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Archive for the ‘Histoire du Québec’ Category

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« Au Québec, l’œuvre baptiste francophone remonte à 1837, grâce aux missionnaires suisses Henriette Feller et Louis Roussy. Les Églises [locales] issues de ce mouvement (la Mission de la Grande-Ligne) se réorganisèrent en 1969 sous le nom d’Union d’Églises baptistes françaises au Canada. […]

Le ministère de Roussy et Feller dans la localité de Saint-Blaise-sur-Richelieu au XIXe siècle a eu des portées incroyables sur le développement du protestantisme au Canada francophone. Marie-Claude Rocher, membre de l’Église Renaissance à Québec, a souhaité faire l’étude approfondie de ce récit ; il en est ressorti la création de la Place Feller à Saint-Blaise-sur-Richelieu, avec le développement d’une installation récréo-touristique inaugurée en 2014. Un lieu à découvrir à vélo ou en voiture ! »

Source ↑ : Héritage historique [Union d’Églises baptistes francophones du Canada]

L’évolution du bâtiment principal de l’Institut Feller à Grande-Ligne entre 1835 et 1967 (source : Musée Feller)

Extraits choisis du livre Huguenots et protestants francophones au Québec (Éditions Novalis)…

« La municipalité de Saint-Blaise-sur-Richelieu, située dans le riche territoire agricole des Basses-Terres du Saint-Laurent, a la particularité d’avoir été un noyau franco-protestant, quelque quarante ans avant d’être constituée en paroisse catholique. [En 1896, lorsque cette] paroisse est officiellement constituée, l’Église évangélique baptiste de Grande-Ligne (aujourd’hui l’Église Roussy-Mémorial) possède depuis sept ans un temple pouvant réunir 250 personnes et la Société évangélique de la Grande-Ligne comprend plusieurs églises bâties dans les communautés avoisinantes, des stations missionnaires dont l’action s’étend jusque dans les États de New-York et du Vermont [pour évangéliser les centaines de milliers d’ouvriers Canadiens-Français expatriés dans les régions industrielles du Nord-Est des États-Unis], des écoles rurales pouvant accueillir un total de 200 enfants par année, un pensionnat pour filles situé à Longueuil ainsi que l’école locale pour garçons — le futur Institut Feller, qui en est déjà à son deuxième agrandissement et deviendra un collège influent et rayonnant. […] À son apogée, l’Institut Feller regroupait une vingtaine d’immeubles et de dépendances. […]

Dans son rapport annuel de 1915, le secrétaire général de la Mission de la Grande-Ligne évaluait à 7000 le nombre d’élèves ayant fréquenté l’Institut Feller depuis sa fondation, 80 ans plus tôt. On imagine l’impact d’une telle population sur la société locale — et ce que l’on ne voit plus, depuis 1967, c’est la vie communautaire qui s’articulait autour des pensionnaires, des visiteurs, du personnel : les cloches annonçant le culte, les sorties de groupe, les fêtes, la musique, les événements sportifs, les constructions, le développement, bref, l’effervescence d’une vie de collège… traces immatérielles, rendues plus élusives encore par la destruction des documents qui les auraient consignées, lors de l’incendie [en 1968] du bâtiment principal. […]

Enfin, l’anglicisation des franco-protestants prit de l’ampleur dès 1910. De nombreux mariages unirent anglophones et francophones de même religion et, pour des raisons de financement, plusieurs Églises fondées par des francophones devinrent bilingues, imitées par l’Institut Feller. Voyant, d’une part, les difficultés encourues systématiquement par les convertis et d’autre part, les avantages financiers d’un rapprochement avec la communauté anglo-protestante, la Mission de la Grande-Ligne avait opté pour une réorientation fondamentale : ‹ It was decided that the Mission should embark on a gradual dilution [!] of the French orientation of the work ›.

