« Il existe, dans les Écritures, douze occurrences narratives de baptêmes ayant eu lieu durant la période apostolique [Dix d’entre-elles se trouvent dans les Actes : 2:41 ; 8:5-13 ; 8:36-39 ; 9:18-19 ; 10:47-48 ; 16:13-15, 16:33 ; 18:8, 19:1-5 ; 22:14-16. Les deux autres sont dans 1 Corinthiens 1:14-16]. Si l’on se pose quelques questions simples à la lecture de chacun de ces textes, alors les conclusions suivantes s’imposent :
- Qui était baptisé ? Des individus ayant fait profession de foi.
- Qui baptisait ? Celui ou ceux ayant annoncé l’Évangile.
- Comment étaient-ils baptisés ? Par immersion, comme l’indique le sens premier du terme original [baptizō (βαπτίζω), littéralement ‹ plonger ›, ‹ immerger ›].
- Quand étaient-ils baptisés ? Immédiatement après la profession de foi.
- Où étaient-ils baptisés ? Là où l’on trouvait suffisamment d’eau pour le faire.
Ces conclusions semblent sans appel. […] Les 12 occurrences narratives de baptêmes du Nouveau Testament constituent donc un faisceau d’arguments solides en faveur du crédobaptisme. » (source)
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Pour une étude théologique, historique et confessionnelle approfondie sur ce thème, lire l’article Baptême biblique : pédobaptiste ou baptiste ? du prédicateur et professeur réformé baptiste suisse Jean-Marc Berthoud, initialement paru dans la revue Résister & Construire (N° 51) en 2002.
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Évolution historique des installations baptismales (schéma tiré de Frédéric Bühler, Le baptême : Aspects historique, archéologique et biblique, Centre de Recherche, d’Information et d’Entraide – CRIE, Mulhouse, 2002, p. 54-55) :
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Photographies de baptistères paléochrétiens attestant la pratique du baptême par immersion en Antiquité :
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Ce fichier ↑ peut être téléchargé directement ici.
Dossier iconographique plus étoffé sur le Baptistère des orthodoxes à Ravenne en Italie : Premier Millénaire | Neonian Baptistery
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Remarquez que l’article que vous citez sur le blog Par la foi ne s’oppose pas au baptême d’enfants. Au contraire, les sacrements comme paroles visibles des réformateurs constituent le cadre dans lequel leur pédobaptisme a un sens.
Sinon :
1) Les occurrences de baptême ne permettent pas de trancher, en effet selon la position réformée, ces textes sont tout à fait cohérents car les réformés baptisent aussi les nouveaux convertis après profession.
2) Non, le terme baptizo veut parfois dire mouiller (comme Nabucodonosor par la rosée du ciel dans les LXX), laver (comme les pharisiens qui se « baptisaient » les mains avant de manger), et les premières représentations de baptême dans les catacombes montrent des corps semi immergés qui reçoivent d’en haut une « douche », c’est ce que montrent aussi les deux dernières images du document que vous avez reproduit.
Cela conserve une double symbolique : celle de la nouvelle création tirée des eaux (comme la première) et celle de l’Esprit répandu d’en haut. Pensons aussi au verset en Hébreux qui parle de la doctrine des baptêmes là où il ne s’agit pas de « doctrine des immersions » mais des lavement et rituels aqueux !
Dans une version antérieure de l’article ci-dessus, je signalais cet article pour ce qu’il fait valoir sur le sacrement de la cène et non sur le sacrement du baptême.
{1} Au contraire, les occurrences narratives de baptêmes dans le N.T. nous permettent de trancher, car elles révèlent le modus operandi des apôtres : « ils crurent et ils furent baptisés » = profession de foi préalable au baptême. C’est un simple exercice de théologie systématique où « même l’ignorant peut arriver à une compréhension suffisante par l’usage des moyens ordinaires » (Confession de 1689, art. 1:7).
{2} Les clauses « il descendit dans l’eau » et « il sortit de l’eau » dans plusieurs descriptions de baptêmes dans le N.T. (Mt 3:16, Mc 1:10, Ac 8:38-39) prouvent très clairement qu’il s’agit de baptêmes par immersion. Jésus lui-même fut baptisé dans le Jourdain (Mc 1:9, Mt 3:13-15). De même, plein d’autres Judéens furent baptisés dans le Jourdain (Mc 1:5, Mt 3:5-6). De surcroît, Jn 3:23 précise explicitement qu’une abondance d’eau était un critère de l’administration du baptême à l’époque de Jésus : « Jean[-Baptiste] aussi baptisait à Enon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau, et l’on s’y rendait pour être baptisé. » Si ces baptêmes néotestamentaires consistaient en des baptêmes par effusion ou aspersion, il ne serait aucunement nécessaire de descendre dans l’eau – d’une rivière, d’un lac, etc. – puis d’en ressortir.
