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Table des matières du document :

  1. Principe préliminaire : Le fond est plus important que la forme
  2. Sommaire des théologiens protestants pionniers du républicanisme
  3. Motifs théologiques appuyant le républicanisme chrétien
    3.1. La validité universelle du régime républicain sous l’Éternel
    3.2. Le pourpre davidique est obsolète à l’instar du voile déchiré du Temple
    3.3. Le Roi des rois ne peut pas l’être sans l’existence de roitelets mortels ?
  4. Motifs historiques appuyant le républicanisme chrétien
  5. La polémique pseudo-royaliste dans le Livre des Juges
  6. Références bibliographiques
    5.1. Sources en théologie
    5.2. Sources en histoire du droit (consultées)
    5.3. Sources en histoire du droit (non consultées)

L’empereur Frédéric Ier Barberousse et la Ligue lombarde concluant la Paix de Constance (25 juin 1183) — Hôtel de ville de Constance, extrême-sud de l’actuel Bade-Wurtemberg en Allemagne

Dissertation universitaire pour laquelle j’ai obtenu la note de 99 % lorsque j’étais étudiant au baccalauréat (licence en France) en histoire.

N.B. # 1 : Ce travail réfère à une transcription du Traité de Constance contenue dans un dossier de textes polycopié en format papier ; on peut trouver ce même texte dans cet autre recueil à partir du paragraphe 22 (la numérotation des articles est identique, mais la numérotation des lignes diffère).

N.B. # 2 : La qualité visuelle du document est meilleure lorsqu’il est téléchargé puis consulté à l’aide d’un lecteur de fichiers PDF.

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Le Serment de Pontida (7 avril 1167) scella la création de la Ligue lombarde, une alliance défensive d’une vingtaine de cités d’Italie du Nord dont les troupes, commandées par Guido da Landriano, brisèrent l’hégémonie impériale germanique à la Bataille de Legnano (29 mai 1176) et gagnèrent ainsi l’indépendance de leurs cités respectives

Un ouvrage plus costaud sur ce sujet précis : Baldo Degli Baldeschi, Commentaire sur la Paix de Constance (1183), traduction française par Dominique Gaurier, Presses Universitaires de Limoges (PULIM), Limoges (Haute-Vienne), 2016, 251 p.

 

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« Au Québec, l’œuvre baptiste francophone remonte à 1837, grâce aux missionnaires suisses Henriette Feller et Louis Roussy. Les Églises [locales] issues de ce mouvement (la Mission de la Grande-Ligne) se réorganisèrent en 1969 sous le nom d’Union d’Églises baptistes françaises au Canada. […]

Le ministère de Roussy et Feller dans la localité de Saint-Blaise-sur-Richelieu au XIXe siècle a eu des portées incroyables sur le développement du protestantisme au Canada francophone. Marie-Claude Rocher, membre de l’Église Renaissance à Québec, a souhaité faire l’étude approfondie de ce récit ; il en est ressorti la création de la Place Feller à Saint-Blaise-sur-Richelieu, avec le développement d’une installation récréo-touristique inaugurée en 2014. Un lieu à découvrir à vélo ou en voiture ! »

Source ↑ : Héritage historique [Union d’Églises baptistes francophones du Canada]

L’évolution du bâtiment principal de l’Institut Feller à Grande-Ligne entre 1835 et 1967 (source : Musée Feller)

Extraits choisis du livre Huguenots et protestants francophones au Québec (Éditions Novalis)…

« La municipalité de Saint-Blaise-sur-Richelieu, située dans le riche territoire agricole des Basses-Terres du Saint-Laurent, a la particularité d’avoir été un noyau franco-protestant, quelque quarante ans avant d’être constituée en paroisse catholique. [En 1896, lorsque cette] paroisse est officiellement constituée, l’Église évangélique baptiste de Grande-Ligne (aujourd’hui l’Église Roussy-Mémorial) possède depuis sept ans un temple pouvant réunir 250 personnes et la Société évangélique de la Grande-Ligne comprend plusieurs églises bâties dans les communautés avoisinantes, des stations missionnaires dont l’action s’étend jusque dans les États de New-York et du Vermont [pour évangéliser les centaines de milliers d’ouvriers Canadiens-Français expatriés dans les régions industrielles du Nord-Est des États-Unis], des écoles rurales pouvant accueillir un total de 200 enfants par année, un pensionnat pour filles situé à Longueuil ainsi que l’école locale pour garçons — le futur Institut Feller, qui en est déjà à son deuxième agrandissement et deviendra un collège influent et rayonnant. […] À son apogée, l’Institut Feller regroupait une vingtaine d’immeubles et de dépendances. […]

Dans son rapport annuel de 1915, le secrétaire général de la Mission de la Grande-Ligne évaluait à 7000 le nombre d’élèves ayant fréquenté l’Institut Feller depuis sa fondation, 80 ans plus tôt. On imagine l’impact d’une telle population sur la société locale — et ce que l’on ne voit plus, depuis 1967, c’est la vie communautaire qui s’articulait autour des pensionnaires, des visiteurs, du personnel : les cloches annonçant le culte, les sorties de groupe, les fêtes, la musique, les événements sportifs, les constructions, le développement, bref, l’effervescence d’une vie de collège… traces immatérielles, rendues plus élusives encore par la destruction des documents qui les auraient consignées, lors de l’incendie [en 1968] du bâtiment principal. […]

Enfin, l’anglicisation des franco-protestants prit de l’ampleur dès 1910. De nombreux mariages unirent anglophones et francophones de même religion et, pour des raisons de financement, plusieurs Églises fondées par des francophones devinrent bilingues, imitées par l’Institut Feller. Voyant, d’une part, les difficultés encourues systématiquement par les convertis et d’autre part, les avantages financiers d’un rapprochement avec la communauté anglo-protestante, la Mission de la Grande-Ligne avait opté pour une réorientation fondamentale : ‹ It was decided that the Mission should embark on a gradual dilution [!] of the French orientation of the work ›.