Malgré ses prétentions, en excluant de la nation tous ceux qui ne répondaient pas aux critères catholiques et français, le clergé catholique favorisait l’anglicisation du Québec dans la première moitié du XXe siècle. Chez les Canadiens-Français eux-mêmes, bon nombre recherchaient une promotion sociale dans leur assimilation à l’anglais. L’Institut Feller n’échappe pas au mouvement d’anglicisation. Depuis 1917-1918, le journal interne publiait ses articles presque exclusivement en anglais, révélant un haut taux d’anglicisation tant chez les étudiants que dans le corps professoral. Instruits en anglais, attirés par une conjoncture économique plus prometteuse, les jeunes protestants trouvaient souvent plus naturel de s’intégrer à la communauté anglaise, échappant ainsi à la formidable pression sociale catholique qui s’exerçait sur eux. […]

À la fin des années 1950, la Mission de la Grande-Ligne se retrouva avec moins de la moitié des effectifs qui étaient les siens au début du siècle et constata l’échec de sa politique de bilinguisme. Les années soixante furent donc un temps de questionnement, de réévaluation et de réorientation. […] À mesure que s’effritait le cadre identitaire clérico-nationaliste séculaire, la communauté franco-protestante se mit à affirmer sa double appartenance et, bien sûr, à ‹ chercher ses racines ›, incontournables composantes de son identité. […]

Les fêtes du centenaire de Saint-Blaise, en 1988, ont fait une large place à la présence historique des franco-protestants et ont reconnu leur rôle de fondateurs sur le territoire ; l’église protestante locale, Roussy-Mémorial, est revitalisée et les autorités municipales rendent à Henriette Feller un hommage toponymique.

Depuis le début des années 2000, plusieurs gestes mémoriels ont été posés à l’égard du patrimoine franco-protestant : création de la Société d’histoire du protestantisme franco-québecois, participation aux grands événements dont le 400e anniversaire de Québec, installations de plaques commémoratives, élaboration de circuits pédestres ou cyclables, expositions, publications. L’apport des nouvelles technologies vient en appui, ouvrant les pistes prometteuses de la conservation virtuelle, de l’archivage électronique, de l’interprétation interactive et de la visite en réalité augmentée, dont certains pourraient s’appliquer dans le contexte d’une valorisation de l’ensemble Feller. »

Source ↑ : Ensemble Feller [Patrimoine Feller]

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Le texte du présent article peut être téléchargé ici.

Compléments sur Le Monarchomaque :

Compléments hors-site :

L’Église Roussy-Mémorial à Saint-Blaise-sur-Richelieu en Montérégie au Québec

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maurice-duplessis

Monument de Maurice Duplessis (1890-1959) à l’Assemblée nationale du Québec

Cet article est reproduit avec l’autorisation de l’auteure. Voyez le billet original ici. J’y ai apporté quelques modifications mineures.

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Maurice Duplessis fut le plus grand homme politique du Québec. Il fut le plus grand Premier ministre que la province ait connu. C’est pourquoi il faut réhabiliter l’homme, et revoir son époque, non pas comme une « Grande Noirceur » mais plutôt comme un âge d’or des Canadiens-Français (cette thèse est soutenue par l’historien Jean-Claude Dupuis du Groupe de réflexion sur les enjeux québécois (GREQ). Son réalisme s’exprime dans la cohérence de ses réalisations. En avance sur son temps, il avait prévenu la dépossession tranquille de la nation que nous subissons depuis la Révolution tranquille. Quinze années qui ont marqué le caractère social, familial et national de chez nous. Comme l’a dit Robert Rumilly : les faits parlent.

(suite…)

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Le docteur en histoire Jean-Claude Dupuis, à l’invitation du Mouvement Tradition Québec, nous livre cette excellente conférence intulée La Révolution tranquille et la destruction de la société canadienne-française (15 mai 2015) :

Fichier alternatif.

Nota Bene : Le Monarchomaque et sa rédaction ne sont en rien associés au Mouvement Tradition Québec et à Jean-Claude Dupuis.

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Huguenots Et Protestants

Commander ce livre sur le site des Éditions Novalis.

