Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof ; or abridging the freedom of speech, or of the press ; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances.
C’est le 1er article du Bill of Rights, une série de Dix Amendements relatifs aux droits individuels ajoutés le 15 décembre 1791 à la Constitution américaine de 1787 lorsqu’elle fut ratifiée par les délégués de trois-quarts des États américains nouvellement indépendants.
L’interprétation de première partie de cet article fait l’objet d’un débat intense et constant entre conservateurs et progressistes, les premiers l’invoquant pour défendre leur liberté religieuse, les seconds pour imposer leur agenda séculariste.
La traduction la plus souvent admise de la partie qui nous intéresse est celle-ci :
Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion.
Une autre traduction que l’on retrouve se lit comme suit :
Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice.
Soulignons d’abord que cet article stipule que le Congrès (pas l’exécutif fédéral ou le judiciaire), juste le Congrès (et pas les législatures d’État ou les gouvernements locaux), ne fera aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice.
LA SEULE RESTRICTION PÈSE SUR LE CONGRÈS.
Ensuite, « ne pas interdire le libre exercice de la religion », cela est assez clair, et à ce niveau, c’est incontestablement les militants athées qui sont dans le tord avec leurs manies fascisantes, comme par exemple envoyer en prison les enseignants qui font des prières volontaires avant le repas dans les écoles publiques (sans les élèves).
Mais qu’en est-il de « ne pas légiférer l’établissement de la religion » ? Cela signifie-t-il que les instances gouvernementales dépendant du Congrès doivent être complètement « religieusement neutre », c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas reconnaitre et favoriser aucune religion, que l’appareil étatique fédéral doit être laïc mur-à-mur ? Ou bien simplement qu’il ne doit pas y avoir d’Église d’État, comme c’est le cas en Angleterre, où le souverain est, par sa fonction même, le chef de l’Église anglicane ?
Il faut d’abord admettre que la formule « ne pas légiférer l’établissement de la religion » est plutôt floue. Si on la prend littéralement (la première option), elle peut tout aussi bien vouloir dire « ne pas légiférer le non-établissement de la religion », bref « ne pas se mêler de l’établissement de la religion ». Cela serait plus une politique de neutralité passive que de neutralité active. La nuance est importante, car la seconde interprétation implique un laissez-faire du Congrès, une attitude de désengagement.
La notion de neutralité religieuse elle-même est ambiguë et d’une pertinence discutable : neutralité religieuse rime habituellement avec irréligion, irréligion avec incroyance, incroyance avec athéisme/agnosticisme. Et le laïcisme n’est pas essentiel à la garantie de la liberté religieuse : un État peut très bien favoriser une religion (celle de la majorité fondatrice & historique) tout en respectant le libre exercice des autres religions.
Quoi qu’il en soit des possibles interprétations modernes, il est évident, à la lumière du témoignage de l’Histoire, que, dans l’esprit des Pères fondateurs, le 2e amendement de la Constitution américaine n’implique aucunement la séparation totale de la religion et de l’État. On peut citer énormément d’exemples en attestant. Prenons la Déclaration d’indépendance promulguée par les représentants des Treize colonies le 4 juillet 1776, où l’on peut lire :
Nous tenons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables et que parmi ceux-ci figurent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.
On peut également mentionner que le bâtiment du Capitole, où siège le Congrès à Washington, fut utilisé comme une église chaque dimanche de 1795 à 1868. Ce service religieux était fréquenté très assidument par le 2e président des États-Unis, Thomas Jefferson. En fait, c’était une pratique courante pour les membres du Congrès et leur famille d’assister au culte au Capitole le dimanche matin. D’ailleurs, l’expérience fut répétée en 2010. Puisque le service était multiconfessionnel protestant (c’est-à-dire modérément œcuménique), ou bien que des prédicateurs de diverses dénominations chrétiennes étaient autorisés à prêcher à tour de rôle ou simultanément (dans différentes salles), il n’y avait pas de favoritisme entre les églises trinitaires et par conséquent le Congrès n’instaurait pas une dénomination particulière (épiscopalienne, presbytérien, méthodiste, etc.) comme Église d’État, cette pratique n’était pas en violation du 1er amendement.