Malgré ses prétentions, en excluant de la nation tous ceux qui ne répondaient pas aux critères catholiques et français, le clergé catholique favorisait l’anglicisation du Québec dans la première moitié du XXe siècle. Chez les Canadiens-Français eux-mêmes, bon nombre recherchaient une promotion sociale dans leur assimilation à l’anglais. L’Institut Feller n’échappe pas au mouvement d’anglicisation. Depuis 1917-1918, le journal interne publiait ses articles presque exclusivement en anglais, révélant un haut taux d’anglicisation tant chez les étudiants que dans le corps professoral. Instruits en anglais, attirés par une conjoncture économique plus prometteuse, les jeunes protestants trouvaient souvent plus naturel de s’intégrer à la communauté anglaise, échappant ainsi à la formidable pression sociale catholique qui s’exerçait sur eux. […]

À la fin des années 1950, la Mission de la Grande-Ligne se retrouva avec moins de la moitié des effectifs qui étaient les siens au début du siècle et constata l’échec de sa politique de bilinguisme. Les années soixante furent donc un temps de questionnement, de réévaluation et de réorientation. […] À mesure que s’effritait le cadre identitaire clérico-nationaliste séculaire, la communauté franco-protestante se mit à affirmer sa double appartenance et, bien sûr, à ‹ chercher ses racines ›, incontournables composantes de son identité. […]

Les fêtes du centenaire de Saint-Blaise, en 1988, ont fait une large place à la présence historique des franco-protestants et ont reconnu leur rôle de fondateurs sur le territoire ; l’église protestante locale, Roussy-Mémorial, est revitalisée et les autorités municipales rendent à Henriette Feller un hommage toponymique.

Depuis le début des années 2000, plusieurs gestes mémoriels ont été posés à l’égard du patrimoine franco-protestant : création de la Société d’histoire du protestantisme franco-québecois, participation aux grands événements dont le 400e anniversaire de Québec, installations de plaques commémoratives, élaboration de circuits pédestres ou cyclables, expositions, publications. L’apport des nouvelles technologies vient en appui, ouvrant les pistes prometteuses de la conservation virtuelle, de l’archivage électronique, de l’interprétation interactive et de la visite en réalité augmentée, dont certains pourraient s’appliquer dans le contexte d’une valorisation de l’ensemble Feller. »

Source ↑ : Ensemble Feller [Patrimoine Feller]

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Le texte du présent article peut être téléchargé ici.

Compléments sur Le Monarchomaque :

Compléments hors-site :

L’Église Roussy-Mémorial à Saint-Blaise-sur-Richelieu en Montérégie au Québec

Source : Radiance Foundation.

Sur le thème du conservatisme social :

Quelques brèves réflexions sur la culture du prosélytisme intempestif combinée à la suremphase sur le salut individuel éternel (au détriment du salut collectif temporel) qui affaiblissent l’Église au milieu du chaos éthique et identitaire qui sature l’Occident postmoderne…

« Nous produisons, dans une trop large mesure, un christianisme auto-effondrant, dans le sens où nos convertis se font [souvent] dire que la seule chose importante qu’ils doivent faire est de gagner davantage de convertis. C’est comme s’engager dans les forces armées et demander ce qu’on est censés faire. ‹ Ah, et bien, vous êtes censés recruter. › Ensuite, ils recrutent de plus en plus de personnes tout en les incitant à recruter encore d’autres personnes. Puis un jour, quelqu’un dit : ‹ Ne sommes-nous pas censés mener une guerre ? › [C’est alors que quelqu’un se rappelle :] ‹ Ah oui, il y a une guerre. › »

Référence ↑ : Ralph Winter, « Understanding the Polarisation between Fundamentalist and Modernist Mission », International Journal of Frontier Missiology (IJFM), Vol. 26, N° 1, p. 10.

« Ces chrétiens [les fondamentalistes nord-américains du 1ier tiers du XXème siècle] ont commencé à s’isoler de presque tout sens de la responsabilité sociale, résultant dans une sous-culture de ‹ blottissement sacré ›. Ils focalisèrent sur le développement d’une culture d’Église qui devint [presque exclusivement] préoccupée par se reproduire elle-même plutôt que d’être un agent de transformation. »

Référence ↑ : Debra Buenting, « Evangelicals and Social Action : YWAM’s Adoption of Kingdom Mission », International Journal of Frontier Missiology (IJFM), Vol. 26, N° 1, p. 17.