Tour à tour acceptés, interdits, tolérés et marginalisés, les huguenots, sujets protestants d’un royaume catholique, jouent pourtant un rôle de premier plan en terre d’Amérique. Pionniers, marins et marchands, la place des franco-protestants est loin d’être négligeable dans l’histoire du Québec.

Cet ouvrage porte un regard sur cette réalité historique encore peu reconnue. Réunissant à quasi-égalité des historiens français et québécois, il pose une réflexion contemporaine sur l’ensemble des traces qu’a laissées la présence franco-protestante au Québec, sur son importance et sa pertinence actuelle.

Outre le Musée de la civilisation de Québec, quatre institutions muséales françaises, dont le Musée national du château de Pau, et cinq centres d’archives privées ont participé à l’illustration de ce livre. On y trouvera, par exemple, un document inédit : le Mandement signé de la main d’Henri IV promettant de payer l’instruction protestante du neveu de… Jacques Cartier. De tels objets ne sont que très rarement exposés au public, et ce livre constitue une occasion unique de les diffuser.

Autres ressources sur cet intéressant sujet :

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Le français parlé au Québec est une histoire d’éloges et de mépris. Dans Méchante langue : la légitimité du français parlé au Québec (PUM, 2012), Chantal Bouchard, professeure de linguistique à l’Université McGill, raconte l’histoire de la perte de légitimité d’un accent – le nôtre. Une fois achevée la conquête britannique de la Nouvelle-France, le français canadien se figera dans les prononciations musicales des habitants du nord de la France du XVIIe siècle. Alors qu’une hivernation culturelle se prolonge à l’ouest de l’Atlantique, une révolution sans précédent s’opère en France en 1789, décapitant l’élite royale d’Ancien-régime et relançant l’éducation de l’Hexagone sur de nouvelles bases. Les sonorités langagières des nouvelles classes bourgeoises françaises s’établissent et sanctionnent le discrédit de l’ancienne façon de parler malgré la persistance de son usage en Amérique. Commence donc la dévalorisation parisienne de l’accent et du vocabulaire canadien qui étaient pourtant ceux de Molière et de Louis XIV.

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Billets similaires sur Le Monarchomaque :

Les tableaux et graphiques suivants sont tirés de l’étude de Vincent Geloso, Une perspective historique sur la productivité et le niveau de vie des Québécois : de 1870 à nos jours, HEC Montréal, 2013, 36 p. Construits à partir d’une montagne de données, ils démontrent clairement que le retard économique que le Québec accusait sur le Canada anglais s’est considérablement amenuisé pendant l’apogée de la soit-disant « Grande Noirceur » sous Maurice Duplessis (on lira Jacques Beauchemin pour une analyse du discours de gauche sur cette période). On aperçoit aussi que ce rattrapage continue pendant la décennie de la Révolution tranquille, ce qui établit une continuité plutôt qu’une discontinuité entre ces deux époques (continuité économique, à défaut de continuité culturelle). On notera cependant que la poursuite de cette remontée pendant la Révolution tranquille sous Jean Lesage (et les gouvernements subséquents) est largement due aux transferts d’argent fédéraux et — ce que l’étude ne dit pas — au crédit étatique contracté par le gouvernement provincial. Ces considérations font en sorte que la Révolution tranquille de Jean Lesage apparaît dès lors moins reluisante par rapport à la « Grande Noirceur » de Maurice Duplessis.