Il suffit de donner la parole aux Pères Fondateurs pour savoir ce qu’ils en pensaient…
Le pouvoir suprême [c-à-d le Parlement britannique] ne peut justement prendre la propriété d’aucun homme sans son consentement. Les droits naturels des colons sont les suivants : Premièrement, le droit à la vie ; Deuxièmement, le droit à la liberté ; Troisièmement, le droit à la propriété ; ainsi que le droit de se supporter et de se défendre de la meilleur manière qu’ils le peuvent. Les droits des colons peuvent être compris en étudiant soigneusement les instituts du Grand Donneur de la Loi et Tête de l’Église chrétienne [Jésus-Christ], lesquelles se trouvent clairement écrits et promulgués dans le Nouveau Testament.
— Samuel Adams, surnommé le « Père de la Révolution », député au Congrès Continental (1774-1781), Gouverneur du Massachusetts (1789-1797), en 1772
La Providence a donné à notre peuple le choix de ses dirigeants. Il est un privilège, un devoir ainsi que dans l’intérêt d’une nation chrétienne de préférer et de choisir des chrétiens comme dirigeants.
— Jonh Jay, premier Juge en chef des États-Unis, 28 février 1797
Notre Constitution a été faite uniquement pour un peuple moral et religieux. Elle est complètement inadéquate pour le gouvernement de n’importe quel autre.
— Jonh Adams, second Président des États-Unis (1797-1801), 11 octobre 1798
Les plus grands piliers de tout gouvernement et de la vie sociale sont la vertu, la moralité et la religion. Ceci est l’armure, mon ami – et c’est cela uniquement – qui nous rend invincibles.
— Patrick Henry, député du Congrès Continental (1774), Commandant de la milice virginienne (1775), Gouverneur de Virginie (1776-1778 et 1784), 8 janvier 1799
Sans moralité, une république ne peut subsister aucune période de temps ; ceux donc qui décrient la religion chrétienne dont la moralité est si sublime et pure […] sapent les solides fondements moraux, les meilleures sécurités pour la durée des gouvernements libres.
— Charles Carroll, signataire de la Déclaration d’Indépendance et de la Constitution américaine, député au Congrès Continental (1776), Sénateur du Maryland (1781-1799), 4 novembre 1800
Les Principes généraux à partir desquels les Pères ont accomplis l’indépendance étaient les seuls principes sur lesquels cette merveilleuse assemblée de jeunes gentilshommes pouvaient s’unir. […] Et quels étaient ces Principes généraux ? Je réponds : les Principes généraux du christianisme, dans lesquels toutes ces sectes [sic] étaient unies.
— John Adams, second Président des États-Unis (1797-1801), 28 juin 1813
La préservation de la république est aux mains du peuple. Nous plaçons le futur entier de la civilisation américaine non sur le pouvoir du gouvernement, loin de là. Nous plaçons le futur de toutes nos institutions sur la capacité de l’humanité à s’auto-gouverner ; sur la capacité de chacun d’entre nous à se gouverner soi-même, à se contrôler soi-même, à se soutenir selon les Dix Commandements.
— James Madison, quatrième Président des États-Unis (1809-1817)
La plus haute gloire de la Révolution américaine est d’avoir connecté en un lien indissoluble les principes du gouvernement civil et les principes du christianisme.
— John Quincy Adams, sixième Président des États-Unis (1825-1829), 4 juillet 1821
N’est-ce-pas la Déclaration d’Indépendance qui a premièrement organisé notre pacte social sur le fondement de la mission terrestre du Rédempteur ? Qui a fixé la pierre angulaire du gouvernement humain sur les premiers préceptes du christianisme ?
— John Quincy Adams, sixième Président des États-Unis (1825-1829), 4 juillet 1837
P.S. La devise nationale des États-Unis d’Amérique est IN GOD WE TRUST – EN DIEU NOUS CROYONS.
Une référence étatique officielle sur cette matière :
Religion and the Founding of the American Republic
The Influence of the “Black Robes” [Journal of the American Revolution]