« D’autres partisans de la position piétiste ont défendu l’idée selon laquelle l’effort d’améliorer la culture, même indirectement, n’est pas un objectif approprié pour les chrétiens. L’évangéliste américain du XIXème siècle Dwight Moody est connu pour avoir dit : ‹ Je considère ce monde comme un vaisseau [c-à-d un navire] brisé. Dieu m’a donné un canot de sauvetage et m’a dit : “Moody, sauve tout ceux que tu peux”. › L’argument est le suivant : Pourquoi s’impliquer dans la culture alors que les gens sont spirituellement perdus et à l’agonie ? Ce qui devrait importer, c’est l’évangélisation et la formation de disciples. Mais cette approche n’a pas conscience du rôle de la culture dans la préparation des gens à l’évangélisation. [Après avoir poussé les membres de son Église locale à négliger les carrières soi-disant ‹ séculières › pendant plusieurs décennies, un pasteur] remarqua que de plus en plus de gens n’étaient pas nécessairement en désaccord avec son message évangélique, mais simplement incapables de saisir les concepts fondamentaux de bien et de mal, de péché et de grâce. [Après moult réflexion, ce pasteur prit conscience que :] ‹ Si tous les chrétiens ne faisaient qu’évangéliser […], très vite, les concepts les plus fondamentaux du christianisme deviendraient tellement lointains que plus personne ne comprendrait mes prédications. › On pourrait en fait dire que c’est déjà en cours. Le basculement de la culture [vers le paganisme] a mis en lumière les problèmes que pose l’indifférence piétiste vis-à-vis de la culture. »

Référence ↑ : Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile : La dynamique d’un ministère équilibré au cœur des villes d’aujourd’hui, Éditions Excelsis, 2015, p. 278-279.

L’humble atrium de Cornelius Pomponius Pisces est un site web sur l’histoire de l’Église chrétienne dans la Rome antique.

Le rédacteur est un jeune chrétien évangélique français, passionné de littérature classique et moderne, de philosophie, d’histoire et d’apologétique. Dans cet ordre d’idées, la vision de ce blogue est de faire connaître l’histoire du christianisme romain des premiers siècles et de démêler l’historique du fictif dans les légendes chrétiennes sur cette époque. Le rédacteur s’intéresse aussi aux rapports entre les premiers chrétiens et la culture païenne, notamment les philosophes gréco-romains. Il s’adresse essentiellement, mais pas exclusivement, à un public chrétien francophone.

Cet humble atrium a vu le jour après que Cornelius Pomponius Pisces ait un écrit un article sur le blogue d’apologétique culturelle Visio Mundus, consacré à la relation entre le philosophe Sénèque et l’apôtre Paul. Ses recherches effectuées pour cet article lui ont fait prendre conscience qu’il existe beaucoup plus de choses à dire sur cette époque passionnante, ce qui en fait un domaine encore largement inexploré, d’où la création de cet atrium.

Le pseudonyme du rédacteur est inspiré de la coutume que suivaient les patriciens romains en Antiquité pour « organiser » leur nom en trois parties : Un prénom (praenomen), suivi d’un nom de famille (nomen), suivi d’un surnom (cognomen). Par exemple, le nom complet de Cicéron était : Marcus (praenomen) Tullius (nomen) Cicero (cognomen).

Le nom de plume du rédacteur suit ce modèle tripartite. Cornelius fait référence à Corneille, qui fut le premier chrétien romain, un centurion de l’armée impériale basé à Césarée-de-Judée, dont l’histoire de conversion est racontée en Actes 10. Pomponius fait référence à Pomponia Graecina, qui pourrait être la première chrétienne de la famille impériale. Enfin, Pisces – qui signifie poisson – est la forme latine d’ichthus, le premier symbole connu des chrétiens dans l’Empire romain. Le pseudonyme Cornelius Pomponius Pisces est donc un clin d’œil à l’Église gréco-romaine des premiers siècles.

Voici, en guise d’apéritif à ce qui s’annonce être une riche référence de vulgarisation réfléchie du christianisme antique dans la Francophonie, une sélection de quelques articles pour débuter votre lecture dans cet atrium :

 

Dans ce document, plusieurs titres impériaux romains à forte signification juridique attribués à Jésus-Christ par le Saint-Esprit dans le Nouveau Testament sont examinés afin d’avoir un aperçu des prérogatives politiques du Roi des rois, César des césars, Empereur des empereurs, Président des présidents et Gouverneur des gouverneurs.

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La compréhension chrétienne correcte de la loi de Dieu (théonomie) peut souvent s’avérer ardue à cause de plusieurs facteurs (linguistiques, géographiques, littéraires, culturels, etc.) qui nous éloignent de la révélation initiale des préceptes moraux bibliques. Afin de faciliter la compréhension de la loi de Dieu par les chrétiens, dans cet article, j’ai regroupé deux excellents synopsis de la loi de Dieu que j’ai croisé dans mes lectures récentes. Le premier est issu d’un rapport officiel des Églises réformées de Nouvelle-Zélande (Reformed Churches of New Zealand – RCNZ). Le deuxième est issu d’un ouvrage du théologien, pasteur, professeur et apologète réformé états-unien Greg Bahnsen (1948-1995).

Emblème officiel des RCNZ

Premier synopsis de la loi de Dieu (théonomie)

Dans le but de dissiper les malentendus et les idées fausses concernant la loi de Dieu (theos nomos = norme de Dieu = théonomie), le comité d’étude constitué et mandaté par les Synodes nationaux de 1983 et 1986 des Églises réformées de Nouvelle-Zélande (RCNZ) a rédigé un rapport où il a notamment formulé sept propositions. Ce rapport et ces propositions furent ensuite approuvées puis diffusées (à titre de guide pastoral) par le Synode national des RCNZ de 1989. Celles-ci se résument comme suit :

  1. « Nous sommes sauvés par la grâce au moyen de la foi et non par les œuvres de la loi.