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Citation des pages 29-30 : « Il y a des raisons de croire que l’évolution relative du niveau de vie au Québec est surestimée après 1960, principalement à cause de l’effet des transferts fédéraux. Entre 1945 et 1957, les transferts fédéraux diminuent relativement à l’économie. Ils passent de plus de 1 % en 1945 à moins de 0,3 % en 1956. C’est seulement à partir de 1957 qu’ils recommencent à augmenter pour atteindre plus de 5 % de l’économie en 1975 […]. L’importance de cette évolution est considérable puisque les transferts fédéraux augmentent beaucoup plus rapidement au Québec qu’ils n’augmentent en Ontario. […] Puisque les autres Canadiens devaient payer davantage (ou recevoir moins) afin de transférer des ressources vers le Québec, cette augmentation des transferts fédéraux pour le Québec par rapport à l’Ontario implique que le niveau de vie des Québécois a été artificiellement augmenté à partir de 1957. »

HEC.8La conclusion de l’étude se clôt par cette phrase : « L’activité accrue de l’État québécois depuis les années 1960 et 1970 a contribué au retour de la stagnation relative du niveau de vie des Québécois par rapport aux Canadiens. »

En complément, j’offre ces renseignements puisés dans la biographie de Maurice Duplessis par Conrad Black, Montréal, Éditions de l’Homme, 1999 (1977), 547 p., traduction de Render unto Caesar par Jacques Vaillancourt.

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Billet similaire sur Le Monarchomaque :
Extraits de l’ouvrage Duplessis, son milieu, son époque

 

Maurice Duplessis et Mgr Charbonneau en 1945. Cette photo est emblématique de l’obscurantisme de la « Grande Noirceur » dans l’imaginaire québécois. En réalité, l’Église catholique au Canada-Français était loin d’être monolithique, et Duplessis avait beaucoup d’ennemis parmi le clergé, incluant Charbonneau.

Le présent article regroupe une collection de données contribuant à rectifier notre vision simpliste de l’histoire québécoise du XXe siècle, qui s’articule autour de la césure Grande Noirceur—Révolution tranquille, césure de plus en plus remise en question par l’historiographie professionnelle. Cette soi-disant « Grande Noirceur », qui connaît son supposé paroxysme lors des quinze années du règne de Maurice Duplessis, c’est, au fond, le Québec traditionnel. Mais ce Québec d’antan mérite-t-il vraiment l’appellation dénigrante de « Grande Noirceur » ? Quelques éléments de réponse…

La dette de la Révolution tranquille envers la « Grande Noirceur »

Pour commencer, je propose ces deux conférences de Lucia Ferretti, historienne de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

{1} Conférence intitulée La Grande Noirceur, mère de la Révolution tranquille prononcée dans le cadre de la série La Révolution tranquille : 50 ans d’héritages en 2010…

{2} Conférence intitulée Le rôle social et national de l’Église catholique prononcée dans le cadre du colloque Quelque chose comme un grand peuple en 2009…

La suite sur cette chaîne.

L’étatisme québécois des années 1930

Voici ce que nous disent trois de nos historiens les plus réputés concernant le rôle de l’État avant les années 1960, dans un chapitre intitulé L’État s’affirme :

L’État s’affirme dans le domaine du bien-être social (1919). Diverses institutions de bienfaisance lancent un cri d’alarme : Des 45 000 patients reçus dans les institutions en 1919, un tiers l’étaient à titre gratuit. Par suite de cet état de chose, une crise sérieuse se produisit dans les institutions : L’hôpital Notre-Dame de Montréal déclare que si la ville n’augmente pas sa contribution, il se verra dans la pénible obligation de fermer l’hôpital et il n’est pas le seul dans ce cas ; l’hôpital Sainte-Justine, l’Institut des Sourdes-Muettes de Montréal, l’Hôpital du Sacré-Cœur et la Crèche à Québec ont également des difficultés. L’État doit donc intervenir au moyen d’une loi qui permet aux hôpitaux désireux de s’en prévaloir de donner les secours médicaux nécessaires aux personnes défavorisées et répartit les frais en trois parties : un tiers au gouvernement provincial, un tiers à la municipalité où réside l’indigent et un tiers à l’institution d’assistance.

Référence ↑ : Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec (1534-2000), Sillery, Éditions du Septentrion, 2001, p. 163-164.

