, tome IV, chapitre 20, article 13, 1560 ; Biéler, p. 385-386.)

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