  2. Il n’y a pas de conflit entre la loi et l’amour.

  3. Il n’y a pas de conflit entre l’esprit de la loi et la lettre de la loi.

  4. Tous les croyants devraient se préoccuper de connaître et d’obéir à la loi de Dieu.

  5. Tous les croyants devraient avoir le souci d’étudier les détails de la loi de Dieu, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testaments.

  6. Tous les croyants devraient chercher à appliquer la loi de Dieu dans leur propre vie et dans la société.

  7. Les lois cérémonielles et sacrificielles ont été accomplies en Christ et n’ont plus besoin d’être pratiquées par les croyants du Nouveau Testament. »

Source ↑ : John Haverland, « Theonomy : What Have We Learned ? », Ordained Servant (Orthodox Presbyterian Church – OPC), Vol. 4, N° 2, avril 1995, p. 28-34. Traduction française : La Lumière, « La théonomie : Qu’avons-nous appris ? », La Lumière du Monde, publié le 15 mars 2020.

Deuxième synopsis de la loi de Dieu (théonomie)

Synopsis de la théonomie en douze points articulé par Greg Bahnsen :

« 1. Les Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament sont, en partie et en totalité, une révélation verbale de Dieu à travers les mots des hommes, étant infailliblement vraies en ce qui concerne tout ce qu’ils enseignent dans tous les domaines.

2. Depuis la Chute, il a toujours été illégal d’utiliser la loi de Dieu dans l’espoir d’établir son mérite et sa justification personnels, en contraste ou en complément du salut par la promesse et la foi ; l’engagement à l’obéissance n’est que le mode de vie de la foi, un gage de gratitude pour la grâce rédemptrice de Dieu.

3. La Parole de l’Éternel est le standard unique, suprême et incontestable pour [évaluer] les actions et les attitudes de tous les hommes dans tous les domaines de la vie ; cette Parole inclut naturellement les directives morales de Dieu (sa loi).

4. Notre obligation de respecter la loi de Dieu ne peut être jugée par aucun standard extra-scriptural ; par exemple [elle ne peut pas être jugée] si ses exigences spécifiques (lorsqu’elles sont correctement interprétées) sont conformes [ou non-conformes] aux traditions du passé ou aux sentiments et pratiques modernes.

5. Nous devons présumer que les lois permanentes de l’Ancien Testament continuent d’être moralement liantes dans le Nouveau Testament, à moins qu’elles ne soient annulées ou modifiées par une révélation ultérieure.

6. En ce qui concerne la loi de l’Ancien Testament, la Nouvelle Alliance dépasse l’Ancienne Alliance en termes de gloire, de pouvoir et de finalité (renforçant ainsi les anciens devoirs). La Nouvelle Alliance remplace également les ombres de l’Ancienne Alliance, modifiant ainsi l’application des principes de sacrifice, de pureté et de séparation, redéfinissant le peuple de Dieu et modifiant l’importance [et l’étendue] de la Terre promise.

7. Les lois permanentes révélées par Dieu sont le reflet de son caractère moral immuable et, en tant que telles, sont absolues dans la mesure où elles ne sont pas arbitraires, où elles sont objectives & universelles, et où elles ne sont pas établies dans des circonstances particulières ; bref, quand ces lois sont applicables à une généralité de situations morales.

8. La participation chrétienne en politique appelle à la reconnaissance de la loi de Dieu révélée, absolue et transcendante comme standard permettant de juger tous les codes sociaux.

9. Les magistrats civils de tous les âges et de tous les lieux sont obligés de conduire leurs offices en ministres de Dieu, vengeant sa colère divine contre les criminels ; ils rendront compte au Dernier jour de leur service devant le Roi des rois, [qui est] leur Créateur et leur Juge.

10. La continuité générale que nous présumons en ce qui concerne les standards moraux de l’Ancien Testament s’applique aussi légitimement à l’éthique sociopolitique qu’à l’éthique personnelle, familiale ou ecclésiale.

11. Les préceptes civils de l’Ancien Testament (lois ‹judiciaires› en vigueur) constituent un modèle de justice sociale parfaite pour toutes les cultures, même pour punir les criminels. En dehors des zones où la loi de Dieu prescrit l’intervention [étatique] et l’application de mesures correctives pénales, les dirigeants civils ne sont pas autorisés à légiférer ou à utiliser la contrainte (par exemple, le marché économique).

12. La manière moralement appropriée pour les chrétiens de corriger les maux sociaux qui ne sont pas sous la juridiction légitime de l’État est de recourir à des entreprises volontaires et charitables, ou [de recourir à] la censure du foyer, de l’Église et du marché ; de même, la méthode appropriée pour changer l’ordre politique et le droit étatique n’est pas la révolution violente, mais dépends sur la régénération, la rééducation et la réforme juridique graduelle. »

Source ↑ : Greg Bahnsen, No Other Standard : Theonomy and its Critics, Institute for Christian Economics, Tyler (Texas), 1991, p. 11-13.

Une version téléchargeable de cette étude est disponible ici.

Flagror Non Consumor (« je brûle mais ne me consume pas », Exode 3:2) – Le buisson ardent fut l’emblème des Églises réformées de France dès 1559

Dans cette étude, nous verrons que les principales confessions de foi, catéchismes et autres standards doctrinaux des chrétiens réformés d’Europe continentale datant de la Réformation des XVIème-XVIIème siècles promeuvent la théonomie (c’est-à-dire la doctrine biblique & protestante du Sola Scriptura appliquée en droit).