Commentaire sur cet extrait ↑ glané sur ce blogue : « Jusque-là (1919), c’était les communautés religieuses qui s’occupaient du domaine social : hôpitaux, hospices, la misère du monde quoi. Les communautés dépassées par le manque de ressources font appel à l’État pour que les nécessiteux puissent recevoir des soins gratuitement. C’est donc que l’Église n’était pas si puissante qu’on le prétend puisque c’est l’État qui tirait les ficèles économiques et que l’Église a dû lancer un cri d’alarme. »

La vigueur économique des Canadiens-Français avant 1960

Le professeur Jacques Rouillard, du Département d’histoire de l’Université de Montréal, a écrit un article [La Révolution tranquille, rupture ou tournant ?, Revue d’études canadiennes, Vol 32, No 4, hiver 1998, p. 23-51] résumant bien les études qui infirment la thèse des sociologues [progressistes]. À la veille de la Révolution tranquille, le Québec n’a rien d’une société sous-développée. La moitié des francophones occupent un emploi… dans le secteur des services ! Dès 1931, le recensement montre que peu de gens vivaient encore de l’agriculture et que les 2/3 de la main-d’œuvre travaillaient dans le secteur secondaire (manufacturier) ou tertiaire (services). L’industrie manufacturière avait toujours crû ici au même rythme qu’en Ontario, et ce depuis la Confédération. Durant tout le 20e siècle, la proportion de travailleurs québécois œuvrant dans le secteur industriel est comparable aux proportions observées aux États-Unis et dans plusieurs pays européens.

On ne constate pas non plus de retard d’urbanisation dans la province. La migration vers les villes se fait à un rythme régulier depuis la fin du 19e siècle. Le Québec affiche même un taux d’urbanisation supérieur à celui l’Ontario de 1900 jusqu’à la 2e Guerre mondiale, et allait se maintenir au-dessus de la moyenne canadienne par la suite.

[…]

La société québécoise d’avant la Révolution tranquille comptait aussi de nombreux entrepreneurs francophones dans le domaine industriel et commercial. Ils faisaient partie de l’élite au même titre que les médecins, notaires ou prêtres, mais on semble les avoir complètement oubliés aujourd’hui. Ces entrepreneurs étaient maîtres du développement économique local et régional. Dès le 19e siècle, ils se dotent d’institutions financières soutenant l’essor économique régional: banques, sociétés de fiducie, compagnies d’assurance. Les chambres de commerce foisonnent et se regroupent en fédération provinciale dès 1909. En 1935, elle comptait 49 chambres affiliées. La bourgeoisie d’affaires francophone exerçait une réelle influence dans la sphère publique […] Elle faisait la promotion du développement industriel et de l’esprit d’entreprise auprès des francophones.

[…]

En 1953, le Québec affichait le deuxième revenu par habitant le plus élevé au monde après les États-Unis (en excluant le reste du Canada). Avait-on réellement besoin de la Révolution tranquille et de l’intervention de l’État pour sortir les Québécois de cette prétendue «Grande Noirceur» ? Absolument pas !

Référence ↑ : Claire Joly, Le mythe de la Grande Noirceur et du Québec sous-développé, Blogue du Québécois Libre, 31 octobre 2005.

Augmentation fulgurante de l’alphabétisme au XIXe siècle

Les communications avec l’extérieur se sont développées à un rythme comparable à celui des autres sociétés occidentales. […] Le Canada français du milieu du XIXe siècle ne vivait pas en marge des autres nations occidentales. Un mouvement de modernisation était à l’œuvre. […] De 1764 à 1859, 327 périodiques ont été fondés dans la vallée du Saint-Laurent. […] Les journaux canadiens étaient abonnés à des publications européennes et américaines, comme le démontrent les nombreux extraits reproduits. Dans leurs journaux, les Canadiens pouvaient suivre l’actualité internationale et être exposés aux idées des grands penseurs du siècle. Et plus on avançait dans le XIXe siècle, plus les lecteurs étaient nombreux. En effet, le taux d’alphabétisation des Canadiens n’a cessé de croître tout au long du XIXe siècle, passant de 21 % pour la décennie 1820-1829 à près de 53 % cinquante ans plus tard. Cette croissance n’a pas touché seulement l’élite, mais aussi les enfants des agriculteurs (de 11.2 % à 48.6 % pour la même période) et des journaliers (de 13.8 % à 21.9 %) […] De son côté, la classe politique canadienne avait doté la Chambre d’assemblée d’une bibliothèque dès 1802, ce qui en avait fait l’une des premières institutions du genre en Occident [p. 21-22, voir prochaine référence].

