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Le Monarchomaque présente l’étude La transmission médiévale des savoirs entre l’Orient et l’Occident, rédigée par Tribonien Bracton. Cette étude historique adresse la question épineuse mais passionnante de la filiation intellectuelle entre la Grèce antique, l’Orient araméo-hellénique, le Monde musulman et l’Occident médiéval. Il réfute la thèse d’une dette occidentale envers l’Islam, met en relief le rôle capital joué par les traducteurs araméens, et dégage la singularité de la civilisation occidentale.
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« Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants, de sorte que nous voyons davantage de choses qu’eux et plus loin qu’eux, non pas à cause de l’acuité de notre propre vue ou de la hauteur de notre propre corps, mais parce que nous sommes élevés par eux. » — Bernard de Chartres, XIIe siècle
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Consultez également sur Le Monarchomaque :
- Le soleil d’Allah brille sur l’Occident ?
- Pour en finir avec Averroès
- La civilisation arabo-musulmane est un mythe
- L’Occident ne doit pas ses savoirs au califat islamique
- Sylvain Gouguenheim répond à ses détracteurs
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Livres supplémentaires sur ce thème :
- Joseph Yacoub, Le Moyen-Orient syriaque : La face méconnue des chrétiens d’Orient, Éditions Salvator, Paris, 2019, 278 p.
- Sylvain Gouguenheim, La gloire des Grecs, Éditions du Cerf, Paris, 2017, 414 p.
- Rafael Sanchez Saus, Les chrétiens dans Al Andalus : De la soumission à l’anéantissement, Éditions du Rocher, Monaco, 2019, 528 p.
- Serafin Fanjul, Al Andalus : L’invention d’un mythe – La réalité historique de l’Espagne des trois cultures, Éditions l’Artilleur / Éditions du Toucan, Paris, 2017, 736 p.
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Articles supplémentaires sur ce thème :
- La conservation du savoir grec à Constantinople et sa diffusion dans l’Europe romane [Pour une école libre au Québec]
- Averroès dans le texte : Conversion ou dhimmitude, esclavage et massacre pour les non-musulmans [Observatoire de l’islamisation]
- Averroès, référence méconnue des djihadistes contemporains [Observatoire de l’islamisation]
- « Al Andalus : L’invention d’un mythe », de Serafin Fanjul [Polémia]
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Présentation de l’ouvrage de Serafin Fanjul ↑ par Philippe Conrad, « Al-Andalus sans légende », Nouvelle Revue d’Histoire, N° 92, septembre-octobre 2017 :
C’est un ouvrage majeur que nous propose Serafin Fanjul, docteur en philologie sémitique, professeur de littérature arabe à l’Université Complutense de Madrid, ancien directeur du Centre culturel hispanique du Caire.
Autant dire que l’auteur s’appuie sur une érudition à toute épreuve pour aborder la question, ô combien débattue, de l’interprétation de la séquence historique qui a correspondu à la présence, sept siècles durant, d’une société musulmane dans la péninsule ibérique. Il sait comment, au prix de grossiers anachronismes, les tenants de l’immigration de masse et de l’avènement sur le sol européen d’une société multiculturelle chantent les louanges du « paradis perdu » qu’aurait été l’Espagne musulmane à l’époque médiévale. En prenant pour cela quelques libertés avec l’histoire…
Notre auteur déconstruit méthodiquement le mythe de « l’Espagne des trois religions », lieu d’une coexistence pacifique et mutuellement profitable. Il n’a guère de mal à montrer que l’époque était celle d’un apartheid qui valait aux dhimmis chrétiens et juifs un statut d’infériorité jamais remis en cause jusqu’au XVème siècle qui vit la fin du royaume nasride de Grenade. L’ouvrage de Serafin Fanjul apparaît donc, dans la bataille engagée pour la préservation de la mémoire et de l’identité européennes comme une arme précieuse pour en finir avec les mensonges de « l’historiquement correct ». À noter également l’excellente préface d’Arnaud Imatz, qui revient sur les procédés de la manipulation du passé appliquée de manière plus générale à l’histoire de l’Espagne, longtemps victime de la « légende noire » diffusée par ses adversaires.