1. LA CONFESSIO GALLICANA (1559)

L’article 39 de la Confessio Gallicana ou Confession de foi des Églises réformées de France, adoptée au Synode national de Paris en 1559 – souvent appelée Confession de foi de La Rochelle parce que ratifiée au Synode national de La Rochelle en 1571 – stipule (cf. Olivier Fatio, Confessions et catéchismes de la foi réformée, Éditions Labor & Fides, 1re éd., 1986, p. 127) :

[… Dieu] a établi des royaumes, républiques et toutes autres sortes de principautés [… et] à cette cause a mis le glaive en la main des magistrats pour réprimer les péchés commis, non seulement contre la Seconde Table, mais aussi contre la Première. […]

L’article 40 de la Confessio Gallicana, quant à lui, se lit comme suit (cf. Confession de La Rochelle, Éditions Kerygma, 1998 (1988), p. 67) :

Nous affirmons donc qu’il faut obéir à leurs lois et règlements, payer taxes, impôts et autres charges, et consentir à cette obéissance d’une bonne et franche volonté – quand même ils seraient infidèles [ex. : Cyrus le Grand] – pourvu que la souveraineté absolue de Dieu demeure entière.

Ainsi, nous réprouvons ceux qui voudraient rejeter toute hiérarchie [= anarchistes], établir la communauté et le mélange des biens [= communistes] et renverser l’ordre de la justice [= absolutistes].

Voici une remarque du pasteur de l’Église réformée de France (ÉRF) et doyen de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) – aujourd’hui appelée la Faculté Jean CalvinPierre Courthial (1914-2009) sur l’inadéquation entre les gouvernements postmodernes qui sévissent  en Occident et ceux visés par les articles 39 et 40 de la Confessio Gallicana (cf. Commentaire sur la Confession de foi de La Rochelle, 1979, p. 127) :

Mais, à notre époque, ces articles, tels qu’ils ont été rédigés, prennent une signification ambigüe en dépit des excellentes choses qu’ils contiennent. Les États contemporains, en effet, situent volontiers la source du droit en eux-mêmes [plutôt qu’en l’Éternel et sa révélation écrite], tendent de plus en plus vers le totalitarisme et confisquent à leur profit monstrueux des libertés qu’ils ont cependant vocation de défendre.

Dans leur réédition légèrement modernisée de la Confessio Gallicana en 1988, le pasteur Pierre-Charles Marcel (1910-1992), docteur en théologie en France, et le professeur Charles van Leeuwen, docteur en théologie aux Pays-Bas, prirent le soin de préciser ceci (cf. Éditions Kerygma, 1998, p. 78-79) :

L’article 39 et la première partie de l’article 40 supposent l’existence d’États où l’autorité est exercée dans le respect de la souveraineté absolue de Dieu, les autorités se considérant elles-mêmes comme les lieutenants de Dieu, établis pour exercer une charge légitime et sainte. Ce n’est guère le cas à présent.

Cela étant dit, la Confessio Gallicana ne se contente pas d’affirmer la normativité des deux Tables du Décalogue en droit pénal. Selon l’article 5 de ce standard doctrinal, c’est l’ensemble de la Bible qui doit être prééminente, et cela dans l’ordre social en entier (cf. Éditions Kerygma, 1998, p. 23) :

Cette Parole est la règle de toute vérité et contient tout ce qui est nécessaire au service de Dieu et à notre salut ; il n’est donc pas permis aux hommes, ni même aux anges, d’y rien ajouter, retrancher ou changer. Il en découle que ni l’ancienneté, ni les coutumes, ni le grand nombre, ni la sagesse humaine, ni les jugements, ni les arrêts, ni les lois, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne peuvent être opposés à cette Écriture Sainte, mais qu’au contraire toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées d’après elle.

Médaillon commémoratif du tricentenaire (1859) du 1er Synode national des Églises réformées de France

2. LA CONFESSIO BELGICA (1561)

La Confession de foi belge ou Confession de foi des Pays-Bas (1561) fut rédigée par le réformateur & martyr Guy de Brès (1522-1567) à Tournai (Hainaut). Ce standard doctrinal exprime la foi chrétienne des communautés réformées pédobaptistes presbytériennes wallonnes, flamandes, néerlandaises et frisonnes. L’article 36 de la Confessio Belgica stipule :

[…] Non seulement leur office [= des magistrats] est de prendre garde et veiller sur la police, mais aussi de maintenir le sacré ministère, pour ôter et ruiner toute idolâtrie et faux service de Dieu ; pour détruire le Royaume de l’Antéchrist et avancer le Royaume de Jésus-Christ, faire prêcher la Parole de l’Évangile partout, afin que Dieu soit honoré et servi de chacun, comme il le requiert par sa Parole. […] {≠ Éditions Kerygma}

Voici une analyse de l’article 36 de la Confessio Belgica par le théologien réformé néerlandais Willem Ouweneel (cf. The World Is Christ’s, Ezra Press, 2017, p. 16) :

Ce texte dit sans équivoque qu’il appartient à la mission donnée par Dieu au gouvernement [civil] de promouvoir « le Royaume de Christ », et de faire avancer « la prédication de la Parole de l’Évangile partout », afin que Dieu puisse être honoré par tout un chacun. En outre, la version modifiée rédigée par le Synode de l’Église chrétienne réformée [= Christelijke Gereformeerde Kerk (CGK), aux Pays-Bas] en 1958 dit toujours que les autorités civiles accomplissent leur mandat « afin que la Parole de Dieu puisse être diffusée librement, que le Royaume de Jésus puisse progresser, et que chaque pouvoir anti-chrétien soit résisté » […]. Ceci inclut les puissances anti-chrétiennes qui dominent la plupart des États-nations autour du globe. La Confession belge ne reconnaît aucun domaine neutre à cet égard.

