Article mis à jour le 23 août 2022.
Nous sommes le soir du 24 août 1572. La haute-noblesse du Royaume de France est alors assemblée à Paris pour célébrer le mariage d’Henri de Navarre (1553-1610) avec la princesse Marguerite de Valois (1553-1615) qui vient d’avoir lieu une semaine plus tôt, le 18 août. Cette union nuptiale entre un chef du parti protestant français et une représentante de la majorité catholique romaine du pays est censé réconcilier cette nation divisée qui vient d’être déchirée par dix années de guerres civiles d’origine religieuse.
Ce soir-là, le Duc de Lorraine, Henri de Guise le Balafré (1550-1588) – un opportuniste hissé à la tête du parti catholique – et la Reine-Mère, Catherine de Médicis (1519-1589), poussent l’incapable Roi de France, Charles IX de Valois (1550-1574), à ordonner l’assassinat d’une cinquantaine de gentilshommes calvinistes toujours rassemblés dans la capitale. Leur but est de décapiter politiquement et militairement la Réformation protestante en France et ainsi d’y mettre fin.
Toutefois, cette purge « chirurgicale » dégénère immédiatement. Au cours de cette nuit de la Saint-Barthélemy, la populace papiste parisienne, fanatisée par le clergé de la Contre-Réforme catholique, transforme cette décapitation politique en hécatombe nationale en prenant l’initiative de massacrer tous les réformés sur lesquels elle peut mettre la main. Tous les huguenots présents dans la ville qui refusent d’abjurer la foi réformée sur-le-champ sont violemment mis à mort, à l’exception d’une poignée de survivants qui réussit à se cacher puis à s’échapper.
Ce massacre parisien inaugure une véritable « saison des Saint-Barthélemy », la tuerie systématique des huguenots étant massivement reproduite durant la fin de l’été puis l’automne dans beaucoup de cités et bourgades du royaume. Ainsi, ce génocide est répété à Orléans et Meaux le 25 août, à Bourges et La Charité-sur-Loire (Nièvre) le 26 août, à Troyes le 27 août, à Saumur et Angers les 28-29 août, à Lyon le 31 août, encore à Troyes le 4 septembre, encore à Bourges le 11 septembre, à Rouen le 17 septembre, à Bordeaux le 3 octobre, à Toulouse le 4 octobre, à Gaillac (Tarn) le 5 octobre, à Albi le 6 octobre, etc. « Cette “saison des Saint-Barthélemy” tue dix ou vingt fois plus que celle commise à Paris », explique Jean-Joël Brégeon. Le bilan final se dresse à environ 30 000 victimes au total selon des estimations modérées.
Voici cette tragédie douloureuse telle que mise au cinéma dans le film La Reine Margot (1994) :
La Saint-Barthélemy de 1572 a aussi été mise en scène de façon similaire dans le film Henri IV (2010).
Extrait # 1 (à partir de 05:50 ; j’avertis : scène impudique dans les minutes qui précèdent) :
Extrait # 2 (jusqu’à 06:00) :
Parmi les milliers de victimes de cette boucherie démoniaque, la première, la plus célèbre, et sans doute aussi la plus illustre, fut Gaspard de Coligny (1519-1572), Seigneur de Châtillon (Loiret), Colonel-Général de l’Infanterie, Gouverneur de Picardie et Amiral de France. Voici le monument érigé en son l’honneur près du Temple réformé de l’Oratoire du Louvre à Paris :
La maxime de Coligny était « Gloire de Dieu et Bien Public ». En 1925, le recteur de l’Église franco-protestante de New York (et fondateur de la Huguenot Society of America), Alfred Wittmeyer, prononça la prédication L’Amiral Coligny – Martyr Huguenot pour honorer la mémoire de ce héros & martyr de la cause réformée en Europe.
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