
Monument en bronze (1873) de John Winthrop Sr devant la First Church of Boston
Voici un extrait traduit en français du célèbre Petit discours sur la liberté prononcé par John Winthrop Sr (1588-1649) le 3 juillet 1645 devant la Cour générale (Assemblée législative) de la Colonie de la Baie du Massachusetts en Nouvelle-Angleterre, suite à son acquittement à l’issue d’une procédure d’impeachment subséquente à son implications dans une élection de la milice locale :
« Il y a deux libertés, la naturelle (compte tenu, j’entends, de la corruption de notre nature), et la civile ou fédérale [= alliancielle]. La première est commune à l’homme est aux bêtes sauvages et autres créatures. Par elle, l’homme, en tant simplement qu’il est en rapport avec l’homme, a licence de faire ce qu’il lui plaît ; c’est une liberté capable de mal comme de bien. Il y a incompatibilité et contradiction logique entre l’autorité de cette liberté qui ne saurait souffrir la contrainte de l’autorité la plus juste. L’exercice et la défense de cette liberté poussent les hommes à devenir plus méchants, et bientôt pires que des bêtes féroces : onmes sumus licentia deteriores [trop de liberté nous abaisse]. Telle est cette grande ennemie de la vérité et de la justice, cette bête féroce que toutes les ordonnances divines dénoncent afin de l’entraver et de la soumettre.
L’autre genre de liberté, je l’appellerai civile ou fédérale [= alliancielle] ; elle mérite également le nom de morale, par référence au covenant [= alliance] entre Dieu et l’homme qui est inscrit dans la Loi morale et les covenants [= alliances] ou constitutions politiques que les hommes passent entre eux. Cette liberté est la fin propre de l’autorité et ne saurait subsister sans elle ; et c’est une liberté qui ne reconnaît que le bon, le juste et l’honnête. C’est cette liberté qu’il vous faut défendre, au péril si besoin et non seulement de vos biens, mais aussi de vos vies. Tout ce qui s’y oppose n’est pas autorité, mais maladie de celle-ci. Cette liberté est exercée par voie de sujétion à l’autorité ; c’est dans cette liberté que Christ nous a fait libres. »
Référence : John Winthrop, Petit discours sur la liberté, prononcé à Boston le 3 juillet 1645, cité dans Jean-Pierre Martin, Le puritanisme américain en Nouvelle-Angleterre (1620-1693), Presses universitaires de Bordeaux, Bordeaux (Gironde), 1989, p. 146 sur 261.
Compléments :
- La liberté chrétienne selon Martin Luther [Foi & Vie réformés]
- Autorité et pouvoir, une perspective biblique [Foi & Vie réformées]
- Présentation du “Forefathers Monument” à New Plymouth [Le Monarchomaque]
- Le juste droit des puritains du Massachusetts colonial [Le Monarchomaque]
- Christian Liberty and Liberty of Conscience [Reformed Online]
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