Et voici un commentaire sur l’article 36 de la Confessio Belgica par le pasteur réformé canadien Clarence Bouwman :

Insister sur la séparation de l’Église (religion) et de l’État (gouvernement) revient à prétendre qu’il y a une partie de la vie (gouvernement) sur laquelle le Christ n’est pas souverain. Christ est maître de toute la vie […]. En tant que citoyens qui reconnaissent la souveraineté de Christ sur toute la vie, nous devons exiger de nos politiciens qu’ils reconnaissent qu’ils sont responsables devant le Roi des rois. De plus, nous devons exiger pour que la nation reconnaisse Jésus-Christ dans l’espace public. Puisque les chrétiens connaissent le Roi des rois, ce sont d’abord les chrétiens qui doivent se porter volontaires pour la fonction publique. Le gouvernement [civil], après tout, n’est pas une entité « mondaine », mais un don de « notre Dieu miséricordieux ».

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Pays-Bas « espagnols » en 1558

3. LE CATÉCHISME DE HEIDELBERG (1563)

Le Catéchisme de Heidelberg (1563) fut rédigé par les théologiens & professeurs Caspar Olevianus (1536-1587) et Zacharias Ursinus (1534-1583) sous la supervision et avec la collaboration du Prince-Électeur Frédéric III le Pieux (1515-1576), Comte palatin du Rhin. Ce standard doctrinal exprime la foi chrétienne des communautés réformées pédobaptistes presbytériennes allemandes, néerlandaises et hongroises/transylvaines. Sa question-réponse 50 énonce :

Question 50 : Pourquoi ajoute-t-on [dans le Symbole des Apôtres] : « Il est assis à la droite de Dieu le Père Tout-Puissant » ?

Réponse 50 : Pour marquer que Jésus-Christ est monté au Ciel, afin que de là, il se fit connaître pour le Chef de son Église chrétienne, par lequel le Père gouverne toutes choses.

Voici une analyse de la question-réponse 50 du Catéchisme de Heidelberg par Willem Ouweneel (cf. The World Is Christ’s, Ezra Press, 2017, p. 15) :

Ces termes nient implicitement que Christ, le Logos Sarkos (le « Verbe incarné »), est seulement Roi au-dessus d’un domaine spirituel, l’Église ; il est celui « par lequel le Père gouverne toutes choses ». Le Catéchisme réfère ici à Matthieu 28:18 (où Jésus, en tant qu’homme ressuscité, dit « tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » [S21]) et Colossiens 1:18 (« il est la tête du corps qu’est l’Église ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier » [S21]).

C’est le même individu ayant accompli la purification des péchés qui exerce maintenant l’autorité suprême à la droite de Dieu (Hébreux 1:3-4). C’est l’homme ressuscité « Jésus-Christ qui est monté au Ciel, a reçu la soumission des anges, des autorités et des puissances et se trouve à la droite de Dieu » (1 Pierre 3:21-22 [S21]). C’est simplement faux d’affirmer que l’homme glorifié Jésus-Christ est Roi au-dessus d’un « Royaume de Dieu » dans le sens limité de l’Église visible, mais pas au-dessus d’un domaine temporel. Éphésiens 1 rend très clairement cette distinction fautive : Dieu « a tout mis sous ses pieds [de Christ] et il l’a donné pour chef suprême à l’Église qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (Éphésiens 1:22-23 [S21]). Celui qui est la tête du corps – l’Église – est la même personne qui, en même temps, est la tête au-dessus de « toutes choses ». […]

Si Christ est Roi au-dessus du Royaume de Dieu, ce Royaume contient non seulement l’Église, mais dans les propres mots de Jésus, il contient le monde entier (cf. Matthieu 13:38 où « le champ » est « le monde »). Les « magistrats et autorités » terrestres (Tite 3:1) se tiennent aussi sous la royauté de Christ (Éphésiens 1:20-21, Colossiens 1:16-18, 1 Pierre 3:21-22).

ElectoratPalatinat_1548 [hachuré en mauve]

Hachuré en mauve : À l’ouest, les terres du Bas-Palatinat (ayant pour capitale Heidelberg) ; à l’est, les terres du Haut-Palatinat (ayant pour capitale Ratisbonne) – Deux bastions de la foi réformée en Allemagne du Sud

ArmoiriesElectoratPalatinat

Blason du Comté palatin du Rhin, également nommé Électorat du Palatinat

4. LA CONFESSIO HELVETICA POSTERIOR (1566)

La Confessio Helvetica Posterior ou Confession helvétique postérieure (1566) fut rédigée par le réformateur & prédicateur Heinrich Bullinger (1504-1575) à Zurich. Ce standard doctrinal fut formellement adopté par les Églises réformées pédobaptistes presbytériennes de Suisse, de Hongrie-Transylvanie et de Pologne-Lithuanie. De plus, il fut officiellement approuvé par les Églises réformées correspondantes des Palatinats, de France et d’Écosse. Dans son préambule, ce texte confessionnel reproduit et endosse l’Édit de Thessalonique (380) de l’Empereur romain Théodose Ier le Grand (346-395), qui est éminemment théonomique (cf. Olivier Fatio, Confessions…, 1re éd., 1986, p. 200) :

Les Empereurs Gratien, Valentinien et Théodose, augustes. Au peuple de la ville de Constantinople : Nous voulons que tous les peuples qui vivent sous l’Empire de notre clémence suivent la religion que l’apôtre saint Pierre a enseignée aux Romains. […] Nous voulons qu’on donne le nom de chrétiens universels à ceux qui suivent cette loi, et qu’au contraire les autres, que nous regardons comme des extravagants et des insensés, portent la flétrissure du titre d’hérétique, et que leurs conciliabules ne portent point le nom d’Église, et qu’après la vengeance divine qui les attend, ils soient aussi punis de la manière que le Ciel nous l’inspirera.