Ton appel au champ sémantique du mot grec « baptiser », (baptizo, βαπτίζω) dans la LXX n’est donc d’aucune pertinence (et est plutôt malhonnête), puisque même si ce mot peut signifier « laver » dans certains contextes, il est évident que dans les contextes des baptêmes dans le N.T., il ne peut signifier qu’« immerger », « plonger » ou « submerger ». Et en toute objectivité, l’aspersion pédobaptiste fait pâle figure comparé à une vraie douche ou même à un simple lavement des mains en bonne et due forme.
Idem pour ton appel au mot grec baptismos (βαπτισμῶν) en Hb 6:2. Les principales Bibles d’étude françaises sont partagées à savoir si le fait que ce mot y soit au pluriel renvoie aux ablutions vétérotestamentaires et/ou aux bains rituels de sectes judaïques et/ou aux bains préparatoires au baptême chrétien et/ou à une distinction entre le baptême de Jean et celui de Jésus (Bible d’étude de la foi réformée, p. 2391 ; NBS, p. 1614 ; S21archéo, p. 1376 & 1803 ; Semeur, p. 2042 ; Jérusalem, p. 1732). Supposons que ce mot baptismos réfère ici aux ablutions vétérotestamentaires, comme c’est le cas en Hb 9:10 (βαπτισμοῖς) et Mc 7:4 (βαπτισμοὺς). Cela validerait-il l’aspersion comme mode d’administration du sacrements baptismal chrétien ? Absolument pas, cela ne serait qu’un exemple supplémentaire d’un mot biblique ayant un large champ sémantique dont le sens précis doit être déterminé au cas-par-cas en fonction des circonstances textuelles où il est employé.
À vrai dire, le mot grec signifiant « asperger » ou « arroser » est plutôt rhantizo (ῥαντίζω), et ce mot n’est utilisé nulle part dans le N.T. pour désigner le baptême chrétien (voir ici ou sinon ici) !
Au bout du compte, le pédobaptisme « protestant » est un accident de l’histoire. La pratique précéda la théologie puis cette théologie fut élaborée après-coup pour justifier la pratique. C’est assez flagrant que les théologiens ayant concoctés le pédobaptisme « protestant » au XVIème siècle avaient pour but de maintenir le statu quo de la forme du baptême qui prévalait dans le catholicisme médiéval contemporain. Leur pratique est donc du papisme avec un vernis réformé. Si les anabaptistes n’avaient pas sur-réagis aux erreurs du catholicisme romain, et si les réformateurs magistériaux n’avaient pas sur-réagis aux erreurs de l’anabaptisme, cette contradiction qu’est le protestantisme pédobaptiste n’aurait jamais existé.
Concernant ton allégation sur la soi-disant représentations de baptêmes par aspersion dans les catacombes romaines, je vais me permettre de citer l’ouvrage Baptism in the Early Church des professeurs Hendrick Stander (directeur de grec au Département des langues anciennes de l’Université de Pretoria) et Johannes Louw (doyen de la Faculté des arts de l’Université de Pretoria) :
« Modem scholars often appeal to catacomb art to “prove” that sprinkling was the mode of baptism in the early church […] These scholars then draw attention to the [apparent] boyhood of the baptismal candidate, the affusion of the water and the fact that the water is merely ankle deep. […]
One of the serious mistakes which scholars make is that they do not always take into consideration the symbolic nature of early Christian art. Early Christian art was not a pictorial representation of the reality. It was never the intention of the artist to portray an actual scene, but rather to convey its notion or meaning. This very important aspect of early Christian art becomes clear when we look at how the early Christian artists portrayed popular biblical scenes. […]
Similarly in the depictions of baptismal scenes the artist is merely portraying all the persons and elements that were present at a baptismal ceremony, namely the one who baptizes, the one who is being baptized, the water and the dove. (The dove is a symbol of the Holy Spirit, which was conferred on
a believer at his baptism, according to some Church Fathers.) Thus these pictures do not in any respect bear testimony to the mode of baptism at the time of the artist, as is often claimed in modem works. If one insists on interpreting the water pouring over the baptismal candidate as evidence for sprinkling, one should likewise conclude that the early Christians administered baptism with water coming from the beak of a dove […]. This surely shows that it is incorrect to interpret early Christian art as an exact representation of the reality. […]
To interpret the baptismal scenes above as bearing testimony to the practice of sprinkling and of infant baptism in the church of the first four centuries, would go directly against all the explicit descriptions which we encountered in the writings of the Church Fathers and which we discussed in the previous chapters. […] It is important to realize that pictorial art should be examined in conjunction with explicit verbal descriptions in the related literature, before a painting or sculpture can be analyzed and appreciated. »
Référence : Hendrick Stander et Johannes Louw, Baptism in the Early Church, Reformation Today Trust, Leeds (Yorkshire de l’Ouest), 2004 (1988), p. 172-179.