Acceptation de la démocratie parlementaire

Accordé par l’Acte constitutionnel de 1791 et renforcé par l’obtention du gouvernement responsable en 1848, le droit à la représentation politique [par voie électorale] constituait, pour la classe politique canadienne-française du milieu du XIXe siècle, un acquis incontestable que même Louis-François Laflèche, certainement le doctrinaire ultramontain le plus important de cette époque, ne contestait pas [cette position était aussi celle de Mgr Ignace Bourget ; p. 24 et 340 ↓].

Acceptation de la distinction entre l’Église et l’État

Aux yeux des réformistes, aucune des deux sphères, matérielle et spirituelle, ne doit dominer l’autre ou la prendre en otage. Chacune a été conçue et voulue par le Créateur, chacune doit donc tendre vers des fins plus élevées [p. 214-215 ↓].

Référence des trois citations précédentes ↑ : Éric Bédard, Les Réformistes – Une génération canadienne-française au milieu du XIXe siècle, Montréal, Éditions du Boréal, 2009, 416 p.

Le nationalisme ethnique modéré pré-Duplessis

Mgr Louis-François Laflèche (1818-1898), nommé évêque de Trois-Rivières en 1870, est la deuxième personnalité ultramontaine en importance au Canada-Français au XIXe siècle après Mgr Ignace Bourget (1799-1885), l’archevêque de Montréal entré en fonctions en 1840. Voici ce qu’affirmait Laflèche dans Quelques considérations sur les rapports de la société civile avec la religion et la famille (1866) :

Au point de vue national, ils [les immigrés au Québec] ne sont plus ce que la naissance les avait faits, Allemands, Écossais ou Irlandais, mais ils sont Canadiens, c’est-à-dire que l’éducation les a faits. […] L’éducation encore plus que la naissance fait la nationalité. […] Une famille canadienne-française où l’on ne parle plus la langue français, où l’on n’est plus catholique, où l’on a adopté les mœurs et coutumes des Américains, à quelle nationalité appartient-elle ? Que lui reste-t-il de la nationalité de ses ancêtres ? Rien. Ils sont Américains et nullement Canadiens [↓].

Et voici ce que le chanoine Lionel Groulx (1878-1967), le théoricien du nationalisme ethnique par excellence du Canada-Français, affirma dans une allocution qu’il prononça le 5 décembre 1936 :

Nous ne plaçons pas l’essence ni la grandeur de la nationalité dans le fétichisme du sang ou de la race ; chrétiens, catholiques, nous les plaçons dans la justesse et la finesse de la raison, dans la grandeur morale de la volonté, dans la hauteur spirituelle de l’âme et de la culture [↓].

Dans La Naissance d’une race (1919), nous voyons que Lionel Groulx ne hiérarchisait pas les races, tel que le faisaient des millions de ses contemporains. Il utilisait le terme « race » comme un synonyme de « peuple » ou de « nation ». Plus tard, dans Mes Mémoires (1970), Groulx insista qu’il n’a jamais défini la racialité « uniquement sur le sang, à la façon animale ou biologique ».

Référence des trois citations précédentes ↑ : Éric Bédard, Recours aux sources – Essais sur notre rapport au passé, Montréal, Éditions du Boréal, 2011, p. 166-169 sur 280.