Dans le corps de cette Confession helvétique postérieure, le chapitre 30 – intitulé Du Magistrat – stipule (cf. Olivier Fatio, Confessions…, 1re éd., 1986, p. 304-305) {Au besoin, comparer avec la traduction française de Donald Cobb parue dans le N° 212 de la Revue réformée en mars 2001} :

Si donc il [= le magistrat] est ennemi de l’Église il peut grandement empêcher et faire beaucoup de troubles ; mais si au contraire il est ami et membre de l’Église, il est très-utile et très-excellent membre d’icelle, et lui peut grandement aider et profiter. Le principal office d’icelui est de procurer la paix et tranquillité publique, ce qu’il ne peut jamais mieux faire plus heureusement qu’en étant vraiment religieux et craignant Dieu, et qu’à l’exemple du peuple du Seigneur il n’avance et donne cours à la prédication de la vérité et de la pure et sincère foi, empêchant tout mensonge, et mettant bas toute superstition avec toute impiété et idolâtrie, et défendant l’Église de Dieu. Nous enseignons aussi que le soin de la religion est des principaux points d’un fidèle et saint magistrat. […] Qu’il mette ordre qu’on ne prêche rien [de] contraire à icelle ; item, qu’il gouverne par bonnes lois conformes à la Parole de Dieu le peuple que Dieu lui a commis, et qu’il le contienne en bonne discipline, devoir et obéissance. […] Car il n’a pas reçu de Dieu le glaive en vain [Romains 13:4]. Qu’il dégaine donc ce glaive de Dieu contre tous les méchants, […] blasphémateurs, parjures, bref contre tous ceux que Dieu veut punir et qu’il a commandé qu’on mît à mort. Qu’il châtie aussi et punisse ceux qui sont vraiment hérétiques, à savoir incorrigibles, et qui ne cessent de blasphémer la majesté de Dieu et troubler son Église, voir même la ruiner et détruire. […] Et le magistrat faisant ces choses en foi sert Dieu par [de] telles œuvres, comme vraiment bonnes, et reçoit bénédiction de Dieu.

DistributionConfessionsSuisse1536

Distribution des confessions religieuses dans la Confédération helvétique en 1536

5. LES CANONS DE DORDRECHT (1619)

Les Canons de Dordrecht furent adoptés par le Synode de Dordrecht (Hollande-Méridionale, 1618-1619), une assemblée délibérante de théologiens ayant à la fois les caractéristiques et les attributs :

  • D’un procès ecclésiastique national de l’Église réformée néerlandaise – la Nederduitse Gereformeerde Kerk (NGK) créée en 1571 – impliquant 14 meneurs arminiens libéraux dits « remonstrants » (les accusés) et 19 délégations (le jury) comprenant…
    • Sept délégations (53 délégués) des sept synodes provinciaux constitutifs de la NGK ;
    • Sept délégations (18 commissaires civils) des sept provinces fédérées composant la République des Provinces-Unies des Pays-Bas ;
    • Cinq représentants des cinq universités ou académies réformées néerlandaises (Leyde, Groningue, Hardervic, Franeker et Middelbourg).
  • D’un concile international réformé réunissant – en plus de la délégation des États-Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas (l’organe législatif fédéral néerlandais) – 26 délégués officiels…

    • Venant d’AllemagneÉglise réformée & Ville libre d’Emden (Frise-Orientale), Église réformée & Ville libre de Brême (Basse-Saxe), Landgraviat de Hesse-Cassel (Basse-Hesse), Landkreis du Wetterau (Haute-Hesse), Duché de Nassau, Électorat du Palatinat ;
    • Venant de SuisseÉglise réformée & République de Genève, émissaires des Églises réformées et/ou des autorités civiles de quatre cantons du territoire alémanique (Zurich, Bâle, Berne et Schaffhouse) ;
    • Venant des îles britanniques ⇒ Une députation (un député) de l’Église d’Écosse et une députation (quatre députés) de l’Église d’Angleterre ;
    • Quelques observateurs (non-inclus dans le décompte des 26 ↑), tels l’ambassadeur de la Principauté d’Anhalt (réformée) en Saxe centrale, le messager de la congrégation réformée néerlandaise de Londres, et plausiblement une députation du Synode wallon (regroupant les 43 Églises réformées wallonnes relocalisées aux Pays-Bas du Nord).