Les enluminures médiévales louant la science arabe étaient des faux [Médias Presse Info]
Juifs, chrétiens et musulmans : l’Espagne médiévale ne fut pas l’éden multiculturel qu’on croit – Entretien avec l’historien espagnol Serafín Fanjul [Causeur]
Al-Andalus, enfer ou paradis pour les « dhimmis » ? Wikipédia n’est pas d’accord – La guerre de l’histoire fait rage sur l’encyclopédie en ligne [Causeur]
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Langue et culture syriaques dans la transmission du savoir [Gallica \ BnF]
Chrétiens d’Orient : 2000 ans d’histoire – Catalogue d’exposition [Institut du Monde arabe]
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Les derniers Araméens – Le peuple oublié de Jésus [La Table Ronde]
Chrétiens d’Orient sur la route de la soie – Dans les pas des nestoriens [La Table Ronde]
Études syriaques – Volume 11 : Les sciences en syriaque [Mondes sémitiques – Orient & Méditerranée]
Études syriaques – Volume 12 : Le christianisme syriaque en Asie centrale et en Chine [Mondes sémitiques – Orient & Méditerranée]
« Jacques Fontaine a même fait remarquer comment, en architecture, l’arc outrepassé, qu’on attribue généralement aux Arabes, existe plus de cent ans avant leur irruption [des Arabes] dans cette Espagne ‹ wisigothique › qu’il a si bien étudiée. »
Source ↑ : Régine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen Âge, Éditions du Seuil, p. 45.
Une longue tradition intellectuelle
« L’apport de ces Syriaques est considérable dans tous les champs de la connaissance. Ils ont produit une pensée propre, religieuse et profane, et sont des acteurs actifs. Les Syriaques furent la première nation orientale à étudier et largement commenter la pensée grecque.
Leur langue a eu un impact certain sur la langue et la culture arabe et ses traces sont inscrites dans sa littérature. Ils ont donné des penseurs de grande qualité (comme Bar Hebraeus) qui peuvent être comparés aux grandes figures européennes. En matière de traduction, on peut aisément parler d’une épopée. Au contact de la Grèce, de la Perse et aussi de l’Inde, les Syriaques ont traduit maintes fois les auteurs grecs, surtout en philosophie et en médecine, dont les effets furent grands sur le monde arabo-musulman, accordant une place d’honneur à Galien et Aristote.
Ce faisant, ils furent la première nation orientale à étudier et largement commenter la pensée grecque, et les Arabes s’enrichiront de leur apport. Ils traduisirent la Bible dès le départ (version dite Peshytta ou Simple). Le Diatessaron (ou les Évangiles en harmonie) de Tatien est une originalité syriaque du IIe siècle.
Les Syriaques ont donné de nombreux exégètes, théologiens et mystiques de réputation mondiale, comme Jacques de Saroug (VIe siècle) et Isaac de Ninive (VIIe siècle), amplement traduits en français.
Sait-on que c’est le Ve siècle qui vit la première faille de la chrétienté, dont les victimes furent précisément les Églises syriaques ? Car sous Byzance, pourtant chrétienne, les Syriaques ‹ nestoriens › comme ‹ monophysites › furent persécutés, accusés d’être hérétiques et schismatiques. Au fil du temps, ils ont connu des autodafés de leurs livres par les Byzantins et ultérieurement par les Latins.
Chose extraordinaire, au Xe siècle, Hassan bar Bahloul, un chrétien syriaque, publia un lexique de genre encyclopédique.
Absents des manuels d’histoire, ils attendent d’y occuper leur place. Ainsi, on découvrira qu’ils ont connu les Croisés, domaine dans lequel ils sont d’un apport indéniable, différent à maints égards de celui des latins et des musulmans. Et maintenant que le débat s’ouvre autour de l’histoire arabo-musulmane, il serait utile d’y intégrer leur point de vue.
Un autre exemple : l’Inde (l’État de Kérala au sud-ouest) atteste de leur présence historique depuis 2000 ans avec l’apôtre Thomas. Un texte syriaque d’Inde, daté de 1502, évoque le début du colonialisme portugais dans ce pays.
Cet héritage est si important qu’il a donné naissance, à partir du XVIe siècle, sous l’effet de la Renaissance en Europe, à ce que nous appelons l’orientalisme syriaque. Dans ce domaine, la France a beaucoup contribué avec des figures qui s’imposent au-delà de ses frontières : Ernest Renan, Rubens Duval, François Nau, le cardinal Eugène Tisserant, l’abbé Jean-Baptiste Chabot. »
Source ↑ : Joseph Yacoub, Les Syriaques, aujourd’hui menacés, ont contribué à façonner le Moyen-Orient, publié le 16/08/2019 [FigaroVox]