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Dugua De Mons

Dugua De Mons, le fondateur de l’Acadie, était huguenot

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Cette conférence sur les huguenots en Nouvelle-France fut prononcée par le rédacteur du Monarchomaque dans le cadre d’une journée thématique organisée à Québec par la Société d’histoire du protestantisme franco-québécois le 6 avril 2013. Cette journée avait pour but de conscientiser et d’instruire le public francophone sur le patrimoine et l’héritage réformé français en Amérique du Nord. Quelques corrections et améliorations furent subséquemment apportées au texte original.

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Mme La Tour défendant le Fort St-Jean contre un assaut papiste en 1645

Marie-Françoise La Tour défendant le Fort La Tour (Saint John, N.-B.) contre un assaut des hommes de Charles de Menou d’Aulnay en 1645, pendant la Guerre civile acadienne. Il y avait plusieurs huguenots parmi les hommes de Charles de St-Étienne de La Tour, quoique celui-ci était nominalement catholique.

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Pour les lecteurs souhaitant approfondir leurs connaissances sur ce thème :

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Papineau : Erreur sur la personne

Conférence des historiens Yvan Lamonde et Jonathan Livernois prononcée le 11 octobre 2012 à la Librairie Monet (Montréal) à propos de leur récent ouvrage Papineau. Erreur sur la personne publié aux Éditions du Boréal (extrait de l’introduction)  :

Je vous conseille d’écouter uniquement les minutes 5:46 à 9:10, 13:45 à 15:50, et 18:38 à 43:40. Advenant que le fichier soit retiré de la toile, ces historiens ont aussi donnés à peu près la même conférence à la Librairie Pauline (Montréal) le 15 novembre 2012 dont l’enregistrement se retrouve en deux parties, ici puis ici.

Voir aussi :

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Reportage sur l’exposition La présence oubliée des huguenots préparée par l’Institut sur le patrimoine culturel (IPAC) de l’Université Laval et présentée au Musée de l’Amérique française dans le Vieux-Québec en 2008-2009 :

Quelque personnages franco-protestants ayant marqués durablement notre histoire nationale :

  • Jean-François de la Rocque de Roberval, chef de l’expédition française dans la vallée du St-Laurent en 1541-1543.
  • Pierre Chauvin de Tennetuit, fondateur de Tadoussac en 1600.
  • Dugua de Mons, fondateur de Port-Royal en Acadie en 1605, supérieur et financier de Champlain en 1608.
  • François Dupont-Gravé, mentor de Samuel de Champlain dans la vallée su St-Laurent et cofondateur de Québec en 1608.
  • Émery de Caen, Gouverneur de la Nouvelle-France en 1624-1626 puis 1632-1633.
  • Pierre du Calvet, juge de paix à la Cour des plaidoyers communs du district de Montréal dès 1766, militant contre la corruption du système judiciaire, et initiateur du mouvement parlementariste grâce à son Appel à la justice de l’État de 1784.
  • Cyrille Côté, député du Parti canadien, dirigeant du mouvement patriote, corédacteur de la Déclaration d’indépendance du Bas-Canada et cofondateur de des Frères chasseurs en 1838,  fondateur de la 3e église franco-protestante du Québec en 1844.
  • Amédée Papineau, cofondateur des Fils de la Liberté en 1837 et militant nationaliste par la suite.
  • Charles Chiniquy, surnommé l’apôtre de la Tempérance pendant sa prêtrise catholique (sa croisade contre l’alcoolisme convainquit 200 000 paroissiens de s’abstenir de boisson forte), dirigeant de la collectivité réformée canadienne-française de Ste-Anne-de-Kankake en Illinois de 1858 à 1888, prédicateur protestant d’envergure internationale, aussi surnommé le Luther du Canada en Allemagne.

Pour les lecteurs souhaitant approfondir leurs connaissances sur ce thème :

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Buste de Dugua de Mons sur les Plaines d’Abraham :

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Première page de couverture de l’Appel à la justice de l’État (1784) de Pierre du Calvet :

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Emblème de l’Institut Feller (pensionnat franco-protestant à St-Blaise-sur-Richelieu, 1836-1942) :

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