Ce standard doctrinal est la référence classique de la sotériologie réformée orthodoxe (couramment résumée par l’expression « cinq points du calvinisme »). Dans son étude doctrinale consacrée aux Canons de Dordrecht, titré Le solide fondement du salut (Éditions La Rochelle, 2019), Paulin Bédard écrit (p. 13 et 15) :

L’un des principaux fruits du Synode de Dordrecht a été de mettre par écrit les Canons (ou décisions) de Dordrecht, qui ont d’ailleurs été rédigés en néerlandais, en français et en latin, puis traduits plus tard en plusieurs langues. Contrairement aux confessions de foi du XVIème siècle qui ont été rédigées par des individus, ce texte a été écrit par une assemblée ecclésiastique. En 1620, au Synode national d’Alès, les Églises réformées de France ont reçu et approuvé ces Canons comme étant conformes à la Parole de Dieu. Tous les pasteurs et anciens devaient prononcer publiquement le « serment d’approbation » prévu à cet effet. […]

Les Canons de Dordrecht sont ainsi structurés selon ces cinq points. Chacun de ces cinq points est d’abord expliqué par une [première] série d’articles qui exposent positivement la doctrine orthodoxe, puis par une deuxième série d’articles qui réfutent et rejettent les erreurs arminiennes, cette deuxième série d’articles portant le nom de « rejet des erreurs ».

En plus des Églises réformées de France, les Églises réformées de Hongrie-Transylvanie adoptèrent également ce standard doctrinal comme texte normatif. L’article 3:4:4 des Canons de Dordrecht (1619) dispose :

Il est vrai qu’après la Chute, il a subsisté dans l’homme quelque lumière de nature ; grâce à elle, il conserve encore une certaine connaissance de Dieu et des choses naturelles, il discerne entre ce qui est honnête et malhonnête, et montre avoir quelque pratique et soin de la vertu et d’une discipline extérieure. Mais tant s’en faut que, par cette lumière naturelle, il puisse parvenir à la connaissance salutaire de Dieu, et se convertir à lui, puisqu’il n’en use même pas droitement dans les choses naturelles et civiles, mais plutôt, telle qu’elle est, il la souille de diverses manières et la maintient dans l’injustice ; ce que faisant, il est rendu inexcusable devant Dieu.

Voici une analyse de l’article 3:4:4 des Canons de Dordrecht par le théologien réformé néerlandais Willem Ouweneel (cf. The World Is Christ’s, Ezra Press, 2017, p. 17-18) :

Ce point de vue conflicte radicalement avec l’idée de [Michael] Horton et [David] VanDrunen d’une loi naturelle régnant dans le royaume séculier sans aucun besoin que la lumière de la Parole-Révélation de Dieu ne soit jetée sur cette loi naturelle. […] En opposition à ces derniers, Joseph Boot décrit la loi naturelle comme « un concept originellement stoïc [= païen] bourré de difficultés, dont personne ne semble être certain du contenu réel avec une clarté quelconque ». Remarquez la référence des Canons à Romains 1:18 : « La colère de Dieu se révèle du Ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui par leur injustice tiennent la vérité prisonnière » [S21]. Assurément, il y a une certaine connaissance de Dieu et de sa loi dans les personnes naturelles : « Ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur » (2:15) — mais en combinaison avec 1:18 cela montre que cette connaissance est totalement corrompue par le péché […]. Quelle que soit la conscience des choses divines qu’ils puissent avoir, elle est supprimée par leur méchanceté. C’est impossible de fonder un État ou une société sur la loi naturelle seule de manière à ce qu’un tel État ou une telle société soit acceptable et honorante pour Dieu.

AllegorieDisputeTheologique1618_AbrahamVanDerEyk1721

Dispute entre remonstrants et contre-remonstrants (1618), par Abraham van der Eyk, 1721. Les remonstrants (arminiens libéraux) sont à gauche et les contre-remonstrants (calvinistes orthodoxes) sont à droite. La balance penche en faveur de la cause réformée grâce au poids d’une épée, qui symbolise le soutien crucial de l’État réformé accordé à l’Église réformée. En déjouant la tentative de putsch des activistes remonstrants, la contribution des magistrats & militaires chrétiens fut décisive au succès du Synode de Dordrecht.

Pour conclure, constatons qu’en matière de théologie publique, la théonomie est indiscutablement une doctrine confessionnelle orthodoxe des chrétiens réformés pédobaptistes presbytériens originaires d’Europe continentale.

« Le message fondamental de l’eschatologie biblique est la Victoire, dans le temps et sur la terre (dans l’histoire) ; une victoire complète & globale, pas simplement une victoire psychologique intériorisée du genre “sourire sur nos visages, joie dans nos cœurs”. »

— Gary North, 17 décembre 1986

Le présent article est un plaidoyer en faveur d’une eschatologie victorieuse et conquérante. Il est composé de trois sections. Dans la première section (La foi chrétienne dans le progrès), sont reproduits des extraits d’un travail du sociologue & historien des religions Rodney Stark (1934-) expliquant comment le métarécit rédemptif biblique (Création-Chute-Rédemption) a révolutionné la compréhension humaine de l’histoire et rendu possible des progrès qui auraient autrement été inimaginables. Dans la deuxième section (Le futur âge d’or de la Chrétienté universelle), sont reproduits des extraits d’une œuvre du théologien puritain Jonathan Edwards (1703-1758) esquissant les caractéristiques distinctives d’une période bénie & heureuse dans l’avenir de l’humanité où le Royaume de Dieu aura presque entièrement (quoique pas encore totalement) vaincu les forces du Mal. Dans la troisième section (Le combat des deux cités), sont reproduits des extraits d’un livre du pasteur & professeur réformé Pierre Courthial (1914-2009) sur la lutte salutaire que la Cité de Dieu (le peuple allianciel chrétien) a le devoir de mener contre la Cité de l’Adversaire (Satan et ses serviteurs) dans le cadre du Mandat créationnel (Genèse 1:26-30) et de la Grande commission (Matthieu 28:16-20).

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